L’Ukraine revendique des « succès » près de Bakhmout

Kiev dit préparer depuis des mois une vaste contre-offensive contre les forces russes. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / UKRAINIAN ARMED FORCES
L'Ukraine a affirmé lundi qu'elle gagne du terrain aux abords de la ville ravagée de Bakhmout, dans l'est, mais a relativisé l'ampleur des « actions offensives » menées ailleurs sur le front, la Russie affirmant au contraire qu'elle repousse des attaques d'envergure.
Ces opérations ont lieu à un moment où les autorités ukrainiennes disent préparer depuis des mois une vaste contre-offensive destinée à obliger les troupes russes à se retirer des zones qu'elles occupent.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié ses troupes pour les gains territoriaux qu'elles ont revendiqués, ironisant sur la réaction hystérique
de Moscou.
Nous voyons à quel point la Russie réagit de manière hystérique à toutes les avancées que nous faisons dans ce secteur, à toutes les positions que nous prenons. L'ennemi sait que l'Ukraine va gagner
, a déclaré M. Zelensky dans un message vidéo.

Cette photo fournie par les forces ukrainiennes montre une opération menée contre les troupes russes en direction de Bakhmout, près de Klichtchiïvka, dans la région de Donetsk.
Photo : Reuters / 3RD ASSAULT BRIGADE / UKRAINIAN
Le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak avait auparavant ironisé sur Twitter à propos du fait que la Russie est occupée à repousser une offensive globale qui n'existe pas encore
.
Pourquoi les Russes publient-ils activement des informations à propos d'une contre-offensive? Parce qu'ils ont besoin de détourner l'attention [au sujet de] la défaite dans la direction de Bakhmout
, a lancé la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, sur Telegram.
Elle a aussi fait état, sans plus de précisions, de combats mineurs
dans le sud, où les forces russes sont sur la défensive
.
Interrogé par la presse sur les chances de succès de la contre-offensive ukrainienne lundi à la Maison-Blanche, le président américain Joe Biden a répondu en croisant les doigts.

Le ministère russe de la Défense a quant à lui affirmé avoir contré depuis la matinée du 4 juin des attaques sur cinq secteurs du front dans la direction sud de la région de Donetsk
, située dans l'est. Il a dit que ses forces avaient tué plus de 1500 militaires ukrainiens
et détruit 28 chars
.
Une affirmation tournée en dérision par le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, coutumier des critiques virulentes envers l'état-major.
Il ne s'agit que d'élucubrations
, a commenté M. Prigojine dans un message sur Telegram. Tuer 1500 soldats en une journée est un sacré massacre
, a-t-il ironisé en se moquant du porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov. En fait, pourquoi ne pas additionner tous les chiffres donnés par Konachenkov. Je pense que nous avons déjà détruit l'ensemble de la planète Terre à cinq reprises
, a-t-il raillé.
De nouvelles tentatives de percer les défenses russes
ont aussi eu lieu lundi après-midi près de la localité de Novodonetské, dans les environs de Vougledar, un point chaud récurrent du front dans le sud de la région de Donetsk.
L'ennemi n'a pas atteint ses objectifs
, s'est félicité le ministère russe, qui a diffusé des images de destructions de blindés.
Attaques sur Kiev
Dans la nuit de lundi à mardi, une nouvelle attaque aérienne a visé Kiev, possiblement au moyen de missiles de croisière
, a rapporté l'administration civile et militaire de la capitale ukrainienne.
Selon de premières informations, plus de 20 cibles aériennes ennemies ont été détectées et détruites
par la défense aérienne ukrainienne.
Aucune victime n'a été recensée mais une chute de débris dans le district de Desnyansky, a endommagé la chaussée, des lignes électriques de trolleybus et des vitrines de magasins, a indiqué l'administration locale.
Une honte
Selon Kiev, le secteur de Bakhmout, qui est le théâtre de la bataille la plus longue et la plus meurtrière du conflit et dont Moscou a revendiqué la prise en mai, reste l'épicentre des hostilités
.
Mme Maliar a affirmé que les forces ukrainiennes avancent en périphérie de cette cité sur un front assez large
: Nous remportons des succès et occupons les hauteurs dominantes.
Selon elle, les troupes ukrainiennes ont avancé de plusieurs centaines de mètres sur ce secteur du front.
Cette progression ukrainienne a été confirmée par le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evgueni Prigojine, selon lequel une partie de la localité de Berkhivka est déjà perdue
, une honte
.
Experts et militaires russes s'attendent à ce que Kiev multiplie les attaques sur les lignes ennemies pour y déceler des faiblesses avant de lancer le gros des troupes.

La ville de Vovtchansk, dans la région de Kharkiv sous les bombardements.
Photo : Reuters / VIACHESLAV RATYNSKYI
En septembre 2022, l'armée ukrainienne avait préparé en secret un assaut qui avait abouti à la reconquête de la quasi-totalité de la région de Kharkiv, dans le nord-est.
Lundi, l'envoyé du pape François pour la paix, le cardinal italien Matteo Zuppi, s'est rendu à Kiev pour discuter avec les autorités ukrainiennes des voies de résolution de la guerre avec la Russie et des besoins humanitaires.
Il a visité Boutcha, une ville près de Kiev devenue un symbole des atrocités commises par les Russes.
Des prisonniers russes
En Russie, depuis deux semaines, les incursions et les bombardements se multiplient dans la région de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, revendiqués par des combattants qui se présentent comme étant des Russes qui luttent aux côtés des Ukrainiens.
Les frappes y ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés parmi les civils.
Dans la dernière opération en date, dimanche, un de ces groupes baptisé Légion "Liberté de la Russie"
a fait des prisonniers qui doivent être remis à Kiev. Une douzaine de détenus, dont deux blessés, sont visibles dans une vidéo.
C'est la première fois que des Russes sont capturés sur le territoire russe.
Le ministère russe de la Défense n'a fait aucun commentaire, affirmant seulement avoir repoussé une nouvelle incursion dimanche.
Les combats se sont concentrés ces derniers jours autour de Novaïa Tavoljanka et Chebekino, près de la frontière, forçant des milliers de civils à fuir vers Belgorod, la capitale régionale.
On est dans un état terrible. Mais on tient, on essaye d'être forts, parce qu'on a des enfants
, a dit à l'AFP Irina Bourlakova, une personne déplacée.
Dans la nuit de dimanche à lundi, la région de Belgorod a de nouveau été la cible de frappes et d'une attaque de drones, selon M. Gladkov.
Que se passse-t-il exactement dans la région de Belgorod en ce moment? C'est simple : c'est un effet boomerang
, a écrit sur Twitter Mykhaïlo Podoliak en répétant que l'Ukraine n'était pas impliquée dans ces attaques
.