Les États-Unis et l’Inde s’accordent sur un plan de coopération dans la défense

Le ministre indien de la Défense Rajnath Singh serre la main de Lloyd Austin avant une réception au Manekshaw Centre, à New Delhi.
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Les États-Unis et l'Inde sont convenus lundi d'une feuille de route de coopération militaro-industrielle, au moment où New Delhi cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de l'armement russe et dans un contexte de tensions avec Pékin.
Nous avons établi une nouvelle feuille de route ambitieuse de coopération industrielle dans le domaine de la défense, qui permettra d'accélérer les projets prioritaires de codéveloppement et de coproduction
, a déclaré Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, à l'issue de sa visite dans la capitale indienne dans le cadre d'une tournée en Asie.
New Delhi et Moscou sont des alliés depuis des décennies, la Russie étant de loin le principal fournisseur d'armes de l'Inde.
Aujourd'hui, l'Inde, qui n'a jamais condamné la Russie pour son invasion de l'Ukraine, cherche à mettre fin à cette dépendance dans le domaine militaire, à la fois en élargissant ses sources d'importation d'armes et en augmentant sa production nationale.
Les technologies au cœur des discussions
Des pays occidentaux, dont les États-Unis et la France, négocient des accords s'élevant à plusieurs milliards de dollars et des diplomates affirment que l'Inde attache une grande importance au transfert de technologies dans le cadre de tout accord.
Celui avec Washington permettra ainsi d'accélérer la coopération technologique et la coproduction, en particulier dans les systèmes de combat aérien et de mobilité terrestre, le domaine sous-marin
et le renseignement, la surveillance et la reconnaissance, selon le département américain de la Défense.

Rajnath Singh et Lloyd Austin s'étaient rencontrés en avril dernier à Arlington, en Virginie.
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Cette initiative vise à changer le paradigme de la coopération des secteurs de la défense américain et indien
, a-t-il ajouté, et pourrait permettre à l'Inde d'accéder à des technologies de pointe et de soutenir les plans de modernisation de la défense indienne
.
Le ministère indien de la Défense a précisé que les discussions étaient en particulier axées sur l'identification des moyens de renforcer la coopération industrielle
avec Washington, notamment le codéveloppement de nouvelles technologies et la coproduction de systèmes existants et nouveaux
.
Une stratégie pour provoquer la Chine
La coopération accrue de l'Inde avec les pays occidentaux en matière de sécurité et ses vieux liens de défense avec la Russie, d'où elle importe du pétrole, ont placé New Delhi dans une posture diplomatique délicate.
L'Inde cherche à développer des liens plus étroits avec en particulier les États-Unis, le Japon et l'Australie, membres du Quad, qui eux-mêmes la courtisent face à la Chine.
Washington et Pékin se livrent une concurrence féroce sur les plans diplomatique, militaire, technologique et économique, tandis que les relations entre la Chine et l'Inde sont marquées par des tensions territoriales et commerciales.

Washington n'a pas caché son désir d'intimider la Chine par cette collaboration avec l'Inde.
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Lloyd Austin, s'adressant aux journalistes après avoir rencontré son homologue indien Rajnath Singh, a déclaré que le renforcement des partenariats avec New Delhi s'inscrivait dans un contexte d'intimidations
et de coercition
de la part de la Chine, avec en toile de fond l'agression de l'Ukraine
par la Russie.
La visite en Inde de Lloyd Austin précède un voyage du premier ministre indien Narendra Modi à Washington en juin.