La réplique d’un tramway d’Ottawa en péril après une décision de la Ville

Cette photo du tramway 696, qui se trouve au garage Merivale d'OC Transpo, a été prise en 2020, un mois seulement avant la pandémie de COVID-19, qui a entravé l'avancement du projet de restauration.
Photo : Gracieuseté Gerald Gaugl
Des passionnés du patrimoine qui travaillent depuis plus de vingt ans à redonner vie à une relique d'un tramway d'Ottawa d’autrefois affirment que le projet est maintenant en péril en raison de la volonté d'OC Transpo de récupérer de l'espace dans son garage.
Coordonnateur du projet de restauration du tramway 696, un projet de longue haleine qui porte le nom du dernier tramway de la série 600 qui a desservi Ottawa entre 1915 et 1959, Rhéaume Laplante est déçu.
J'ai l'impression d'avoir été trahi et abandonné
, a-t-il dit.
En cause, la décision d’OC Transpo qui a informé son groupe, en avril, que la réplique devait être déplacée du garage de Merivale aux frais du groupe, d'ici le 30 juin.
[La restauration du tramway], c'est un projet d'OC Transpo. Ce n'est pas mon projet
, a rappelé M. Laplante. J'y ai collaboré par bonne volonté.

Rhéaume Laplante, le coordonnateur du projet de restauration du tramway 696, est un retraité d'OC Transpo.
Photo : Radio-Canada / Giacomo Panico
La nouvelle de ce déménagement, a-t-il ajouté, est tombée un an seulement après que le projet ait été publiquement salué par l'ancien maire Jim Watson et le précédent conseil municipal.
Le tramway 696 avait été placé dans un musée ferroviaire au Québec, où il s’était détérioré sous une bâche, avant d’avoir été rapatrié à Ottawa. En 2000, M. Laplante et d'autres bénévoles ont commencé à construire une réplique, en utilisant principalement des pièces nouvellement fabriquées.

Larry McNally, secrétaire-trésorier du groupe de restauration, a fourni cette autre vue de la réplique, prise en 2020. Nous sommes à quelques mois de terminer la reconstruction de la carrosserie", a-t-il déclaré dimanche.
Photo : Gracieuseté Gerald Gaugl
Leur objectif était d'exposer le tramway de 15 mètres de long au parc Lansdowne.
Cela représente beaucoup pour moi
, a raconté M. Laplante, qui est également retraité d'OC Transpo. Mon père avait l'habitude de monter à bord de ces tramways. Il en parlait tout le temps [...]. Cela me rappelle de bons souvenirs.
Larry McNally, secrétaire-trésorier du groupe, est tout aussi dépité.
Nous sommes à quelques mois de terminer la reconstruction de la carrosserie. Maintenant, tout le projet est en suspens
, a-t-il regretté par courriel.
OC Transpo justifie sa décision
OC Transpo a soutenu le projet pendant de nombreuses années en acceptant d'entreposer gratuitement la réplique et en permettant au groupe d'utiliser les outils et les services de la Ville, explique la Municipalité dans une réponse écrite.
Cependant, en raison de besoins opérationnels, y compris de rénovations dans le cadre de la transition en cours vers des bus à zéro émission, OC Transpo n'est plus en mesure de donner de l'espace pour accueillir ce projet
, a justifié Robert Lafontaine, directeur du programme d’entretien des installations de transport de la Ville, dans son courriel.
La Ville étudie la possibilité de trouver un autre lieu temporaire, le temps que le groupe lui trouve un nouvel emplacement permanent, a ajouté M. Lafontaine.
La Ville est à court d'options
Dans un courriel que M. Laplante a reçu samedi du bureau du maire Mark Sutcliffe, on indique que ce besoin d'espace est légitime
, sachant que la Ville a accepté d'héberger le tramway pendant neuf ans.
D'autres emplacements ont été étudiés, est-il expliqué dans le courriel que M. Laplante a transmis à CBC News.

L'hôtel de ville d'Ottawa
Photo : Radio-Canada / Jean Delisle
Mais aucune des options proposées ne permettrait de travailler sur le tramway.
Je ne crois pas que ce soit logique pour la Ville de déplacer le tramway d'un endroit à un autre endroit si cela ne permet pas aux bénévoles de continuer à restaurer le tramway
, peut-on lire dans le courriel du bureau du maire.
Tout en offrant son aide pour le déménagement, la mairie a vivement encouragé le groupe à rechercher des options auprès de particuliers.
Je suis désolé de ne pas avoir pu trouver une solution plus favorable pour vous et votre équipe de bénévoles dévoués
, conclut le courriel. Nous apprécions votre dévouement pour ce projet, mais la Ville n'a tout simplement plus d'options pour continuer à soutenir la restauration
.

Le trésorier du groupe de défense des usagers du transport, Transport Action Canada, David Jeanes
Photo : Radio-Canada / Guy Quenneville
Trésorier du groupe de défense des usagers du transport, Transport Action Canada, David Jeanes, espère que la question immobilière
pourra être résolue.
Le fait qu'OC Transpo veuille utiliser [le garage] à d'autres fins n'enlève rien à l'importante valeur patrimoniale [de cette réplique] pour la Ville d'Ottawa et OC Transpo
, a réagi M. Jeanes, dont le groupe soutient le projet de restauration, y compris financièrement.
Les gens oublient souvent qu'Ottawa était autrefois une ville industrielle. Cela représente également notre histoire en matière de transport... et les bénévoles ont répondu à un appel formulé par OC Transpo.
Un obstacle parmi d’autres
M. Laplante affirme qu'il n'est pas disposé à déplacer le tramway, malgré la demande de la Ville. Il ajoute qu'il n'est pas non plus question de travailler sur le projet à l'extérieur.
Selon lui, cette expulsion imminente n'est que le dernier revers en date dans l'avancement de ce projet de restauration au cours des dernières années.
En 2019, la tornade a endommagé le tramway. Puis, c’est la pandémie de COVID-19 qui a touché le projet.
Les bénévoles qui travaillent sur cette initiative sont pour la plupart à la retraite, a ajouté M. Laplante. Quatre d'entre eux sont décédés depuis le début du projet.
J'ai la chance de pouvoir garder ceux que j'ai déjà
, a-t-il déclaré.
Avec les informations de Guy Quenneville de CBC News