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Le président de la COP28 attendu au tournant à une conférence sur le climat de l’ONU

Sultan Ahmed al-Jaber en costume-cravate.

Sultan Ahmed al-Jaber a dirigé la délégation de son pays à la COP27 en Égypte.

Photo : Reuters / Fabian Bimmer

Agence France-Presse

Des négociations sur le climat sous l'égide de l'ONU s'ouvrent lundi en Allemagne, avec tous les yeux tournés vers le président émirati de la prochaine COP à Dubaï, Sultan al-Jaber, dont des ONG, experts et élus attendent qu'il prouve son indépendance vis-à-vis des énergies fossiles.

Le choix, par les Émirats arabes unis pour présider la COP28, de Sultan al-Jaber, patron du géant pétrolier émirati ADNOC, a suscité de vives critiques chez les défenseurs de l'environnement et certains responsables politiques. Dernièrement, une centaine d'élus du Congrès américain et du Parlement européen ont appelé à son retrait.

Interrogé par l'AFP en avril, M. al-Jaber s'était défendu en rappelant qu'il était aussi le fondateur de Masdar, société nationale émiratie spécialisée dans les énergies renouvelables. Les négociateurs américain et européen sur le climat, John Kerry et Frans Timmermans, ont défendu sa nomination. M. Kerry a rencontré ce week-end à Abou Dhabi des responsables émiratis, dont M. al-Jaber.

Si les décisions prises pendant les COP relèvent des États, les présidences des COP ont un rôle de coordination et de gestion des négociations.

Le chef d'ADNOC a insisté dernièrement sur l'importance des énergies fossiles pour l'économie mondiale. Plutôt que d'appeler à une sortie du pétrole et du gaz, comme de nombreux négociateurs le souhaiteraient, il a préféré parler d'éliminer les émissions des énergies fossiles, ouvrant la voie à leur continuation, avec diverses techniques encore embryonnaires pour en capter les rejets.

Cette présidence doit montrer rapidement quelle est son ambition. Accélérer dans les renouvelables en fait partie, mais cela ne suffira pas pour cette COP, estime Laurence Tubiana, architecte de l'Accord de Paris de 2015 et présidente de la Fondation européenne du climat. Il est maintenant plus que jamais critique de reconnaître aussi que l'ère des fossiles se termine.

Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne du climat et ancienne négociatrice en chef de la France à la COP21.

Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne du climat et ancienne négociatrice en chef de la France à la COP21. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Etienne Leblanc

Une première tentative

La conférence de Bonn sur les changements climatiques, organisée chaque année pour préparer la prochaine COP, sera l'occasion pour le président de la COP28 de s'adresser à ceux qui doutent de lui.

La conférence de15 jours doit aussi permettre des avancées techniques sur des dossiers comme le financement concret des pertes et dommages ou sur les 100 milliards de dollars annuels promis aux pays pauvres pour s'adapter aux changements climatiques et effectuer leur transition énergétique.

Les observateurs espèrent aussi des informations sur le prochain bilan mondial, attendu en septembre, qui quantifiera les efforts des pays à la suite de l'Accord de Paris.

Ce dernier ambitionne de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter l'augmentation de la température à 1,5 °C, ce qui paraît de plus en plus difficile.

Mais il laisse les pays fixer leurs propres objectifs pour y parvenir.

Les énergies fossiles sont certainement le principal coupable, dit à l'AFP Samuelu Laloniu, émissaire des Tuvalu, qui comme d'autres petits États insulaires menacés de submersion est déterminé à s'attaquer au pétrole, au gaz et au charbon.

Les Tuvalu et le Vanuatu réclament ainsi l'adoption d'un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.

Une pompe extrait le pétrole et le gaz d'un puits alors qu'un arc-en-ciel l'illumine près de Calgary, en Alberta, le dimanche 28 mai 2023.

Les pays industrialisés du G7 se sont engagés à accélérer leur sortie des énergies fossiles, mais sans fixer de nouvelle échéance.

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Des engagements… mais rien de forcé

Les pays industrialisés du G7 se sont pour leur part engagés récemment à accélérer leur sortie des énergies fossiles, mais sans fixer de nouvelle échéance et seulement pour celles qui ne sont pas assorties de dispositifs de capture et de stockage du CO2, des techniques loin d'être disponibles à grande échelle, mais vantées par les pays pétrogaziers.

Les appels de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) à accélérer l'investissement dans les énergies renouvelables sont en revanche bien reçus par de nombreux gouvernements. Sultan al-Jaber lui-même a appelé à tripler la capacité des renouvelables d'ici 2030, lors d'un discours début mai en Allemagne.

Poussé par les crises énergétique et climatique, l'investissement dans les technologies décarbonées (renouvelables, mais aussi nucléaire, batteries, etc.) devrait atteindre 1700 milliards de dollars en 2023, selon l'AIE. Mais environ 1000 milliards iront encore aux pétrole, gaz et charbon.

Les Émirats, importants producteurs de pétrole, vantent leurs investissements dans les renouvelables.

Si le pays cesse à terme d'utiliser pour lui-même son pétrole, cela ne signifie pas pour autant qu'il renoncera à produire pour l'exporter, souligne Karim El Gendy, de l'institut de réflexion Chatham House.

Selon lui, les Émirats peuvent être enclins à répéter, par exemple, que le monde aura besoin de pétrole simplement parce qu'ils ont besoin de conserver des clients.

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