COVID longue : « Parfois, je sens que mes yeux vont être poussés en dehors de ma tête »

Environ 15 % des adultes ayant contracté la COVID-19 souffrent ou ont souffert de la COVID longue, selon Statistique Canada. (Photo d'archives)
Photo : Shutterstock / poramesstock
Des patients peinent à trouver le soutien et les ressources nécessaires pour soulager leurs symptômes de la COVID longue. Un état peu connu, alors qu’entre 10 à 20 % des adultes ayant contracté la COVID-19 souffrent ou ont souffert de la COVID longue, selon Statistique Canada,
Deux ans après avoir contracté la COVID-19 en février 2021, Denise Morneau, une résidente de Windsor, en Ontario, n’a toujours pas retrouvé les sens du goût et de l’odorat, et d'importants maux de tête la font toujours souffrir.
Parfois, je sens que mes yeux vont être poussés en dehors de ma tête.
La femme de 81 ans explique que son médecin l'a envoyée voir plusieurs autres spécialistes, mais qu’aucun d'entre eux n'a été en mesure de l'aider.
Les trois médecins spécialistes que j'ai eus m'ont tous dit la même chose : "Je ne sais pas quoi faire; tu as la COVID longue."
Malgré la perte du goût, Mme Morneau continue de cuisiner, mais elle confie être frustrée de ne pas pouvoir en profiter davantage. Je ne suis jamais satisfaite, c'est ça qui est le pire
, regrette-t-elle.
Chaque jour, je fais le café et je me dis : "OK, je vais y goûter aujourd'hui", puis ça n'arrive pas. Mais je sais que ça va arriver
, espère Mme Morneau.
Isaac Robitaille, qui vit à Sudbury, continue lui aussi de ressentir de nombreux symptômes de la COVID-19, un an et demi après avoir contracté le virus, en octobre 2022.
L'Ontarien de 24 ans dit ressentir par intermittence de nombreux symptômes comme des maux de tête, des étourdissements, de la douleur musculaire, de la fatigue, une perte d’équilibre, de la toux et de la difficulté à respirer.
Il y a eu environ un 15 minutes très effrayant [...] où j'ai eu peur que mes poumons soient en train de s'effondrer.
M. Robitaille, qui n'a pas de médecin de famille, s’est rendu à quatre reprises dans une clinique sans rendez-vous, où il a reçu de nombreux conseils contradictoires de la part des médecins, explique-t-il.
Je n'ai jamais été capable d'obtenir un diagnostic officiel de COVID longue
, poursuit le jeune homme.
La réponse la plus franche que j'ai reçue, c'est une docteure qui m'a dit : "Franchement, à Sudbury, on n'a pas l'infrastructure pour gérer la COVID longue."
Démuni face à la situation, M. Robitaille envisage maintenant de déménager à Toronto pour tenter de trouver des soins appropriés.
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La COVID longue et la science

Selon la médecin Falcone, les recherches suggèrent que la vaccination avant d'attraper la COVID a un effet protecteur, et diminue les chances de développer la COVID longue.
Photo : Radio-Canada / Laurence Niosi
Pour sa part, la directrice de la Clinique de recherche post-COVID-19 de l'Institut de recherches cliniques de Montréal, Émilia Liana Falcone, pense que la maladie est liée à une dérégulation du système immunitaire et à une persistance de particules virales
qui pourraient, selon elle, contribuer à une inflammation soutenue
.
On pense aussi qu’il pourrait y avoir de l’auto-immunité, une implication du microbiote. [...] On sait qu’il y a une perturbation de microbiote intestinal
, poursuit la chercheuse.
Émilia Liana Falcone espère que les nouvelles études et avancées scientifiques permettront de trouver des traitements appropriés pour les personnes souffrant de la COVID-longue.
Avec les informations de Gabrielle Sabourin