Des défenseurs du patrimoine s’inquiètent de l’avenir d’une église de Maniwaki

Des défenseurs du patrimoine de l’Outaouais craignent pour la survie d’une église de Maniwaki et dénoncent le manque d’intérêt du conseil municipal pour assurer la préservation des bâtiments historiques religieux.
Photo : Radio-Canada / Camille Kasisi-Monet
Des défenseurs du patrimoine de l’Outaouais craignent pour la survie d’une église de Maniwaki et dénoncent le manque d’intérêt du conseil municipal pour assurer la préservation des bâtiments historiques.
Une résolution proposée au début du mois de mai au conseil municipal de Maniwaki pourrait faire en sorte qu’aucun autre bâtiment du patrimoine religieux ne pourrait être cité sur le territoire de la Municipalité.
C’est une grande déception
, déplore le président de l’assemblée de la Fabrique de la paroisse L'Assomption-de-Marie, Ward O’Connor.
Cette résolution fait suite à une demande formulée l’an dernier, qui visait à faire reconnaître l’importance patrimoniale de l’église L’Assomption-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie, qui a été construite en 1868.
C’est l'un des plus vieux bâtiments historiques patrimoniaux de Maniwaki qui est encore en très bon état
, soutient M. O’Connor.
Ce dernier avait sollicité plusieurs rencontres avec la Municipalité, mais outre quelques échanges par courriel, il n’a jamais eu l’occasion de faire valoir son point de vue en personne ou par téléphone. Ce n’est que le mois dernier qu’on lui a transmis le texte de la résolution.

Ward O’Connor, président de l’assemblée de la Fabrique de la paroisse L'Assomption-de-Marie à Maniwaki.
Photo : Radio-Canada
Radio-Canada n’a pas été en mesure de déterminer si la résolution avait bel et bien été adoptée, puisque plusieurs informations contraires subsistent à cet effet.
M. O’Connor affirme qu’elle doit encore faire l’objet d’un vote, lundi, lors de la séance du conseil municipal. Or, dans le document dont nous avons eu copie, on peut lire le mot adoptée
en lettres majuscules, suivi de la signature de la de greffière de la Municipalité.
Autre information contradictoire : la mairesse de Maniwaki, Francine Fortin, a quant à elle affirmé au journal L’info de la Vallée, dans un article paru la semaine dernière, que la résolution n’avait pas été adoptée et qu’il était toujours possible de la modifier tant que ce ne serait pas le cas.
Mme Fortin ainsi que la directrice générale Karine Alie Gagnon n’ont pas donné suite aux multiples demandes d’entrevue de Radio-Canada, formulées au cours des dernières semaines.
L’équipe du ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, indique pour sa part qu’il a rencontré Mme Fortin, afin d'éclaircir les rôles et les responsabilités des municipalités en ce qui a trait au patrimoine. Il a aussi offert d’épauler Maniwaki dans ce dossier.
Des travaux importants
Selon M. O’Connor, une citation patrimoniale aurait permis de rembourser jusqu’à 70 % des travaux de maçonnerie et de fenestration, qu’il estime s’élever à quelques centaines de milliers de dollars. Mais la Fabrique ne sera pas en mesure de toucher des subventions gouvernementales si les élus de Maniwaki adoptent cette résolution.
Je crois qu’ils [la Municipalité] sont mal informés, avance-t-il. Ils ont la crainte que si l’église venait à fermer un jour, elle tomberait sous leur responsabilité financière. Mais c’est complètement faux.
Ward O’Connor affirme qu’une citation patrimoniale n’engagerait en rien la Municipalité.
C’est la Fabrique qui va s’occuper d’aller chercher les fonds et faire des demandes de subvention
, poursuit-il.

Les travaux d'entretien de l’église l’Assomption-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie de Maniwaki pourraient coûter des centaines de milliers de dollars.
Photo : Radio-Canada / Camille Kasisi-Monet
Du jamais vu
Ça fait 26 ans que je suis président de la Société historique de l’Outaouais et c'est la première fois que je vois une résolution de ce genre
, s’étonne quant à lui Michel Prévost.
[La Municipalité] dit officiellement qu’elle ne voit que des désavantages à protéger son patrimoine pour les générations à venir.
M. Prévost se demande d'ailleurs pourquoi les élus de Maniwaki ne préfèrent pas étudier les demandes de citation individuellement.
On comprend très bien que la Municipalité de Maniwaki ne peut pas accepter toutes les demandes de citation qu’elle reçoit. Mais entre rejeter une demande et annoncer qu’à l’avenir, elle va refuser toute demande, il y a une marge qui est très incompréhensible.

Le conseil municipal de Maniwaki pourrait adopter la résolution lundi soir.
Photo : Radio-Canada / Camille Kasisi-Monet
Il croit d’ailleurs que les élus saisissent mal la définition de patrimoine religieux, qui englobe aussi des lieux comme des couvents, des presbytères et des croix de chemin.
M. Prévost et M. O’Connor gardent espoir que la Municipalité fera marche arrière et rejettera la résolution. M. O’Connor compte d’ailleurs se présenter à la séance du conseil municipal de Maniwaki, lundi, afin de faire part de son désaccord.
Je ne lâcherai pas tant que je n’aurai pas la possibilité de les rencontrer
, insiste-t-il.
Avec les informations de Camille Kasisi-Monet et Carole O’Brien