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Les feux et autres phénomènes météo extrêmes font grimper le coût de l’assurance

Image d'une camionnette devant un énorme feu de forêt dans les environs de Fort McMurray, en Alberta, en 2016.

Des événements extrêmes comme le feu de forêt qui a dévasté Fort McMurray, en 2016, font exploser les coûts de l'assurance. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Mark Blinch

La Presse canadienne

Les incendies de forêt qui affligent les résidents de l'Alberta et de la Nouvelle-Écosse font partie d'une tendance plus large qui fait grimper le coût de l'assurance habitation à mesure que les conditions météorologiques extrêmes deviennent plus courantes, observent des experts en assurance.

Les primes au Canada augmentent depuis un certain temps déjà, souligne Marcos Alvarez, responsable mondial des assurances chez DBRS Morningstar.

Après de grands événements comme les incendies de forêt qui dominent les manchettes au Canada, les clients de ces zones géographiques pourraient voir leurs polices réévaluées, estime-t-il. Ces assurés pourraient également voir leurs assureurs s'impliquer davantage, selon lui. Lorsque vous subissez des pertes de cette ampleur, vous pouvez réévaluer votre approche au sujet des prix des polices.

Au fil du temps, ces changements au niveau local contribueront à la tendance plus large, croit-il.

L’Alberta, province où les prix s’enflamment

Dans un rapport publié en juillet 2022, Ratesdotca indiquait que les primes d'assurance habitation en Ontario avaient augmenté d'environ 10 % en moins d'un an, l'incidence croissante des phénomènes météorologiques violents étant l'un des nombreux facteurs contribuant à l'augmentation des coûts pour les propriétaires, en particulier ceux des communautés moins populeuses.

Un rapport similaire publié un an plus tôt avait révélé que la croissance des primes d'assurance habitation dépassait largement l'inflation.

Des ouvriers placent des marqueurs dans le quartier Timberlea de Fort McMurray, dévasté par le feu, le jeudi 2 juin 2016.

En 2016, le feu de forêt de Fort McMurray a ravagé plusieurs quartiers de la ville du nord de l’Alberta. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Jason Franson

En Alberta, par exemple, les primes moyennes d'assurance habitation ont augmenté de 140 % sur 10 ans pour atteindre 1779 $ par année au début de 2021. En Ontario, la prime annuelle moyenne a connu une hausse de 64 %, pour s’établir à 1284 $.

Les pertes plus importantes sont le principal contributeur à l'augmentation des primes, que ces pertes soient dues à des catastrophes naturelles, à l'inflation ou à d'autres coûts en hausse, a expliqué Daniel Ivans, expert en assurance chez Ratesdotca. Lorsque vous avez une perte, cela coûte plus cher que jamais, affirme-t-il.

Selon le rapport annuel du Bureau d'assurance du Canada (BAC), l’année 2022, durant laquelle les intempéries ont causé 3,1 milliards de dollars de dommages assurés, est la troisième pire année de l'histoire du Canada. L'incendie de Fort McMurray a placé 2016 au premier rang de ce classement, avec près de 6 milliards de dollars de dommages.

Quand le risque devient routine, l’assureur l’exclut

L'augmentation du coût de l'assurance des maisons à risque de dommages causés par des conditions météorologiques extrêmes a été mise en évidence cette semaine en Californie, lorsque l'assureur State Farm a annoncé qu'il n'accepterait plus les demandes d'assurance commerciale et résidentielle dans l'État.

Il explique ce choix par l'augmentation historique des coûts de construction qui dépasse l'inflation, la croissance rapide de l'exposition aux catastrophes et un marché de la réassurance difficile.

La tendance voulant que certains risques deviennent moins assurables ou simplement non assurables en raison du changement climatique s'observe dans le monde entier, souligne Marcos Alvarez. State Farm n'est pas le premier assureur à quitter le marché californien, note-t-il.

Un tracteur ramasse des débris de la grange de la famille Zinkhan, en Saskatchewan, détruite par le passage d'une tornade le 27 mai 2023.

Outre les feux de forêt, les habitants des Prairies doivent aussi composer régulièrement avec des inondations ou des tornades, comme celle qui a ravagé la grange de la famille Zinkhan, en Saskatchewan, le 27 mai 2023.

Photo : Radio-Canada / Laurence Taschereau

Les assureurs canadiens sont confrontés aux mêmes problèmes que State Farm, estime pour sa part Craig Stewart, le vice-président du BAC chargé des changements climatiques et des questions fédérales. Ceux-ci incluent des coûts plus élevés pour la reconstruction et la réassurance, ainsi que des événements plus fréquents comme les feux de forêt, énumère-t-il.

Marcos Alvarez croit toutefois qu’il est peu probable que le Canada voit bientôt un assureur se retirer d’un marché comme l’a fait State Farm. En Californie, précise-t-il, les prix de l'assurance habitation sont réglementés, un obstacle qui n’existe pas au Canada.

De plus, poursuit-il, les incendies deviennent si courants, qu’ils sont essentiellement des événements prévisibles.

Vivre en Californie s'apparente à vivre dans une plaine inondable au Canada, illustre-t-il. Nous savons que la catastrophe va se produire.

Un problème de politique publique

Lorsqu'un segment devient non assurable, c'est un problème de politique publique, soutient Marcos Alvarez. C'est souvent à ce moment-là que le gouvernement intervient, ce qu'il a fait avec les inondations, en promettant de créer un programme national d'assurance contre les inondations à faible coût dans le dernier budget fédéral.

Il croit que le gouvernement canadien devra s'impliquer davantage dans l'assurance si d'autres catastrophes naturelles deviennent de plus en plus difficiles à assurer.

Les feux de forêt pourraient être des candidats potentiels pour une sorte de programme public s'ils deviennent de plus en plus courants, selon lui.

La Ville de Princeton, en Colombie-Britannique, est inondée, en novembre 2021.

En 2021, ce sont les inondations qui ont coûté cher aux habitants de plusieurs régions de la Colombie-Britannique. (Photo d'archives)

Photo : Offerte par Misty Oceanna

À mesure que les événements météorologiques deviennent extrêmes, il devient de plus en plus difficile pour les assureurs de maintenir une couverture abordable sans partenariats avec les gouvernements, ajoute Craig Stewart.

Le programme national d'assurance contre les inondations, une fois développé, pourrait être utilisé comme cadre pour couvrir d'autres types de conditions météorologiques extrêmes, ajoute-t-il.

Il faut aussi, selon lui, s’outiller en vue des conditions météorologiques extrêmes et de leurs conséquences, notamment en cartographiant les risques, en lançant des campagnes de sensibilisation et en améliorant les infrastructures.

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