Lévis vote en faveur de l’expropriation de certains terrains de Rabaska

Terrains Rabaska Levis 22 09
Photo : Radio-Canada / Amelie Auger
Devant une salle bondée, les élus de Lévis ont voté vendredi en majorité en faveur d'une résolution pour exproprier la Société en commandite Rabaska. Cette expropriation a pour but d'acquérir des terrains pour le compte de la municipalité.
Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, souhaite ainsi que la Ville prenne possession de certains de ses terrains du secteur Lévis-Est, déjà dans la mire du Port de Québec. Toujours propriétés de Rabaska, ils sont aujourd'hui promis à l'Administration portuaire de Québec (APQ).
Le Port détient en effet une option d'achat depuis 2017 et a récemment reçu l'autorisation du gouvernement fédéral pour procéder à leur acquisition.
Ces terrains, compris entre l'autoroute 20 et la route 132, devaient autrefois servir au développement d'un projet de terminal méthanier, lequel a été abandonné il y a plus d'une décennie. Il s'agit d'une partie des lots 6 521 580, 6 521 581 et 6 531 034, d'une superficie d'environ 17 millions de pieds carrés.
Nous, ce qu'on veut faire, c'est qu'on veut que ce site-là tienne compte des fins municipales pour le développement, qu'on ait notre mot à dire comme Ville et qu'on puisse développer en fonction de l'intérêt collectif de la section industrielle maintenant reconnu dans le schéma d'aménagement.
Gilles Lehouillier souhaite créer une réserve foncière avec ses terrains, ce qui permettrait à la Ville d'en disposer.
Or, de nombreux résidents ont critiqué la décision du maire lors de la séance extraordinaire, vendredi.
Il y a énormément de questions, vous voyez le nombre de personnes qui se sont déplacées à 24 h d'avis. Ça montre quand même l'importance de la sensibilité de cette question-là. On a l'impression de vivre un Rabaska 2.0, et ce, dans le secret le plus total
, a indiqué la citoyenne Valérie Cayouette-Guilloteau.
Zone d'innovation
La Ville de Lévis n'a jamais caché son intention de créer une zone d'innovation en construction navale, nécessaire pour le Chantier maritime Davie, qui fait partie de la Stratégie canadienne de construction navale.

Le parc industriel Lévis-Est se situerait sur la partie des terrains de Rabaska qui longe l'autoroute 20.
Photo : Capture d'écran - Ville de Lévis
Le maire refuse de dire qu'il a agi dans le secret dans ce dossier. Le schéma d'aménagement a fait l'objet de consultation publique et je vous rappelle que le dernier schéma a été adopté unaninement par le conseil municipal. Ce schéma prévoit expressément la zone industrielle.
Contrairement à ce que le maire a dit, le vote n'a pas été unanime, mais plutôt à majorité.
Si le Port de Québec devenait propriétaire des lots appartenant à Rabaska, le territoire passerait sous le giron du gouvernement fédéral et l'administration municipale perdrait de son influence sur les usages.
À lire :
Consultation et Espaces verts
À la suite de l'acquisition d'une réserve foncière, le maire indique qu'il y aura des consultations publiques sur les usages précis des terrains. L'affectation industrielle est reconnue dans le schéma. Après, c'est à nous de déterminer les usages qu'o va vouloir y donner. C'est une réserve foncière sans usage. Ça va être après coup qu'on va venir vous rencontrer, les citoyens et vous dire : voici ce qu'on propose et qu'en pensez-vous
.
Des citoyens demandent au maire de Lévis de se commettre
et de demander au gouvernement provincial que les nouveaux terrains deviennent une zone verte
. Ça prend simplement une volonté politique
, demande Martin Carrier, un producteur agricole de Pintendre.
On est plus en zone agricole. On verra la suite des choses. Honnêtement, à ce moment-ci, on ne peut pas prendre de positions parce qu'on n’a pas les poignés légales
a répondu le maire Lehouillier.
Le Port de Québec demande à Lévis de reculer
Plus tôt dans la journée, le Port de Québec a demandé aux élus de retarder le vote de cette résolution.
Le dépôt de cette résolution est un geste soudain, unilatéral et incompréhensible. Son adoption représente une embûche majeure dans la réalisation de la zone industrialo-portuaire Québec-Lévis et menace de plonger le développement du secteur dans des années d’immobilisme
, a fait valoir l'administration portuaire de Québec.

Mario Girard en conférence de presse. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Daniel Coulombe
Ce revirement s’inscrit pour nous dans la plus grande contradiction. Nous avons jusqu’ici pu compter sur la collaboration de la Ville et du maire. Une décision aussi précipitée enverrait un fort mauvais message, notamment à la communauté d’affaires locale, nationale et internationale
, demandait plutôt Mario Girard, président-directeur général du Port de Québec.
Avec la collaboration de Pierre-Alexandre Bolduc