Le meurtrier sexuel notoire Paul Bernardo transféré de l’Ontario au Québec
Paul Bernardo a été condamné à la prison à vie pour les meurtres de deux adolescentes en 1991 à St. Catharines.

Le meurtrier Paul Bernardo à une date indéterminée. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / FRANK GUNN
L'avocat des familles des victimes de Paul Bernardo confirme que le meurtrier a été transféré dans une prison à sécurité moins élevée que celle de son ancien pénitencier de Kingston. Paul Bernardo est maintenant incarcéré à l'établissement à sécurité moyenne de La Macaza, près de Labelle, dans les Laurentides au Québec.
Le transfert a eu lieu dans le silence à l'abri des regards et le Service correctionnel du Canada refuse de confirmer la nouvelle pour des raisons de vie privée. C'est donc l'avocat Tim Danson qui l'a confirmé à CBC vendredi.
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Me Danson représente les familles des adolescentes Kristen French et Leslie Mahaffy qui ont été enlevées, violées et assassinées par Paul Bernardo et son ex-femme, Karla Homolka.

Karla Homolka dans une entrevue télévisée en 2005.
Photo : Radio-Canada
Homolka a été reconnue coupable d'homicides involontaires en 1993 relativement à ces deux meurtres à caractère sexuel à l'issue d'un pacte du diable
avec la Couronne en échange de son témoignage contre Paul Bernardo au procès du meurtrier.
Bernardo avait été condamné à la prison à perpétuité sans droit de libération conditionnelle avant 25 ans. Il est maintenant âgé de 58 ans. Il a depuis tenté d'obtenir une libération conditionnelle à deux reprises, mais sans succès.
Homolka avait quant à elle été condamnée à 12 ans de pénitencier.

Une illustration de Paul Bernardo lors de sa première comparution devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada en octobre 2018, au pénitencier de Millhaven.
Photo : La Presse canadienne / Greg Banning
Me Danson affirme qu'il est inacceptable que la population ait été tenue dans le secret par rapport au transfert de Paul Bernardo. Il est décevant que le Service correctionnel refuse même d'en donner les raisons
, dit-il.
Il ajoute que la nouvelle ne fera qu'accentuer la souffrance des familles French et Mahaffy, qui devront endurer une nouvelle audience devant la Commission des libérations conditionnelles en novembre 2023.
Il leur sera encore plus difficile de se rendre à Montréal plutôt qu'à Kingston pour y participer
, ajoute-t-il.

L'avocat Tim Danson s'adresse aux médias sur une plateforme numérique après la 2e comparution de Paul Bernardo devant la Commission en juin 2021 (la COVID-19 avait forcé à l'époque la tenue d'une audience virtuelle).
Photo : Radio-Canada
L'avocat dit se poser de nombreuses questions au sujet de Paul Bernardo. Est-il protégé en détention des autres prisonniers?
, se demande-t-il. Selon lui, ce transfert va miner davantage la confiance du public dans notre système de justice.
Toutes ces informations ne devraient pas être privées
, poursuit-il en espérant que les Canadiens réagiront et demanderont des comptes au gouvernement fédéral.
Il en fait une question de transparence. Le public est en droit d'avoir ce genre d'informations
, dit-il.
Réponse des autorités
Dans un courriel, le Service correctionnel du Canada écrit qu'il ne peut parler de cas en particulier, mais que la sécurité du public est le facteur prépondérant dans la prise de toutes les décisions du Service correctionnel du Canada
concernant un détenu.
Il y mentionne néanmoins que le délinquant en question est toujours incarcéré dans un établissement sécurisé où des périmètres et des contrôles de sécurité appropriés sont en place
.
Le courriel conclut que Paul Bernardo purge une peine de durée indéterminée, ce qui signifie que sa peine n’a pas de date de fin
.

Le complexe carcéral fédéral de Millhaven, près de Kingston en Ontario, comporte une prison à sécurité maximale et une autre à sécurité moyenne.
Photo : La Presse canadienne / Lars Hagberg
L'avocat Tim Danson rappelle en outre qu'il a déposé une requête devant la Cour d'appel fédérale sur l'accès aux informations de la Commission des libérations conditionnelles et du Service correctionnel du Canada concernant trois dangereux assassins, dont Paul Bernardo.
Me Danson, qui défend dans cette affaire l'Association des policiers de Toronto, interjette appel de la décision d'un tribunal inférieur qui a statué en 2021 que les documents concernant les criminels dangereux doivent rester confidentiels pour des raisons de vie privée.
Dans son jugement, la juge Glennys McVeigh, de la Cour fédérale, avait décrété que la vie privée des meurtriers emprisonnés à perpétuité l'emportait sur l'intérêt public et les droits des familles des victimes à l'information.