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Des infirmières scolaires inquiètes d’être affectées à l’urgence du Lakeshore

L'Hôpital général du Lakeshore.

La façade de l'Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire, le 1er juin 2023.

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

La Presse canadienne

Au lendemain du dépôt d'un rapport cinglant sur l'état des soins offerts à l'urgence de l'Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire, les 135 recommandations encaissent déjà un coup dur. Selon le syndicat des infirmières, la direction prévoit recourir à du personnel scolaire pour couvrir l'urgence cet été.

Dans la conclusion de son rapport, l'enquêtrice indépendante mandatée par le ministère de la Santé et des Services sociaux, Francine Dupuis, écrit que l'urgence a besoin de personnel compétent.

Elle ajoute qu'il faut que le personnel y soit bien formé, [qu'il] ait un bon jugement et une grande capacité d'écoute [...] car il ne dispose pas de beaucoup de temps pour se faire une tête sur chaque cas.

De plus, dans sa recommandation numéro 54, Mme Dupuis appelle à ne jamais laisser une nouvelle infirmière sur le terrain si elle n'a pas reçu sa formation complète sur les soins d'urgence.

Francine Dupuis s'adresse aux médias le 1er juin.

L'enquêtrice indépendante Francine Dupuis écrit dans son rapport déposé jeudi que « l'urgence a besoin de personnel compétent ».

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

Elle-même infirmière de formation, l'ancienne présidente-directrice générale adjointe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal précise qu'il s'agit d'un département spécialisé et complexe et que l'expertise est aussi cruciale qu'elle l'est dans les salles d'opération ou les unités de soins intensifs.

Or, le jour même où le rapport était déposé, jeudi, le Syndicat des professionnelles en soins de santé de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal (SPSSODIM), affilié à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), apprenait que l'employeur voulait obliger des infirmières scolaires à couvrir des quarts de soir et de fin de semaine à l'urgence du Lakeshore.

Je suis sous le choc!, a lancé la présidente du syndicat local, Johanne Riendeau.

Dans le rapport, [Francine Dupuis] parle de mettre l'emphase sur l'expertise et l'expérience dont on a besoin pour donner des soins sécuritaires. Là, on va demander à des infirmières qui font complètement un autre travail dans les écoles de venir travailler auprès de patients instables.

Une citation de Johanne Riendeau, présidente du syndicat local

Pire encore, le syndicat craint que ces infirmières ne soient pas adéquatement formées pour travailler à l'urgence.

Selon Mme Riendeau, l'employeur prévoit offrir à ces nouvelles venues quatre jours d'orientation, alors que la formation requise pour une recrue embauchée à l'urgence est normalement d'une durée de six semaines.

Du côté du CIUSSS, la présidente-directrice générale adjointe Najia Hachimi-Idrissi explique que les infirmières scolaires ont l'habitude d'être redéployées dans le réseau à la fin des classes. Elle ajoute que ces professionnelles sont normalement affectées à des tâches pour lesquelles elles sont déjà formées.

Selon Mme Hachimi-Idrissi, on procède d'abord par volontariat à travers le réseau pour combler les besoins.

On n'est pas encore rendu à forcer des gens.

Une citation de Najia Hachimi-Idrissi, présidente-directrice générale adjointe, CIUSSS

Au sujet de la formation réduite de six semaines à quatre jours, la PDGA n'était pas en mesure de confirmer cette information pour le moment.

On nous a ensuite précisé que l'on attendait de connaître le profil des infirmières qui vont travailler à l'urgence avant de statuer sur la formation qui sera donnée.

Enjeux de sécurité

Les infirmières de l'unité d'urgence du Lakeshore dénoncent régulièrement leurs conditions de travail auprès de la direction, mais elles estiment qu'on ne les écoute pas.

Le week-end dernier, les infirmières ont dû se résigner à faire un sit-in pour se protéger déontologiquement, puisqu'elles soutenaient qu'aucune d'entre elles n'était formée pour prendre en charge la salle de code.

Des dénonciations sont aussi déposées de manière récurrente par la voie du Formulaire de soins sécuritaires créé par la FIQ. Les infirmières peuvent ainsi signaler des situations jugées dangereuses. Une récente dénonciation faisait état d'un taux d'occupation de 175 % à l'urgence, alors que l'on ne comptait que 50 % du personnel, soit 6 infirmières en fonction au lieu de 12.

Devant ces constats, le syndicat des infirmières s'inquiète du manque de sérieux de la réaction du CIUSSS. On craint que les 135 recommandations du rapport Dupuis ne subissent le même sort que celles des nombreux autres rapports déposés au fil des ans.

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