Qui est responsable de l’inspection des vieux bâtiments à Winnipeg?

Le Fort Gibraltar, à Winnipeg, est fermé au public après l'effondrement d'une passerelle, mercredi matin.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
L'effondrement d’une passerelle ayant fait plusieurs blessés au Fort Gibraltar, à Winnipeg, soulève de nombreuses questions quant à la responsabilité et à la fréquence d’inspection des bâtiments historiques.
Mercredi dernier, 17 enfants et 1 adulte ont été transportés à l’hôpital après l'écroulement d’une passerelle du Fort Gibraltar, dont le Festival du Voyageur est gestionnaire.
Des dossiers municipaux indiquent que la dernière inspection du bâtiment de bois remonte à 2006, comme l'explique David Driedger, porte-parole de la Ville de Winnipeg, par courriel.
Selon la Ville, en 2004 et, plus tard, en 2013, des permis ont été délivrés pour des réparations notamment liées au remplacement de poutres et de piquets pourris.
Jeudi, la Ville de Winnipeg a exigé l'inspection complète du bâtiment par un ingénieur.
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À qui la responsabilité?
Peu importe le type de construction, un entretien et une évaluation doivent être faits absolument. C’est vraiment de la responsabilité du propriétaire
, explique l'ingénieur et président de Groupe Lanthier Experts Conseils, Olivier Lanthier, au micro de l’émission Le 6 à 9.
Selon Olivier Lanthier, une loi de la Régie du bâtiment du Québec exige l’inspection des façades de bâtiments de cinq étages et plus, tous les cinq ans. Un panneau de béton préfabriqué est tombé d’un bâtiment, et une dame est décédée. C’est seulement après qu’on a instauré la loi pour déceler les conditions dangereuses.
Une telle loi n’existe pas au Manitoba. De surcroît, dans les deux provinces, aucune norme [n’]impose une fréquence d’inspection au niveau des structures comme telles
, explique l’ingénieur.
L’inspection régulière d’un bâtiment doit ainsi être assumée par les propriétaires.
Ils ont l’obligation d’avoir un bâtiment sécuritaire pour le public, ça, c’est certain. Mais de quelle façon c’est contrôlé? Quelles sont les conséquences?
Il faut profiter de cette occasion et ne pas attendre qu’il y ait un accident plus grave pour instaurer un programme d’inspection qui serait régi par un organisme gouvernemental
, conseille Olivier Lanthier.
Des inspections à l’interne
sont-elles suffisantes?
La directrice du Musée de Saint-Boniface, Cindy Desrochers, dit ne pas s’inquiéter qu’une telle situation se produise dans le bâtiment historique.
Le musée est logé dans l’ancien couvent des Soeurs grises, une construction vieille de plus de 170 ans.

Conserver l’intégrité architecturale représente un défi supplémentaire dans la restauration des bâtiments historiques, selon Cindy Desrochers, directrice du Musée de Saint-Boniface.
Photo : Michelle Gervais
La directrice affirme que le personnel du musée veille à inspecter régulièrement les lieux, ce qu’elle estime satisfaisant. Nos contrôles internes, je crois, sont suffisants, mais ça ne veut pas dire qu’on n’est pas vigilants non plus.
Un bâtiment historique public présente une difficulté supplémentaire, selon elle, puisqu’il importe de considérer l’aspect de la sécurité en plus de celui de l’intégrité historique. Il y a toujours une anticipation qu’il y aura quelque chose qui aura besoin d’attention
, explique-t-elle.
À sa connaissance, la Ville n’offre aucune inspection régulière pour les édifices qui ne sont pas en construction ou en rénovation.
Ce n’est pas juste à une personne ou à un organisme de le faire, mais il doit y avoir aussi une structure dans laquelle on peut dire qu’on a des guides à savoir ce qu’on devrait faire, et quand, et comment.
Vendredi, le président du Festival du Voyageur, Eric Plamondon, a déclaré à Radio-Canada dans un entretien téléphonique que l’organisation enquêtait sur l'événement à l’heure actuelle et que le bien-être et la santé de tous demeuraient une priorité.
Il a ajouté que l'organisation souhaitait faire des commentaires, mais ne dispose pas, pour l'instant, de nouvelles informations à communiquer.
Selon Kevin Engstrom, porte-parole de Soins communs Manitoba, une personne était toujours à l’hôpital vendredi matin et son état est stable.
Avec les informations de Patricia Bitu-Tshikidu, Radjaa Abdelsadok et Bartley Kives