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Lévis veut exproprier Rabaska et récupérer des terrains

Le Port de Québec, qui souhaite acheter ces mêmes terrains, se dit « dans l'incompréhension totale ».

Le maire de Lévis en conférence de presse.

Le maire de la Ville a convoqué le conseil municipal pour une séance extraordinaire, le 2 juin, afin de voter une acquisition par expropriation d'une partie des terrains de Rabaska. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin

Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, veut exproprier la Société en commandite Rabaska et prendre possession de certains de ses terrains du secteur Lévis-Est, déjà dans la mire du Port de Québec. Une séance extraordinaire du conseil municipal aura lieu vendredi pour officialiser la résolution.

L'avis de convocation de la Ville de Lévis, publié jeudi, mentionne l'acquisition par expropriation d'une partie de trois des six lots appartenant à la Société en commandite Rabaska. La séance doit avoir lieu ce 2 juin, à 14 h, à l'hôtel de ville.

Ces terrains, compris entre l'autoroute 20 et la route 132, devaient autrefois servir au développement d'un projet de terminal méthanier, lequel a été abandonné il y a plus d'une décennie.

Paysage d'un fleuve et de ses rives.

Les terrains du défunt projet de terminal Rabaska sont situés à la limite est de Lévis, à la frontière avec la municipalité de Beaumont.

Photo : Radio-Canada / Amelie Auger

Toujours propriétés de Rabaska, ils sont aujourd'hui promis à l'Administration portuaire de Québec (APQ). Le Port détient en effet une option d'achat depuis 2017 et a récemment reçu l'autorisation du gouvernement fédéral pour procéder à leur acquisition.

Selon le Port, les 273 hectares serviraient de réserve foncière pour ses développements futurs. Aux dernières nouvelles, la transaction devait se conclure au cours de l'été.

Voilà que la Ville de Lévis souhaite s'en accaparer une partie par expropriation. Les portions ciblées n'ont pas été précisées dans l'avis et devraient donc être présentées vendredi après-midi.

Besoin de terrains

Cette décision de la Ville de Lévis survient au moment où elle pourrait bientôt perdre le contrôle sur ces terrains. Si le Port de Québec devenait propriétaire des lots appartenant à Rabaska, le territoire passerait sous le giron du gouvernement fédéral et l'administration municipale perdrait de son influence sur les usages.

En avril, le maire Lehouillier manifestait un intérêt pour en développer une partie afin de créer une zone d'innovation. Il parlait alors de négocier avec le Port de Québec et ainsi avoir sa part du gâteau. Bien qu'elle n'en soit pas propriétaire, la Ville de Lévis détient déjà un zonage industrialo-portuaire pour une partie des terrains.

Vue aérienne du secteur du parc industriel.

Le parc industriel Lévis-Est se situerait sur la partie des terrains de Rabaska qui longe l'autoroute 20.

Photo : Capture d'écran - Ville de Lévis

Nous, l'idée qu'on veut amener, c'est la création d'une zone d'innovation en construction navale, plaidait M. Lehouillier en entrevue à Radio-Canada. On va travailler en partenariat avec le gouvernement du Québec et le Port de Québec. Selon le maire, les terrains seraient parfaits pour un tel développement, notamment grâce à la proximité avec l'autoroute 20 et du chemin de fer.

Avec l'ajout du chantier Davie dans la Stratégie nationale de construction navale du Canada, le maire y voit un potentiel pour installer des entreprises, dont des fournisseurs du chantier. Avec l'annonce que vous avez vue [le 30 mars] pour le chantier Davie, il est clair que les besoins en espace industriel vont être énormes, ajoutait-il il y a deux mois.

Il n'avait cependant jamais évoqué une possible expropriation. Sachant le Port de Québec intéressé, le maire parlait de collaboration et de partenariat pour arriver à ses fins.

Il n'a pas été possible d'obtenir des précisions du cabinet de la mairie jeudi soir, concernant l'avis de convocation et le processus d'expropriation. Plus tôt cette semaine, M. Lehouillier répétait l'importance de trouver des terrains pour accueillir des entreprises liées à la Davie.

Logo de Davie sur une de ses installations industrielles.

L'entrée de Davie dans la Stratégie navale nécessite la création d'une zone d'innovation, selon le maire Gilles Lehouillier.

Photo : Radio-Canada / Marc Andre Turgeon

Incompréhension totale

L'APQ n'a pas caché sa surprise, jeudi soir, devant les intentions de la Ville de Lévis.

Nous sommes très surpris ce soir de constater l’avis de convocation extraordinaire du conseil municipal de Lévis pour vendredi après-midi avec pour sujet une expropriation, a déclaré Frédéric Lagacé, directeur des communications au Port de Québec.

Selon ce dernier, le Port est dans un esprit de collaboration depuis toujours avec l’administration de la Ville de Lévis et jamais, a-t-il insisté, l'idée d'une expropriation n'a été évoquée. Nous n’avons jamais entendu parler de cette histoire.

Toujours selon M. Lagacé, des représentants du Port de Québec ont eu des discussions avec des intervenants de la Ville de Lévis pas plus tard qu'en début de semaine. C’était encore dans un esprit de pleine collaboration.

Il nous manque peut-être des morceaux qui nous commandent une certaine prudence, car nous sommes dans l’incompréhension totale.

Une citation de Frédéric Lagacé, directeur des communications, Administration portuaire de Québec

Concernant le projet de zone d'innovation en construction navale mis de l'avant par Gilles Lehouillier, le Port de Québec admet qu'il y a une occasion intéressante à saisir.

Avec le chantier Davie, les opportunités qui pointent, et le rôle crucial que peut y jouer le Port, nous sommes convaincus que la collaboration et la concertation sont des éléments essentiels pour maximiser le plein potentiel de la région, a indiqué M. Lagacé.

Ce dernier rappelle qu'outre la Ville, le Port est en contact avec le gouvernement du Québec, la Chambre de commerce de Lévis, le chantier Davie et toutes les parties impliquées.

Transparence réclamée

La convocation extraordinaire du maire Lehouillier a été dénoncée jeudi par le parti d'opposition Repensons Lévis. Son chef, Elhadji Mamadou Diarra, a réclamé davantage de transparence de la part de la mairie dans le dossier des terrains de Rabaska.

Il a taxé l'administration Lehouillier d'improvisation. Le dossier est tellement important que le seul fait de convoquer une séance extraordinaire du conseil de ville à un jour d’avis démontre le manque de préparation pour cet enjeu national, a-t-il déclaré.

M. Diarra ne s'explique pas l'empressement de la Ville à procéder. L'inclusion du Chantier Davie dans la stratégie d’approvisionnement en matière de construction navale a toujours été d’actualité et le maire est en poste depuis bientôt 10 ans.

Portrait de Elhadji Mamadou Diarra

Le chef de Repensons Lévis, Elhadji Mamadou Diarra (Photo d'archives

Photo : Radio-Canada / Steve Breton

Repensons Lévis déplore l'absence de plusieurs informations à la veille du vote et le parti demande réclame des comptes à Gilles Lehouillier. Est-ce que les parties prenantes du dossier ont été contactées par le maire? [...] Y a-t-il déjà entente entre les parties? À partir de quel moment le maire a-t-il eu l'intention d’acheter les terres de Rabaska? Pourquoi l’exprime-t-il maintenant?

L'opposition réclame enfin des précisions sur la protection des terres agricoles et sur le sort des bâtiments toujours présents sur le territoire.

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