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Hausse du salaire des élus : « Un manque de considération pour les gens qui les servent »

Un constable spécial à l'Assemblée nationale.

Les constables spéciaux du gouvernement du Québec sont sans convention collective depuis trois ans.

Photo : Radio-Canada / Alexandre Duval

Même s’ils le cachent bien devant les députés, les constables spéciaux de l’Assemblée nationale sont insultés. Tandis qu’ils n’ont pas eu d’augmentation de salaire depuis 2019, les élus dont ils assurent la protection sont sur le point de s’octroyer une hausse de 30 000 $.

C’est un manque de considération pour les gens qui les servent, murmure-t-on dans les couloirs du parlement, à Québec. On travaille pour eux [les députés] au quotidien. On ne fait pas juste ouvrir des portes!

Les constables spéciaux de l’Assemblée nationale ne sont pas autorisés à parler publiquement de la situation. À voix basse et sous le couvert de l’anonymat, cependant, certains admettent qu’ils ne se sentent pas traités à leur juste valeur.

Le président de leur syndicat, Franck Perales, confirme que le moral est à zéro au sein de ses troupes. Selon lui, le contexte actuel est indécent et crée un réel malaise entre élus et constables. D’un jour à l’autre, l’Assemblée nationale doit adopter le projet de loi 24, qui fera passer l’indemnité de base annuelle des députés de 101 561 $ à 131 766 $, soit une hausse de 30 %.

Pendant ce temps, les constables spéciaux au dernier échelon plafonnent à moins de 60 000 $ et sont sans convention collective depuis plus de trois ans, en pleine période inflationniste. Le timing est tellement mauvais, résume M. Perales.

À ce que je sache, ils gagnent bien leur vie, quand même, les élus. Je veux dire, ils ne gagnent pas 15 $ de l'heure. Ils ne sont pas dans la rue.

Une citation de Franck Perales, président du Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec

Le projet de loi 24 devrait recevoir l’appui du Parti libéral du Québec, mais pas celui de Québec solidaire qui fait tout pour en retarder l’adoption depuis quelques jours. Le Parti québécois s’oppose aussi à une hausse immédiate de 30 %.

Empressement incompréhensible

M. Perales ne s’explique pas que le gouvernement Legault montre un tel empressement à hausser le salaire des députés. Ce n’est qu’à la mi-avril qu’un comité indépendant a livré son rapport recommandant un rattrapage salarial pour les élus.

Trois semaines plus tard, le ministre Simon Jolin-Barrette déposait le projet de loi 24, qui a été placé sur la voie rapide afin d’en assurer l’adoption avant la fin des travaux parlementaires, le 9 juin.

M. Perales assure qu’il ne s’oppose pas à une hausse de l’indemnité des députés. On ne dit pas qu’ils ne le méritent pas, mais le gouvernement Legault devrait au moins attendre d’avoir conclu les négociations avec les constables spéciaux, selon lui.

Un a reçu beaucoup plus que l'autre, pendant que l'autre a de la misère à avoir un minimum vital pour arriver à traverser le coût de la vie.

Une citation de Franck Perales, président du Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec

À l’heure actuelle, toutefois, les négociations sont au point mort. Un processus d’arbitrage se mettra en branle le 14 juin.

Rappelons que c’est le syndicat qui a fait une demande d’arbitrage et que nous devons respecter le processus, ce qui explique les délais, explique Marylène Lehouillier, l’attachée de presse de la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel.

Sonia LeBel parle en conférence de presse.

La présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Des arguments qui dérangent

Outre le moment choisi pour hausser le salaire des députés, la façon dont le gouvernement a défendu son projet de loi a aussi irrité certains constables.

Ils se sont servis des mêmes arguments dont tout le monde se sert lors d’une négociation pour un renouvellement de convention collective, ironise l’un d’entre eux, en référence à la nécessité d’attirer des candidatures de qualité en politique ou d’offrir une rémunération compétitive avec le secteur privé.

Le récent plaidoyer du premier ministre François Legault voulant qu'un jeune élu doive gagner le plus d’argent possible pour donner le plus possible à ses enfants aurait aussi dérangé, car certains constables spéciaux ont eux-mêmes des enfants et n’ont pourtant pas droit à 30 % d’augmentation de salaire.

François Legault debout en Chambre.

Le premier ministre François Legault au Salon bleu de l'Assemblée nationale

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

En plus de sa quarantaine de membres en poste à l’Assemblée nationale, le Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec représente environ 300 membres qui travaillent ailleurs, comme dans les palais de justice.

De tous les agents de la paix du gouvernement québécois – policiers, gardiens de prison, gardes du corps, agents de protection de la faune, contrôleurs routiers – ce sont les constables spéciaux qui gagnent le salaire le moins élevé au dernier échelon, déplore Franck Perales.

Selon ses calculs, les autres catégories d’agents de la paix qui ont renouvelé leur convention collective avec le gouvernement, récemment, ont obtenu en moyenne des augmentations de salaire de 15 % sur trois ans, alors que la dernière offre faite aux constables spéciaux n’était que de 7,25 % sur trois ans.

Ces chiffres ne sont cependant pas confirmés par le cabinet de la présidente du Conseil du Trésor, puisque d’autres doivent être pris en considération.

Malgré l’arbitrage, les équipes aux tables sont prêtes à négocier et à arriver à une entente. Or, celle-ci doit être équitable, affirme Marylène Lehouillier. Précisons que nous avons des ententes avec plus de 90 % des agents de la paix.

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