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Gaz naturel renouvelable : sous pression, Énergir tente de rassurer ses clients

La coalition Sortons le gaz a déposé une plainte auprès de l’Office de protection du consommateur et réclame que soit imposée une amende de 100 000 $ à Énergir.

Deux camions d'Énergir stationnés.

Énergir doit défendre son offre de gaz naturel renouvelable qui crée la polémique.

Photo : Radio-Canada / Marie-Hélène Paquin

L’offre de gaz naturel renouvelable (GNR) du distributeur québécois Énergir continue de créer la polémique. Sous pression, l’entreprise tente de rassurer ses clients alors que la coalition Sortons le gaz vient tout juste de déposer une plainte à l’Office de protection du consommateur (OPC).

En début de semaine, une coalition d’organisations environnementales et de défense des consommateurs a vivement dénoncé une offre d’Énergir à ses clients de convertir leur consommation de gaz naturel traditionnel, plus polluant, vers du GNR, issu des déchets organiques.

Le client peut alors choisir d’obtenir 10 %, 30 % ou 100 % de gaz naturel renouvelable, selon l’offre en cours, mais doit le payer trois fois plus cher que le gaz traditionnel.

Cependant, la coalition Sortons le gaz soutient qu’Énergir agit de façon trompeuse, car des clients paient plus cher pour obtenir du gaz naturel de source renouvelable, mais reçoivent en fait du gaz naturel ordinaire d'origine fossile, comme les autres clients.

Dans une entrevue accordée à Gérald Fillion à l'émission Zone économie, la vice-présidente exécutive d'Énergir, Stéphanie Trudeau, a avoué du bout des lèvres que la communication devra être plus explicite.

Visiblement, il y a une partie qui semble avoir été mal comprise, on va faire de la pédagogie, mais de nous accuser qu’on a voulu tromper la population… S’il y a une entreprise qui est transparente [...] on en parle depuis des années, on a des vidéos, c'est la deuxième question sur notre site web, a-t-elle fait valoir.

On réalise cette semaine qu’au Québec, on est moins habitué à cette notion-là.

Une citation de Stéphanie Trudeau, vice-présidente exécutive d'Énergir
Stéphanie Trudeau en entrevue sur un plateau de télévision.

Zone économie : entrevue avec Stéphanie Trudeau, vice-présidente exécutive d'Énergir

Photo : Radio-Canada

Un courriel destiné aux clients

D’ailleurs, dans un effort de pédagogie, Énergir a envoyé un courriel à ses clients, tout d’abord seulement en anglais, mais en disant vouloir rétablir les faits et dénoncer les accusations et propos inexacts de la coalition.

Il serait irréaliste de construire des infrastructures entièrement dédiées au GNR alors que celui-ci est en mesure de circuler dans le réseau actuel. Il est par le fait même mélangé au gaz naturel traditionnel pour être acheminé jusqu’à nos clients, assure Renault Lortie, vice-président de l’entreprise.

Il est donc physiquement impossible de savoir quelle molécule de gaz entre la traditionnelle ou la renouvelable est consommée chez vous, poursuit le dirigeant.

Toutefois, Énergir affirme que lorsqu’un client achète du GNR, celui-ci est intégré au réseau. Actuellement, il y a environ 1 % de renouvelable dans le tuyau de la gazière.

On achète la molécule pour eux, elle est attribuée aux clients, c’est un processus audité, et ils ont le crédit carbone. C’est utilisé à travers le monde, a souligné Mme Trudeau.

Parallèlement, la coalition Sortons le gaz a déposé une plainte auprès de l’Office de protection du consommateur et réclame que soit imposée une amende de 100 000 $ à Énergir pour s’être livrée à des pratiques interdites.

Des gens de bonne foi se font berner en payant trois fois plus cher que leurs voisins pour le même produit, soutient le porte-parole de la coalition, Patrick Bonin.

Mercredi, Québec solidaire a déposé une motion en ce sens à l’Assemblée nationale, motion qui a finalement été bloquée par le gouvernement. Le gouvernement se rend complice d’Énergir qui dupe ses consommateurs en leur fournissant du gaz fossile alors qu'ils payent pour du renouvelable, a affirmé le député Haroun Bouazzi.

Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain

Tout le débat actuel déçoit certains écologistes qui plaident pour davantage de GNR au Québec.

On a perdu tellement de temps à développer le gaz renouvelable qu’on se retrouve avec la situation actuelle et dans un contexte absurde, se désole André Bélisle, fondateur de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

M. Bélisle est d'avis qu’il est important de diminuer les importations de gaz naturel, surtout le gaz de schiste très dommageable pour l’environnement, et de faire la transition vers le renouvelable. Selon lui, le Québec ne peut miser seulement sur l’hydroélectricité.

Est-ce qu’on veut harnacher les dernières rivières, est-ce qu’on va laisser fuir le méthane et ne pas le transformer en biométhane? Il faut avoir une vision plus poussée, plus profonde. C’est faux de penser qu’on va pouvoir tout électrifier, soutient-il.

Même si l’offre d’Énergir n’est pas parfaite, il serait malavisé, selon lui, d’entraver le développement du gaz renouvelable. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, lance-t-il.

Avec la collaboration de Gérald Fillion

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