Le pronom préféré pourrait être interdit à l’école en l’absence de consentement parental
Un élève de 11e année sort déçu d'un entretien avec le ministre au sujet de la politique 713.

Bill Hogan, ministre de l'Éducation du Nouveau-Brunswick, le 18 novembre 2022 à Fredericton.
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
Le ministre de l’Éducation du Nouveau-Brunswick, Bill Hogan, dit qu’il ne compte pas rendre obligatoire de révéler aux parents que leur enfant souhaite employer un pronom différent à l’école. Mais il envisage d’interdire aux enseignants d’utiliser le pronom préféré de l’élève, à moins qu’ils aient l’approbation des parents.
Bill Hogan a fait cette distinction cette semaine à l’occasion d’une réunion avec des représentants des comités de parents de tous les districts scolaires anglophones de la province, selon les présidents de deux de ces comités.
La proposition du ministre soulève plusieurs questions, selon Carrie Tanasichuk, présidente du comité de parents de l’école élémentaire Saint Rose, à Saint-Jean.
C’est la première fois que qui que ce soit entend parler de cela. Il y a eu plusieurs questions de suivi : "Qu’est-ce que cela signifie exactement? Quels torts seront causés si le pronom préféré n’est pas utilisé?"
, explique Mme Tanasichuk.
Elle dit qu'elle n'a obtenu aucune réponse claire à ses questions.
Selon elle, un ou deux parents ont dit vouloir être informés si leur enfant choisit un autre prénom à l’école.
Cette réunion fait partie de l'exercice de révision de la politique 713, qui offre une protection de base aux élèves LGBTQ+. Le ministre Hogan assure que la révision ne mènera pas à réduire ces droits.
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Les résultats de la révision de la politique sont prévus la semaine prochaine. Le ministère de l’Éducation indique que le ministre Hogan ne fera pas de commentaire entre-temps.
Le ministre Hogan impoli et irrespectueux, selon un élève
Logan Martin, un élève de 11e année de l’école Saint John High qui s'identifie comme gai, a rencontré Bill Hogan mardi dernier à Fredericton au sujet de la politique 713.
L'élève dit avoir expliqué au ministre qu'il n'est pas nécessaire de réviser la politique puisqu’elle repose sur des données probantes et factuelles. Il voulait aussi lui expliquer comment elle a amélioré sa qualité de vie à l’école, mais le ministre, selon lui, a été impoli et irrespectueux.
J’espérais qu’il s’assoie pour écouter les expériences que nous avons vécues, et nos statistiques
, a dit Logan Martin. Je ne m’attendais pas à ce qu’il interrompe en criant.

Logan Martin, qui est en 11e année, demande le maintien de la politique 713. (Photo d'archives)
Photo : CBC / Graham Thompson
Le ministre Hogan a été belliqueux et brusque
, selon le jeune homme.
Il ne voulait pas écouter quoi que ce soit, venant de personne. Il avait un air contrarié, l’air de quelqu’un qui voulait être n’importe où ailleurs.
Par moments, c’était comme parler à un mur
Logan Martin affirme que le ministre Bill Hogan a parlé d'un style de vie
(lifestyle
dans la discussion tenue en anglais) au sujet des élèves homosexuels et transgenres.
Il a trouvé ce choix de mots inapproprié. L’adolescent dit avoir expliqué au ministre que cela sous-entendait à tort que l'on choisit d'être gai, trans ou hétéro.
Il a dit que l’expression de genre et l’identité mènent à un style de vie. Quand je lui ai demandé pourquoi, il a dit "Eh bien, j’ai une épouse, je suis hétéro et j’ai une femme et des enfants, et des petits-enfants, et je conduis une moto. C’est mon style de vie."

Le ministre de l'Éducation, Bill Hogan, le 24 janvier dernier à Saint-Jean.
Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau
Logan Martin affirme que le ministre ne lui a pas répondu lorsqu’il a voulu savoir à quoi pouvait mener, à son avis, un style de vie basé sur l’expression de genre
et pourquoi cela l’inquiétait.
Par moments, c’était comme parler à un mur
, affirme Logan Martin.
Logan Martin dit avoir été agressé à l’école peu après après avoir révélé son orientation sexuelle en 2019. L’année suivante, quand la politique 713 est entrée en vigueur, il a remarqué un réel changement.
Il dit que les enseignants et le personnel scolaire sont plus sévères lorsque de l’intimidation et du harcèlement se produisent à l’école, y compris dans le cas où des jeunes sont maltraités à cause de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
L’élève ajoute que cette politique l’aide à se sentir plus en sécurité et lui permet d'être mieux accepté à l’école.
Une révision controversée
Le gouvernement progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick a entrepris une révision de la politique 713 le 21 avril. Cette décision a été vivement critiquée par de nombreux groupes et intervenants.
Entretemps, le ministre Hogan a suspendu le financement pour des sessions de formation du personnel scolaire et a interdit au ministère de l’Éducation de faire des présentations au personnel à ce sujet.
Le 5 mai, des manifestants se sont massés devant le lieu d’une foire de l’emploi organisée par la New Brunswick Teachers' Association. Certains ont brandi des écriteaux traitant les enseignants de pervers
.
Moult théories du complot ont été colportées lors ce rassemblement, notamment au sujet d'une légende urbaine voulant que les écoles fournissent aux enfants des litières pour y faire leurs besoins.
C’est à ce moment que le gouvernement néo-brunswickois a confirmé qu’il révisait la politique 713, en raison d'inquiétudes
et d'interprétations erronées
.
Le ministre Bill Hogan a rencontré d’autres intervenants cette semaine. Le premier ministre de la province, Blaine Higgs, a écrit une lettre ouverte, publiée le 26 mai, dans laquelle il a clarifié quels aspects de la politique 713 sont en cours de révision. Il a affirmé que la politique ne serait pas révoquée.
D'après des reportages d'Hadeel Ibrahim, CBC