Quand la Coupe Davis était disputée devant l’Assemblée nationale

L'un des matchs Canada-Mexique de la Coupe Davis présentés en 1961 au Club des employés civils de Québec, devant l'Assemblée nationale.
Photo : Bibliothèque et archives nationales du Québec (BAnQ) / André Readman
La Coupe Davis remportée par l'équipe canadienne l’automne dernier était de passage à Québec, cette semaine. L’occasion de célébrer les exploits du héros local Félix Auger-Aliassime, mais également de se remémorer la lointaine époque où les matchs du Canada étaient disputés tout près des remparts du Vieux-Québec devant l’Assemblée nationale.
C’était gros et c’est surtout l’endroit où ça se passait qui était unique. Les joueurs vantaient Québec comme étant la place pour venir jouer
, relate Jacques Hérisset au sujet du Club des employés civils de Québec, aujourd’hui disparu.

La Coupe Davis remportée par le Canada était de passage cette semaine au club Avantage, où Félix Auger-Aliassime et Gabriel Diallo ont été formés.
Photo : afp via getty images / JORGE GUERRERO
Lui qui allait un jour fonder le Challenge Bell, Hérisset était encore adolescent lorsque le Canada a affronté les équipes américaines et mexicaines à Québec, en 1960 et 1961, dans le cadre du tournoi de la Coupe Davis.
En marchant sur les murs de la Citadelle, les gens pouvaient voir les joueurs à l'œuvre. Il y avait des gradins d’un côté du central et un talus de l'autre où les spectateurs s'asseyaient
, se rappelle Jacques Hérisset.
Bédard et Godbout face aux Mexicains
Après une défaite contre la puissante équipe américaine en 1960, tous les espoirs reposaient sur deux joueurs québécois en 1961 face au Mexique. Le jeune François Godbout avait hérité du rôle de numéro deux, derrière la grande vedette du tennis canadien Robert Bédard.
La veille du tournoi, le nouveau premier ministre du Québec, Jean Lesage, avait traversé la rue pour venir faire le tirage. On sentait l’importance du moment
, se souvient aujourd’hui Godbout.
Dans un duel serré où les Canadiens et les Mexicains s'étaient partagé les honneurs des quatre matchs de simple, tout s’était joué sur le match de double. Les deux joueurs québécois devant un public conquis face aux futurs champions de Wimbledon Antonio Palafox et Rafael Osuna.

François Godbout faisait équipe avec Robert Bédard, en 1961, pour le duel de Coupe Davis entre le Canada et le Mexique.
Photo : Radio-Canada
Je me rappelle qu’on avait eu une balle de manche en 4e manche. Une balle que je joue encore parfois dans ma mémoire. Mais on s’était finalement fait éliminer 3–2 par le Mexique
, résume François Godbout.
Un tournoi des champions
Malgré la défaite, le Club des employés civils venait de se bâtir une réputation internationale. Dans les années suivantes, un nouveau tournoi à la ronde disputé sur la terre battue de Québec allait attirer la plupart des meilleurs joueurs au monde.
C’était magique comme terrain. Un amphithéâtre naturel avec un aspect historique. Manuel Santana, le grand champion espagnol, m’avait dit qu’après Wimbledon, c’était l’endroit où il aimait le mieux jouer au monde
, raconte Godbout.

Manuel Santana en 1966 à Wimbledon
Photo : Getty Images / Leonard Burt
Les organisateurs du tournoi de Québec chargeaient d’ailleurs le joueur québécois, lorsqu’il partait pour Wimbledon, de recruter les joueurs vedettes du circuit. Quitte à leur promettre de l’argent en dessous de la table, les bourses étant interdites à l’époque.
Chasseur de balle au tournoi de Québec dans les années 1960, Réjean Genois a été marqué par les matchs du jeudi soir opposant le champion de Wimbledon au champion de Roland-Garros. Je me rappelle de Manuel Santana contre Roy Emerson. Ça jouait à guichet fermé.
Déménagé en 1972
Déménagé à l’intérieur sur l'avenue Laurier en 1972, le Club des employés civils a fermé ses portes un peu plus tard. En voyant la Coupe Davis à Québec, cette semaine, Jacques Hérisset ne pouvait toutefois pas s’empêcher de rêver à un match de Félix Auger-Aliassime aux bords des remparts.
Il y a beaucoup des meilleurs joueurs au monde qui ont un tournoi ATP 250 chez eux et qui le jouent. Si on réussit à avoir un tournoi 250 à Québec, on pourrait refaire les terrains
, suggère Hérisset, sourire en coin.
Les gens derrière Félix, ce serait incroyable.