Des cyclistes dénoncent un manque de sécurité aux abords des chantiers de construction

Les chantiers de constructions fleurissent dans les rues de la capitale fédérale à l'arrivée de l'été.
Photo : Radio-Canada
Alors que la capitale fédérale voit les chantiers de construction se multiplier à l’aube de la saison estivale, des cyclistes déplorent une dégradation des conditions de circulation dans les différentes artères de la région.
La secrétaire du conseil d’administration de Bike Ottawa, Florence Lehmann, pense en effet que la mise en place des dispositifs de sécurité concernant la circulation n’est pas toujours respectée lors des travaux.
En général, sur les chantiers de construction, on est censé avoir un détour, quelque chose qui permet aux pistes cyclables de contourner le chantier, mais en sécurité. Souvent, ça ne se fait pas, il n’y en a pas
, déplore-t-elle.

Les cyclistes sont parfois obligés de circuler sur les voies réservées aux voitures en raison de l'absence de détour de voie cyclable. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Elle explique que lorsque les chantiers sont d’ordre privé, la Ville établit des contrats avec les constructeurs, qui comprennent notamment l’installation d’un détournement sécuritaire de la circulation. Elle affirme cependant que les entreprises ne s’y conforment pas nécessairement.
Ces situations porteraient ainsi directement atteinte à la sécurité des cyclistes. Le problème dans tout cela, c’est qu’il y a le chantier, il y a la voie cyclable qui est bloquée, alors que doivent faire les gens qui passent à vélo ? Ils doivent le contourner et ça, ça pose un problème de sécurité
, fait remarquer Mme Lehmann.
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Le nombre d'accidents sous-estimé ?
Si aucun accident majeur impliquant un cycliste n’est à signaler pour l’année en cours à Ottawa, Mme Lehmann estime que le nombre d’accrochages est probablement sous-estimé. D’après elle, les accidents engendrant des blessés graves ou des morts sont davantage mis en lumière, alors qu’ils ne représentent qu’une partie de la situation d’ensemble.
[Dans ces cas-ci], ça se fait avec le coroner de la Ville, il y a une enquête de la police [...]. Souvent les gens vont continuer leur route s’il y a un problème : ils se font accrocher, ils tombent, ils se relèvent et ils s’en vont
, illustre-t-elle.

Florence Lehmann, secrétaire du conseil d'administration de Bike Ottawa
Photo : Radio-Canada
Ainsi, un grand nombre d’accidents ne seraient pas nécessairement relatés, selon Mme Lehmann, ce qui laisse à penser qu’il n’y aurait pas d’enjeux majeurs concernant la sécurité des cyclistes dans la Ville d’Ottawa.
Ce qu’on aimerait voir, c’est que la Ville ait plus de supervision pour ce qui est des détours et des chantiers de construction, pour s’assurer que quand il y a un chantier, le détour soit effectivement mis en place et sécuritaire
, déduit-elle.
Pour l’intervenante de Bike Ottawa, les détours devraient ainsi être situés le long des chantiers, accessibles pour les différents types de vélo et suffisamment logiques
pour que les cyclistes n’aient pas à s’arrêter.
Un problème semblable à Gatineau
De l’autre côté de la rivière des Outaouais, la conseillère municipale du district de l'Orée-du-Parc et mairesse suppléante de la Ville de Gatineau, Isabelle N. Miron, confirme que la mise en place des détournements de voies cyclables est également un enjeu.
Je ne peux pas nier que [parfois] les cyclistes se trouvent dans des situations dangereuses. [...] On essaie de prévoir et d’avoir des détours sécuritaires pour tous les usagers de la route.

La conseillère municipale du district de l'Orée-du-Parc, Isabelle N. Miron (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Reconnaissant que les détours sont souvent organisés en fonction des véhicules, Mme Miron concède qu’il devrait en être autrement en raison de la vulnérabilité des cyclistes. Elle soutient d’ailleurs que la Municipalité en demeure consciente, même si l’intégration de la cause cycliste dans les processus de réflexion prend du temps.
C’est un changement de mentalité qui est lent à opérer à la Ville de Gatineau, mais on y travaille.
En ce sens, le directeur général du Centre de gestion des déplacements de Gatineau et sa région (MOBI-O), Patrick Robert-Meunier soutient que le transport actif doit être plus présent au cœur des préoccupations, même s’il constate d’ores et déjà des avancées.

Patrick Robert-Meunier, directeur général du Centre de gestion des déplacements de Gatineau et sa région (MOBI-O)
Photo : Radio-Canada
Ça avance. On voit de plus en plus, à force que les gens fassent des requêtes et que la Ville avance, qu’il y a une plus grande préoccupation. On veut que les gens se déplacent en transport actif, et notamment en vélo donc on veut une plus grande sensibilité à cela.
M. Robert-Meunier souligne toutefois que la mise en œuvre physique des détournements relève des entrepreneurs eux-mêmes et que seule la persistance permettra que cet enjeu s'amenuise avec le temps.
Avec les informations de Rebecca Kwan