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Le drapeau de la Fierté comparé au drapeau nazi par une conseillère scolaire en Ontario

Des drapeaux de la Fierté gaie.

Le drapeau de la Fierté fait controverse dans des conseils scolaires ontariens.

Photo : iStock

Les écoles catholiques devraient-elles hisser le drapeau de la Fierté? La question a de nouveau semé l’émoi au cours des derniers jours au sein d’un conseil scolaire ontarien.

Cette fois-ci, ce sont les propos d’une conseillère scolaire du Conseil scolaire catholique de district de Niagara (NCDSB) qui, en comparant le drapeau de la Fierté à celui des nazis, sèment la controverse.

Ce qui aurait dû être une réunion de routine du Conseil scolaire catholique de Niagara la semaine dernière s’est transformé en confrontation houleuse entre des parents opposés au lever du drapeau de la Fierté devant les écoles du conseil et des membres du conseil scolaire.

Peter Taras, un père de famille dont deux des six enfants fréquentent des écoles du NCDSB, raconte que des dizaines de parents s’étaient réunis le 23 mai pour soutenir Natalia Benoit. La conseillère scolaire voulait présenter une motion afin d'interdire le lever du drapeau de la Fierté dans les écoles du conseil.

Certains parents sont restés devant l’établissement pour réciter le chapelet, raconte le père de famille et ancien candidat du Parti populaire du Canada, alors que d’autres, comme lui, ont assisté à la réunion.

C’est à la sortie de la réunion que les choses se sont corsées.

J’ai besoin de votre soutien, a lancé Mme Benoit aux parents réunis devant les bureaux du conseil scolaire situés à Welland, à 130 kilomètres au sud de Toronto.

N’importe quel drapeau… Le drapeau nazi, nous ne le voulons pas non plus, n’est-ce pas?, a-t-elle ajouté.

La scène filmée par M. Taras a ensuite été diffusée dans deux vidéos publiées sur YouTube.

Une capture d'écran montrant Natalia Benoit transportant un cartable à la sortie du conseil scolaire catholique de district de Niagara.

La conseillère scolaire du Conseil scolaire catholique de district de Niagara à la sortie de la réunion du conseil le 23 ami. Elle souhaite faire interdire le lever du drapeau de la Fierté dans les écoles du conseil scolaire.

Photo : Peter Taras/YouTube

Une remarque qui fait mal

Dans une déclaration par courriel, Natalia Benoit se défend d’avoir comparé le drapeau de la Fierté à celui du régime nazi et reconnaît que le NCDSB doit offrir un environnement inclusif.

Elle précise avoir affirmé qu’aucun drapeau ne devrait être hissé dans les écoles, mis à part celui de la province, l’unifolié et le drapeau catholique.

L’objectif, dit-elle, est d’éviter les controverses et ainsi assurer un environnement sécuritaire pour les élèves.

Dans ce contexte, quand on m’a posé une question, j’ai répondu qu’aucun drapeau ne devrait être hissé et j’ai mentionné un drapeau que nous considérons tous comme étant controversé et qui ne devrait pas être arboré, le drapeau nazi, ajoute-t-elle.

Mais pour le président de Pride Niagara, Enzo De Divitiis, cette explication ne tient pas la route.

Ce n’est pas de l’homophobie ni de la transphobie. C’est de la haine. Il n’y a pas de peur ici. C’est de la haine masquée sous couvert de la religion, lance-t-il.

Comparer une communauté marginalisée qui a été affectée par le génocide [perpétrée par l’Allemagne nazie], qu'on a essayé d'exterminer, n’est pas qu’un signe d'ignorance, c’est une insulte absolue, ajoute-t-il.

Selon lui, hisser le drapeau de la Fierté permet aux élèves de la communauté LGBTQ+ de se sentir en sécurité et acceptés. 

Malheureusement, en 2023, avec le climat politique actuel et quand on connaît le nombre de personnes qui s’enlèvent la vie parce qu’elles se sentent marginalisées, on ne peut pas rester neutre, soutient-il. 

Le drapeau nazi représente la haine et un génocide alors que le drapeau arc-en-ciel représente l’amour et l’unité.

Une citation de Colleen McTigue, Transgender Niagara

J’ai été déçu

Le directeur de l’éducation du NCDSB, Camillo Cipriano, se dit déçu de la réaction de certains parents.

Je suis déçu de voir que certains membres de notre communauté considèrent toujours ce drapeau comme un symbole de haine, dit-il.

Il explique que son conseil d’administration a décidé de hisser le drapeau de la Fierté gaie devant toutes ses écoles secondaires et les bureaux du conseil en 2021. L’année suivante, le conseil d’administration lui a délégué cette responsabilité.

Il affirme avoir ensuite décidé de hisser le drapeau devant toutes les écoles élémentaires et secondaires, ainsi que devant les bureaux du conseil scolaire.

Cela est en accord avec nos valeurs et ce que nous essayons d’enseigner aux élèves. C’est-à-dire que tous sont les bienvenus et que nos écoles sont des endroits sécuritaires, explique-t-il.

Le NCDSB exige un délai d’un mois entre le moment où une motion est présentée et celui où elle est débattue. Lors de la dernière réunion du conseil le 23 mai, Natalia Benoit n’a pas obtenu le soutien nécessaire des autres conseillers scolaires afin de faire lever cette exigence. Sa motion sera donc débattue lors de la prochaine réunion du conseil scolaire, le 20 juin.

Des tensions grandissantes à travers l’Ontario

De l'avis de Julia Malott, une femme trans et mère de famille qui a assisté à de nombreuses réunions de conseils scolaires ontariens afin de discuter de ces questions, la situation au conseil scolaire catholique de Niagara est loin d’être unique.

Récemment, le Conseil scolaire de district catholique anglais de la région de York, en banlieue de Toronto, a décidé de ne pas hisser le drapeau de la Fierté devant son centre éducatif, à la suite d'un vote des conseillers, ce qui a provoqué la joie, mais aussi la colère de certains spectateurs présents à la réunion.

Au conseil scolaire de Halton, où le climat s’est envenimé en raison de la présence d’une enseignante à la poitrine surdimensionnée dans une école secondaire, un policier a même escorté un parent à l’extérieur de la salle lors d’une réunion.

J’ai vu des réunions mal tourner, où la police a été appelée.

Une citation de Julia Malott, femme trans

Selon elle, ces incidents sont le résultat de politiques qui limitent la participation des parents aux débats entourant les questions comme celles liées à la communauté LGBTQ+.

J’en ai fait l’expérience dans certains conseils scolaires où des mesures drastiques ont été prises pour limiter la participation parentale. [...] Cela crée beaucoup de mécontentement, explique-t-elle.

Selon elle, ne pas hisser le drapeau de la Fierté gaie n’est pas synonyme d’homophobie.

Je vois de plus en plus de municipalités ou de conseils scolaires qui décident de ne pas se mêler de ces débats pour les mêmes raisons qu’ils ne veulent pas se mêler de questions religieuses. Parce que cela intervient avec leur mandat, qui est [l’éducation] des enfants, explique-t-elle.

Défendre les valeurs familiales

D'après Peter Taras, le drapeau de la Fierté gaie sème la confusion chez les élèves en les amenant inutilement à s'interroger sur leur identité de genre. Il y voit aussi un symbole d’exclusion pour ceux qui ne s’identifient pas à la communauté LGBTQ+.

Les gens veulent que leurs enfants reçoivent une éducation et non qu’ils se fassent endoctriner par l’idéologie woke. N’importe quel parent qui soutient les valeurs familiales traditionnelles dans cette école serait marginalisé, pense-t-il.

Entre-temps, le père de famille a décidé de retirer ses enfants de l’école durant tout le mois de juin. Il ne sait pas encore ce qu’il fera si le conseil scolaire décide de rejeter la motion de Natalia Benoit.

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