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De quelle couleur sera la Maison Béliveau, un « joyau » de Saint-Boniface?

Une maison historique.

La famille d’Hormidas Béliveau a vécu dans cette maison jusqu'en 1928. Dans les années 40, elle est reconvertie pour accueillir sept logements individuels. Elle en compte aujourd’hui trois.

Photo : Radio-Canada / Raphaëlle Laverdière

Le nouveau propriétaire de la Maison Béliveau sollicite l’avis de la communauté au sujet de la couleur que revêtiront les murs du bâtiment centenaire, situé au cœur du quartier Saint-Boniface, à Winnipeg.

« Après tout, c'est vous qui avez aidé à sauver cette maison de la démolition », affirme Ian Moran dans un sondage publié sur les réseaux sociaux.

Depuis 2021, l'ingénieur civil rénove et restaure la Maison Béliveau, un bâtiment de 1906 niché dans le Vieux-Saint-Boniface.

L’homme de 29 ans travaille à temps plein comme ingénieur civil. Il estime consacrer environ 40 heures par semaine à la rénovation de la Maison, où il a élu domicile, dans l’appartement du rez-de-chaussée.

Deux autres appartements se partagent les niveaux supérieurs de la maison. Bill Taylor et sa conjointe, Colleen, habitent au deuxième étage. Une famille réside au troisième.

Ces dernières années, Ian Moran a restauré plusieurs autres maisons à Winnipeg. Toutes datent du début du siècle dernier. Pour la Maison Béliveau, le plus imposant de ses projets jusqu’à maintenant, il affirme avoir tout fait lui-même. C'est vraiment une de mes passions, explique-t-il.

Un homme tient une petite planche de bois devant l'entrée d'une maison.

« [Cette planche] portait la lettre “M” en métal. Je me suis demandé : qu’est-ce que ça signifiait? et je me suis dit : Maison Béliveau! Je l’ai retirée, j’ai mis de la teinture et du scellant et j’attends maintenant de recevoir de nouvelles lettres », raconte Ian Moran.

Photo : Radio-Canada / Raphaëlle Laverdière

Selon Bill Taylor, qui habite dans la Maison Béliveau depuis 18 ans, [le problème] c’était trouver la bonne personne qui pourrait réellement le faire. L’homme de 75 ans déclare avoir été enchanté lorsque la Maison est passée aux mains de M. Moran, il y a deux ans.

Je pense qu'il y a toujours eu une certaine protection sur la maison, pour qu'elle perdure. Une sorte de protection, en quelque sorte, d'une source supérieure.

Une citation de Bill Taylor, résident de longue date de la Maison Béliveau
Un homme se tient dans les marches d'un escalier.

Bill Taylor habite dans la Maison Béliveau depuis 2005. « Cette maison possède toute une histoire », affirme-t-il.

Photo : Radio-Canada / Raphaëlle Laverdière

L’avenir incertain de la Maison Béliveau

L'avenir du bâtiment, situé au 700, rue Saint-Jean-Baptiste, à Saint-Boniface, a longtemps été chancelant. La Maison Béliveau est depuis plusieurs années l’objet d’un combat de la part de la communauté pour sa préservation et sa protection.

La Maison Béliveau a été bâtie en 1906 pour la famille d’Hormidas Béliveau et Ernestine Guilbeault. Ils ont vécu dans la Maison jusqu’en 1928. Hormidas Béliveau, un marchand arrivé à Winnipeg en 1882, est devenu maire de Saint-Boniface en 1918.

Une pièce pleine d'objets pêle-mêle.

« [Hormidas Béliveau] a fondé le Carleton Club, à Winnipeg, pour les millionnaires, les gens d'affaires. Ils venaient ici lui rendre visite et à Noël, tous les grands noms de Winnipeg se réunissaient ici », raconte Bill Taylor.

Photo : Radio-Canada / Raphaëlle Laverdière

En 2014, la maison centenaire a été retirée de la liste des édifices protégés de Winnipeg pour rejoindre celle des bâtiments commémoratifs. Elle a alors perdu les protections qui empêchaient sa démolition ou la modification de certaines de ses caractéristiques.

Les impôts n’ayant pas été acquittés par le propriétaire pendant plusieurs années, la Maison a été saisie par la Ville de Winnipeg en 2019.

Alors que la Ville s’apprêtait à la mettre sur le marché, des résidents du quartier et des membres d’Héritage Saint-Boniface et de l’Association des résidents du Vieux-Saint-Boniface ont fait pression pour en empêcher la vente. Ils ont appelé la Ville à reconsidérer la désignation historique du bâtiment.

En 2020, Winnipeg a rejeté la demande. La Maison Béliveau ne réintégrerait pas la liste des bâtiments historiques protégés, les modifications apportées au fil du temps faisant en sorte qu’elle ne réponde plus aux caractéristiques requises.

Toutefois, au lieu de la placer sur le marché, la Ville a enclenché un processus de demande de propositions, remportée par Ian Moran en 2021.

Un joyau de la communauté

Ian Moran dit avoir tenu à prendre en compte l'opinion de la communauté à toutes les étapes de planification, de proposition de projet et de restauration de la Maison, notamment sur la question de la couleur de la façade (Nouvelle fenêtre).

J’ai interviewé plusieurs résidents du quartier pour la préparation de ma proposition et c'était très important pour eux. Je me suis dit qu'il était primordial pour la communauté que ce joyau historique de Saint-Boniface soit restauré.

Une citation de Ian Moran, propriétaire de la Maison Béliveau

L'une des choses les plus importantes [pour la communauté, c'] est l'extérieur de la maison et sa couleur, ce qui pourrait restaurer le caractère d'origine, explique-t-il.

La facade d'une maison. Un trou dans le stuc laisse entrevoir de la vieille brique.

La brique d’origine n’est pas en bon état, selon Ian Moran. Il va peindre l’extérieur de la maison en attendant de pouvoir retirer le stuc et restaurer les briques.

Photo : Radio-Canada / Raphaëlle Laverdière

Quant à l’intérieur, l’ingénieur civil rénove les planchers, les murs, les plafonds avec le souci de respecter l’essence patrimoniale du bâtiment.

Çà et là, dans la Maison, on peut deviner les divisions d’origine, l’ancienne hauteur des plafonds, la couleur fanée de la peinture, qui trahissent toutes la mémoire du lieu.

Un plancher de bois franc.

Le plancher de bois franc original a pu être sauvé à certains endroits.

Photo : Radio-Canada / Raphaëlle Laverdière

Bill Taylor, né à Saint-Boniface, se souvient de l’allure du bâtiment et du terrain dans les années 50, et à travers les décennies qui ont suivi. L’homme de 75 ans est très attaché au lieu, ce que reconnaît Ian Moran.

Bill Taylor explique que d'autres soumissionnaires envisageaient de les expulser, sa conjointe et lui, afin de transformer la maison en résidence unifamiliale.

Une petite cuisine peinte en jaune vif avec un trou dans le mur qui laisse voir des lattes de bois.

« C’est ma maison, ici. [...] Et Ian l'a rendue encore meilleure », se réjouit Bill Taylor, un occupant. « La voir rasée par un bulldozer [...] ce serait vraiment une grande perte. Maintenant, elle va durer des siècles. »

Photo : Radio-Canada / Raphaëlle Laverdière

Il était vraiment important pour Bill non seulement de ne pas être déplacé, mais de continuer sa passion de jardiner, construire sa ferme urbaine et aussi aider à travailler sur la maison, explique Ian Moran.

Le président d’Héritage Saint-Boniface, Walter Kleinschmit, se dit enchanté de la volonté d’Ian Moran d’inclure la communauté. Toute son initiative depuis le commencement a été avec l’idée de respecter la valeur historique [du lieu], estime-t-il.

Même sans désignation officielle, Ian Moran a respecté le caractère des lieux, selon M. Kleinschmit.

Pour qu'un édifice historique survive, il ne doit pas seulement rappeler l’histoire, mais continuer à servir les besoins de la communauté courante pour qu’il fasse partie de l’histoire courante et du futur, conclut-il.

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