Le Nord de l’Ontario tarde encore à avoir accès à Internet haute vitesse

Selon un nouveau rapport de Blue Sky Net, la fourniture d’une connexion haute vitesse dans le Nord de l'Ontario accuse un retard par rapport aux résidents du Sud de la province.
Photo : Shutterstock / Denis Rozhnovsky
Selon un nouveau rapport sur l'état de l'Internet haute vitesse dans le Nord de l'Ontario, la région continue d'être à la traîne par rapport au reste de la province.
Le rapport, préparé par Blue Sky Net, une société de développement technologique à but non lucratif basée à North Bay, constate qu'il y a encore des milliers de personnes dans les petites et les grandes villes qui n'ont pas accès à un service Internet à large bande.
La directrice générale de Blue Sky Net, Susan Church, a déclaré qu'il y a encore un grand fossé numérique
entre le Nord et le sud de l'Ontario.
Si l'on considère 285 collectivités du Nord de l'Ontario, 74 ont accès à un service de 50 par 10, de 50 mégabits par seconde [téléchargement] et de 10 mégabits par seconde [téléchargement]
, a expliqué Mme Church.

En vert : service Intenet haute vitesse (IHV) actuellement fort ; en orange : projets de service IHV financés par le gouvernement en attente ; en violet : projets de service IHV financés par le gouvernement.
Photo : Radio-Canada / Source : Gouvernement de l'Ontario
C'est un nombre très faible et nous avons toujours du mal à le comprendre. Nous avons une faible population, mais cela ne devrait pas nous empêcher d'avoir accès à ce que les autres font dans les grands centres urbains
, a-t-elle ajouté.
Les causes derrière ce défi
Selon le rapport de l'organisme, ce retard est causé par deux principaux problèmes : d’une part, la faible densité de population de la région qui n’incite pas les grandes entreprises de télécommunications canadiennes à investir dans l'infrastructure et d’autre part, une topographie inégale dans le Nord qui peut nuire à l'offre de services.
En mars, la vérificatrice générale, Karen Hogan, a déclaré à la Chambre des communes que la stratégie de connectivité de 2019 du gouvernement fédéral n'avait pas encore fourni un accès égal à Internet haute vitesse à de nombreuses communautés rurales et éloignées et aux Premières Nations, comparativement aux services offerts en milieu urbain.

La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, juge que la répartition de l'Internet haute vitesse n'est pas égale.
Photo : The Canadian Press / PATRICK DOYLE
Mme Hogan a souligné dans son rapport qu'alors que près de 91 % des ménages canadiens avaient accès à Internet haute vitesse en 2021, seulement 59,5 % de ceux des régions rurales et éloignées bénéficiaient du même accès.
Ce chiffre tombe à 42,9 % pour les ménages vivant dans les communautés des Premières Nations.
À lire aussi :
Réduction des investissements
Le Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario signale pour sa part, que le gouvernement de l'Ontario a réduit ses dépenses en matière d'infrastructure à large bande et cellulaire de 207 millions de dollars au troisième trimestre de 2021-2022.
Selon Mme Church, le problème de l'accès est aggravé par le fait que seul le sud est privilégié
.
La plupart des programmes de financement des gouvernements fédéral et provincial visant à améliorer l'infrastructure à haut débit et à offrir des subventions pour les services ne profitent qu'au sud de l'Ontario.
Nous sommes les cousins au second degré
, a déploré Mme Church.Il n'y a pas de doute. Je pense donc que nous devrions être frustrés. Et je pense que nous devrions exprimer notre opinion à ce sujet.
Elle explique que les programmes gouvernementaux sont adaptés aux grandes entreprises de télécommunications qui se concentrent sur les villes du sud où il y a plus d’argent à gagner. Ils pourraient aider davantage les petits fournisseurs du Nord de l'Ontario en aidant à combler les grandes lacunes dans les services Internet
, a-t-elle dit.
L’écart, pas seulement au Nord
Selon Mme Church, le déséquilibre concerne aussi les différents niveaux de service Internet d’un quartier à l’autre ou même d’une maison à l’autre.
Ce n'est pas seulement qu'il y a des lacunes dans le Grand Nord
, a indiqué Mme Church. On les trouve de Muskoka jusqu'à la côte de la Baie James. Nous nous efforçons de trouver la meilleure façon de combler ces lacunes.
La directrice générale de Blue Sky Net affirme enfin que les services Internet par satellite comme Starlink ont amélioré les vitesses de téléchargement dans le Nord au cours des dernières années, mais elle ajoute que cela pourrait changer une fois que l'entreprise aura plafonné la quantité de bande passante que les clients peuvent utiliser.

L'image de longue durée d'une piste des satellites Starlink de SpaceX passant au-dessus de l'Uruguay le 7 février 2021. Starlink fournit un accès Internet par satellite à plus de 54 pays, y compris des régions rurales et éloignées du Canada.
Photo : Getty Images / Mariana Suarez/AFP
Elle espère que toutes les parties intéressées feront des efforts pour être un peu plus créatives
en ce qui concerne la prestation de services dans le Nord de l'Ontario.
Nous devons utiliser des technologies qui sont un peu à gauche du centre, mais ce sont les moyens par lesquels nous allons connecter tout le monde
, a conclu Mme Church.
Avec les informations de CBC