Feux de forêt : Québec demande à la population d’éviter de circuler en forêt

La Municipalité de Chapais, en Jamésie, a publié cette photo d'un brasier qui menace la ville, mercredi.
Photo : Ville de Chapais
En raison de la chaleur et du temps sec, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts et le ministère de la Sécurité publique demandent la collaboration du public pour éviter ou restreindre le plus possible les déplacements en forêt au cours des prochains jours.
La recommandation s’applique partout et dans toutes les régions du Québec, précise le gouvernement. Elle a pour but de diminuer les risques d'incendie, de faciliter les opérations de la SOPFEU et d'assurer la sécurité publique
, peut-on lire dans un communiqué.
Cet avis préventif s’ajoute à une interdiction de faire des feux à ciel ouvert en forêt ou à proximité de zones boisées sur l’ensemble du territoire québécois. Une mesure décrétée mardi à cause de l’indice d’inflammabilité extrême dans les forêts de la province en raison du temps très chaud et sec.
Cette incitation à limiter les déplacements survient alors que la saison de la pêche et du plein air s’installe en force dans les forêts de la province.

Des avions-citernes de la SOPFEU ont été déployés au nord de Sept-Îles en raison d'un important brasier qui sévit près du chemin de fer QNSL, près de la rivière Nipissis.
Photo : SOPFEU
À la Société de protection des forêts contre le feu, tous les sapeurs sont déployés en ce moment sur le territoire pour agir en prévention alors que 95 feux de forêt sont actifs sur le territoire québécois.
L'activité humaine en cause
Actuellement, les feux sont tous causés par l'activité humaine
, explique Stéphane Caron de la Société de protection des forêts contre le feu.
Les principales causes de feu : les mégots de cigarette, c'est encore une très grosse cause de feu; les feux de camp mal éteints, les gens font des feux de camp malgré l'interdiction de faire des feux à ciel ouvert; les fameux brûlages de rebuts aussi... Au printemps, les gens ont tendance à faire le ménage sur le terrain, à brûler les résidus
, résume M. Caron.
Ces trois causes-là présentent 60 % des feux de cause humaine en moyenne, au Québec.
Les parcs de la Sépaq toujours ouverts
Les parcs et réserves fauniques gérés par la Sépaq continueront à accueillir des visiteurs jusqu’à nouvel ordre, mais la sensibilisation à l'importance de respecter l'interdiction de feux à ciel ouvert et à faire preuve de prudence (notamment à la façon dont les fumeurs disposent de leurs mégots) est renforcée
, précise un porte-parole de la société de plein air.
À Chapais, en Jamésie, plus de 500 familles ont dû être évacuées par mesure préventive alors que les pompiers forestiers tentent depuis mercredi d’éteindre un incendie qui se dirige vers la partie sud de la ville. La superficie du brasier est estimée à 2400 hectares.
Des évacuations sont aussi signalées à Rivière-Éternité, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où un incendie d'une vingtaine d'hectares a aussi forcé l'évacuation du secteur Baie-Éternité dans le parc national du Fjord-du-Saguenay.

Le centre de lutte provincial de la SOPFEU est sur un pied d'alerte.
Photo : Radio-Canada / Colin Côté-Paulette
Une cinquantaine de résidents ont aussi été évacués cette semaine à Ferland-et-Boilleau, toujours au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Sur la Côte-Nord, au nord de Sept-Îles, un brasier de plus de 17 000 hectares (170 kilomètres carrés) a entraîné l'évacuation d'une pourvoirie autochtone au confluent des rivières Moisie et Nipissis. Un brasier de 968 hectares brûle aussi à une dizaine de kilomètres au nord de Sept-Îles.
Le feu qui fait rage au nord de Sept-Îles empêche le départ du train de passagers de la compagnie ferroviaire Tshiuetin, prévu pour jeudi en direction de Schefferville. Dans un communiqué, l'entreprise soutient que le feu est extrêmement dangereux
pour le passage du train.
Des incendies sont aussi signalés dans les forêts de La Morandière et de Lebel-sur-Quévillon, en Abitibi-Témiscamingue.
En outre, plusieurs provinces sont actuellement aux prises avec d’importants feux de forêt, notamment l'Alberta, la Saskatchewan, l'Ontario et la Nouvelle-Écosse.
Pour une meilleure prévisibilité climatique
Selon Philippe Gachon, professeur de climatologie au Département de géographie de l’UQAM, le printemps de cette année était particulièrement sec. La semaine dernière, on avait encore des températures négatives, puis quatre jours plus tard il faisait 27 degrés
, rappelle l’expert. Le combustible en forêt est extrêmement inflammable, surtout en début de saison [...] donc le risque d’incendie est très élevé.
En entrevue avec Anne-Marie Dussault à l’émission 24.60, il s’inquiète de l’ampleur de la sécheresse
qui sévit de l’ouest à l’est du Canada. L’ensemble du pays va se retrouver avec des risques de feux extrêmement importants, dit-il, et si jamais on a des canicules comme cela s’est produit ces dernières années, ça peut prendre une ampleur inusitée.

Face à ce phénomène, il faut, selon lui, développer les outils de prévisibilité climatique afin de mieux se préparer avant l'arrivée de l’été. Tout est en train de changer avec les changements climatiques, c’est pour cela que ça prend de la surveillance, mais aussi des outils pour être capable de mieux anticiper tous ces changements
, explique-t-il.