Soccer Ontario équipe ses arbitres de caméras corporelles

Une cinquantaine d'arbitres seront équipés de caméras corporelles à travers l'Ontario. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Soccer Ontario prévoit de doter ses arbitres de caméras corporelles dès cet été afin de lutter contre les abus physiques et verbaux trop souvent constatés lors des matchs. Une cinquantaine d'officiels seront ainsi équipés à travers la province.
La mise en place de ce projet-pilote fait suite à une analyse de données d’inscriptions réalisée en fin d’année dernière par Soccer Ontario, qui a constaté une diminution du nombre d’arbitres inscrits.
Ce que nous avons réalisé [après la pandémie], c’est que les joueurs étaient de retour, [...] mais nous avons comparé avec les inscriptions d’arbitres [...] qui ont chuté, l’année dernière, de 50 %. Avant la pandémie, nous avions 8300 officiels et nous sommes arrivés à 42 % de cela au début de l’année passée
, explique le directeur général de Soccer Ontario, Johnny Misley.
La principale raison de ces départs massifs serait les abus physiques et verbaux dont sont victimes les arbitres, selon lui. Un phénomène qui aurait été amplifié par la pandémie.
Présent dans le milieu du sport depuis plus de 30 ans, M. Misley rapporte que les agressions d’arbitres représentent un fléau depuis des décennies, et pas seulement dans le soccer. Différentes pistes de solution auraient ainsi été explorées afin d’y remédier, dont l’implémentation de caméras corporelles à même les arbitres.
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Une mesure inspirée des méthodes policières
Alors que la mise en œuvre des caméras corporelles est l’une des quatre tactiques de la campagne Pas d’arbitre, pas de match
, ébauchée lors de la saison dernière, M. Misley indique qu’elle a été inspirée par les méthodes des services de police.
Quand nous étions à étudier les solutions l’an passé, une personne a suggéré : "regardez ce que les caméras corporelles ont fait pour la communauté policière". Nous avons des bénévoles qui sont des officiers de police actifs ou retraités, et nous avons commencé à les interroger sur le fonctionnement [de ces dispositifs] dans la communauté policière.

Johnny Misley est le directeur général de Soccer Ontario.
Photo : Radio-Canada
L’association provinciale de soccer s’est ensuite penchée sur ce qui se faisait en la matière à l’étranger, pour découvrir que ce type de projet-pilote avait également été déployé en Angleterre, et plus récemment, en Australie.
Si l'implémentation des caméras corporelles devrait donc contribuer à dissuader les joueurs et les parents les plus récalcitrants de s’en prendre aux arbitres, M. Misley ne s’en réjouit toutefois pas pour autant.
N’est-ce pas juste triste de devoir considérer, dans le sport amateur, de mettre des caméras corporelles sur les arbitres ? Ça remet les choses en perspective, mais je crois que cela agit comme une détermination visuelle, [...] en plus de nous donner des données pour nous aider à récolter des preuves pour la discipline.
Pas de dispositif semblable en Outaouais
De l’autre côté de la rivière des Outaouais, la mise en œuvre des caméras corporelles sur les arbitres a reçu un accueil plutôt mitigé. S’il pense que ce type de dispositif peut s’avérer utile à des niveaux compétitifs, le directeur général de Soccer Outaouais, Richard Gravel, n’y voit pas nécessairement d’utilité pour des niveaux plus faibles.
Au niveau où l'on joue, comme le récréatif, le local, le AA, le AAA, possiblement qu’on a des moyens autres. On a donné des orientations au cours des dernières années qui font qu’à un moment donné, ce n'est pas nécessaire de faire cela.
M. Gravel pense qu'équiper de jeunes arbitres avec des caméras pourrait au contraire envoyer le message selon lequel il peut être dangereux d’être arbitre, alors que d'après lui, ce n'est pas nécessairement le cas.

Richard Gravel, directeur de Soccer Outaouais
Photo : Radio-Canada
Interrogé sur l’évolution des comportements agressifs au sein du soccer en Outaouais, ce dernier explique que l'association régionale a plutôt choisi de miser sur la formation, et ce, depuis plus de cinq ans.
Chaque année on doit revenir, on doit réformer les arbitres, on doit donner de la formation aux parents. Soccer Outaouais, on a huit capsules sur la violence verbale et physique envers les arbitres, alors chaque année on repasse cela.
Si l’approche se veut donc davantage préventive en Outaouais, M. Gravel souligne toutefois qu’il n’existe aucune tolérance envers les comportements agressifs. La rapidité des sanctions et la continuité des mesures disciplinaires seraient ainsi les lignes directrices de la politique adoptée.
Une diminution des agressions serait d’ailleurs à constater dans la région, d’après le directeur de Soccer Outaouais, même s’il s’estime conscient de la persistance du phénomène.
Avec les informations d’Ismaël Sy