Le Dr Ildebert Huard coupable d’agressions sexuelles

Ildebert Huard est sorti de la salle d'audience le visage défait, après avoir été déclaré coupable. Il est accompagné de sa conjointe, Jacinthe Berthelot, qui dirigeait la maison de thérapie au moment où les agressions ont eu lieu.
Photo : Radio-Canada / Yannick Bergeron
Le Dr Ildebert Huard, qui a fondé une importante maison de thérapie à Québec, est reconnu coupable d'agressions sexuelles sur cinq femmes venues y traiter leur dépendance à l'alcool ou aux drogues.
Le fondateur de la Villa Ignatia est ressorti le visage défait de la salle d'audience après avoir entendu le juge rejeter la défense de celui qui vient d'avoir 94 ans.
Si, lors du procès, le sérieux des traitements offerts à la maison de thérapie a été souligné, les témoignages ont toutefois levé le voile sur les agissements du Dr aux mains baladeuses
.

Le Dr Ildebert Huard au côté d'un buste le représentant à la Villa Ignatia, qu'il a fondée en 1983. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Ildebert Huard s'est défendu en niant certains gestes reprochés, ou encore en assurant qu'ils avaient été faits dans un contexte thérapeutique, pour tisser des liens d'amitié.
En plus de flatter les cuisses des victimes, il a aussi touché aux fesses de certaines entre 2017 et 2019.
Aveugle de naissance d'un œil et ayant une très faible vision de l'autre, Huard disait avoir pu toucher certaines plaignantes « par accident ».

Ildebert Huard lors de son procès, en décembre 2021. Il est accompagné de son avocate, Me Susan Corriveau.
Photo : Radio-Canada / Yannick Bergeron
Comme une des plaignantes a menti lors de son témoignage, le juge a prononcé un arrêt des procédures dans son cas, même si elle avait filmé son agression.
La femme avait tenté de monnayer son silence sur les attouchements, réclamant 50 000 $ pour ne pas porter plainte à la police.
Lors du procès, elle a nié avoir réclamé l'argent, avant de reconnaître par la suite avoir tenté de négocier son silence.
Qualifiant sa conduite de répréhensible
, le juge a ordonné l'arrêt des procédures pour préserver l'intégrité du système de justice
.
Vidéo éloquente
Même si le Dr Huard n'a pas été condamné pour cette plaignante, la vidéo qu'elle a tournée a servi à le faire condamner pour les autres victimes.
Sur les images, on peut voir Ildebert Huard faire des attouchements à la jeune femme, ce qui démontre la conduite du Dr décrite par les autres victimes.
Ayant accepté la preuve de faits similaires présentée par Me Geneviève Corriveau, de la poursuite, le juge s'est appuyé sur la vidéo pour déterminer la culpabilité de l'accusé.

Me Geneviève Corriveau, procureure du Directeur des poursuites criminelles et pénales
Photo : Radio-Canada
À la fin de l'audience, le juge Tremblay a souligné la détermination et le courage des victimes. Au total, huit femmes avaient porté plainte contre le Dr Huard.
Le juge a prononcé un acquittement dans le cas d'une plaignante puisqu'il n'était pas convaincu que le geste posé était de nature sexuelle.
Dans un autre cas, un acquittement s'est aussi imposé puisque la présumée victime ne s'est pas présentée pour témoigner au procès.
La cause reviendra à la cour au mois de septembre pour la détermination de la peine du Dr Huard concernant les cinq victimes pour lesquelles il a été déclaré coupable.