PFR à Saint-Félicien : la décision d’écarter l’option de la rivière Ashuapmushuan saluée

La rivière Ashuapmushuan traverse Saint-Félicien.
Photo : Radio-Canada / Chantale Desbiens
Une dizaine d'élus et organisations du Lac-Saint-Jean saluent la décision du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, des Forêts et des Parcs (MELCCFP) de prioriser la rivière Mistassini plutôt que la rivière Ashuapmushuan pour les déversements de l'usine de Produits forestiers Résolu de Saint-Félicien de façon permanente.
Ils se sont prononcés dans une lettre signée notamment par le maire de Saint-Félicien, Luc Gibbons, la directrice générale du Cégep de Saint-Félicien, Sylvie Prescott, ainsi que par les trois préfets du Lac-Saint-Jean, Luc Simard, Yanick Baillargeon et Louis Ouellet.
Plus tôt cette semaine, le ministère a autorisé des déversements dans l'Ashuapmushuan le temps de faire des travaux de nettoyage et d’entretien de la conduite utilisée et d'étudier s'il est possible de la réparer.
Pour une fois que nous ne sommes pas obligés de partir en guerre pour régler un dossier de cette nature là, c'est sûr qu'on est bien contents
, s’est réjoui Marc Archer, directeur général de la Corporation LACtivité Pêche Lac-Saint-Jean (CLAP), qui ne fait cependant pas partie des signataires.

Le directeur général de la Corporation de Lactivité pêche Lac-Saint-Jean, Marc Archer
Photo : Radio-Canada / Gabrielle Morissette
En ce moment, les rejets de l’usine de PFR sont acheminés via une conduite vieillissante de 14,2 kilomètres, appartenant à Québec. Elle aboutit dans la rivière Mistassini, plus à l'est.
Une question de températures
Deux types de rejets sont émis, soit des eaux de lavage et de refroidissement.
Elles ne sont pas véritablement contaminées, mais quand elles sortent à l'autre bout elles sortent à 65 degrés Celsius. S'il fallait que les eaux de refroidissement soient déversées directement dans l'Ashuapmushuan, en plein été, quand l'eau de la rivière atteint déjà 22-23-24 degrés Celsius, avec le réchauffement climatique en plus, ça aurait probablement un impact négatif majeur sur la montaison de la ouananiche dans la rivière
, a-t-il expliqué.
Le MELCCFP a pris cette décision, après avoir consulté un avis scientifique de chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) qui précise l'impact de la température et des sédiments sur les poissons dans l'Ashuapmushuan, qui a le statut de réserve aquatique projetée.
La conduite qui va dans le lac Saint-Jean ne bloque pas l'embouchure de la rivière Mistassini. À ce moment-là, les poissons peuvent contourner cet endroit alors que dans la rivière Ashuapmushuan, ça pourrait vraiment créer une barrière à la migration des poissons
, a précisé Pascal Sirois, directeur de la Chaire de recherche sur les espèces aquatiques exploitées.

Pascal Sirois est le directeur de la Chaire de recherche sur les espèces aquatiques exploitées.
Photo : Radio-Canada
Le regroupement était allé en ce sens dans une lettre envoyée au ministère en mars dernier.
Il attend avec impatience les résultats de l'étude de faisabilité et d'autres développements.
Il semble y avoir des discussions ou des négociations entre le ministère de l'Environnement, la direction des barrages et Produits forestiers Résolu, pour réduire le volume des rejets industriels et améliorer leur qualité aussi, a indiqué Marc Archer en se basant notamment sur le communiqué publié lundi. Présentement, c'est déversé dans l'embouchure de la rivière Mistassini. Il y a quand même pas mal de gens qui vivent près du site de déversement entre autres sur la pointe de Saint-Méthode. Ces gens-là souhaitent que ces effluents-là soient traités davantage.
Des options
Selon Marc Archer, il ne serait pas impossible que le gouvernement injecte des sommes pour mettre au point un système de traitement plus efficace et moderne en partenariat avec l'entreprise.

L'usine de Produits forestiers Résolu à Saint-Félicien.
Photo : Radio-Canada / MIreille Chayer
Si la conduite est à refaire, le gouvernement va payer la reconstruction de la conduite et là, il y a des montants qui ont circulé 30, 40-50 millions… S'ils ne la refont pas et qu'ils la réhabilitent, peut-être que cet argent-là qui était prévu pour une conduite neuve, ils peuvent peut-être la mettre sur la table pour que conjointement, l'entreprise et le gouvernement, améliorent le système de traitement pour diminuer le volume des rejets industriels et améliorer la qualité
, a-t-il avancé.
En plus des options d'une conduite réparée ou d'une toute nouvelle, il existerait une autre possibilité, soit de trouver une façon de réutiliser l'eau de l'usine, comme il se fait déjà en Norvège.
D’après un reportage de Laurie Gobeil