Cinq cennes pour une histoire : Sudbury reçoit les conteurs du Canada

Patrick Breton est président du comité organisateur du 30e congrès des Conteurs du Canada.
Photo : Radio-Canada / Chris St-Pierre
Le Grand Sudbury accueille cette semaine le 30e congrès des Conteurs du Canada qui a pour thème: « Un sou pour ta pensée, cinq cennes pour une histoire ».
Près d’une vingtaine d’ateliers pour débutants et vétérans se tiennent en français et en anglais jusqu'à dimanche à la Place des Arts.
J’essaie beaucoup de montrer que Sudbury est une ville bilingue et qu’on peut avoir des ateliers en français tout au long [du congrès]
, explique Patrick Breton, président du comité organisateur et directeur général du Centre franco-ontarien de folklore.
Selon lui, la culture locale, l’histoire des nombreux organismes francophones et la fameuse météorite qui s'est écrasée dans la région il y a environ 37 millions d'années se prêtent toutes à la création de contes.
Le congrès débutait mercredi avec des ateliers d’une journée, auxquelles participaient plus d’une trentaine de conteurs. L’objectif : apprendre à bien se préparer, à raconter avec son corps et la création d’une présentation sur scène.

Une trentaine de personnes ont participé aux premiers ateliers mercredi matin.
Photo : Radio-Canada / Chris St-Pierre
Au total, M. Breton s’attend à recevoir plus de 75 conteurs de partout au pays.
En plus de présenter des ateliers et des activités, le congrès prête la scène à des artisans de la musique et des mots.
Le groupe franco-ontarien Bilinguish Boys, formé de Stef Paquette, Dayv Poulin et Édouard Landry, de même que Murmures de nature, Treasure Room et Un univers d’histoires se livreront en spectacle.
Place aux retrouvailles
Il n’aura fallu que quelques secondes pour que les discussions s’entament entre participants réunis dans le centre-ville du Grand Sudbury.
Les gens commencent déjà à se raconter des histoires et à échanger. J’accompagnais deux dames qui arrivaient de l’aéroport et ça parlait déjà de projets
, raconte M. Breton.
Nicole Fournier, conteuse de la région d’Ottawa-Gatineau, avait hâte de retrouver son milieu après plusieurs années de pandémie.

Nicole Fournier est conteuse d'histoires depuis plus d'une décennie. Elle tire plusieurs de ses récits de ses années vécues sur les brise-glace de la Garde côtière canadienne.
Photo : Radio-Canada / Chris St-Pierre
On a tous été tellement isolés les uns des autres
, se souvient-elle. J’en ai des frissons juste à parler du fait d’être face à face avec les autres conteurs du Canada
, ajoute-t-elle.
J’ai rencontré beaucoup de monde [pendant la pandémie], mais c’était dans un environnement virtuel
, ajoute l’Acadienne Laurie Giffin, qui raconte des histoires depuis 7 ans.
C’était important pour moi d’avoir un contact réel avec ces personnes-là
, poursuit celle qui est issue d’une famille de conteurs.
À lire aussi :
L’avenir du conte
La tenue du congrès est une occasion pour les conteurs d’échanger et de découvrir de nouvelles techniques.
On n’est pas là pour être en spectacle
, indique Pascal Guéran, animateur d’atelier et conteur depuis plus de 30 ans. On est là pour apprendre ou pour se redécouvrir et pour explorer de nouvelles possibilités
, ajoute-t-il.
Il y a un esprit d’ouverture. Il y a un côté simple, ça ne s’arrache pas la tête. J’aime ça.
Pour lui, l’art de raconter est en pleine évolution et croit que l’arrivée d’une nouvelle génération de conteurs en est la cause.

Pascal Guéran est un conteur originaire de la Belgique.
Photo : Radio-Canada / Chris St-Pierre
On mélange poésie, histoires, slam et des univers. Les jeunes aiment se tourner vers des univers plus actuels. Ils sont moins dans les histoires traditionnelles
, explique M. Guéran. Ils vont aussi bouleverser la façon de présenter les choses
, martèle-t-il.
Lui et plusieurs autres conteurs expérimentés offrent des cours et des activités sur divers sujets durant le congrès.
Selon Nicole Fournier, Il n’y a pas de règles dans les contes. Il faut être soi-même.
Nous sommes des personnalités humaines. On raconte avec ce qu’on est.
Laurie Giffin dit avoir apprécié la randonnée tenue mercredi matin visant à montrer comment se fier à ses sens pour raconter.
C’est une partie importante du processus créatif
, affirme-t-il.
Le 30e congrès des Conteurs du Canada se tient jusqu'au dimanche 4 juin.