La Haute-Gaspésie se prépare en vue du plan de rétablissement du caribou
Écologistes et experts s'entendent sur des actions décisives qui s'avèrent nécessaires afin d'empêcher la disparition du caribou montagnard de la Gaspésie.
Photo : iStock
Le préfet de la MRC de la Haute-Gaspésie, Guy Bernatchez, est satisfait de l’ébauche du plan de rétablissement du caribou forestier qu’il a pu consulter. Il soutient que la cohabitation prévue n’aurait pas d’impacts majeurs sur l’industrie forestière et le développement récréotouristique.
Il ajoute qu’il y aura toujours des gens déçus tant sur le plan de l'économie que sur celui de l'écologie. Il faut trouver un juste milieu pour le caribou. On a la responsabilité de faire quelque chose pour le sauver, pour le protéger
, déclare-t-il.
Le préfet de la MRC Haute-Gaspéie Guy Bernatchez se dit satisfait des documents préliminaires qu'il a pu consulter. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Selon lui, le plan interdirait l'exploitation forestière et les claims miniers sur des milliers d’hectares autour du parc de la Gaspésie. Autour du parc de la Gaspésie, on sait que l'industrie forestière et l'aménagement forestier vont être proscrits, tout comme les claims miniers
, assure le préfet.
Le porte-parole du Comité de protection des monts Chic-Chocs, Louis Fradette, avoue qu'il serait très heureux que l’exploitation minière soit exclue de l’aire de protection du caribou. Si ce que Guy Bernatchez a vu se concrétise, on s’en va dans la bonne direction
, affirme-t-il.
M. Fradette ajoute qu’il a très hâte de connaître le plan de rétablissement du caribou forestier qui sera déposé d’ici fin juin par le gouvernement.
Avec les milliers d’hectares de territoire du Québec, la province a les moyens de faire de l’aménagement forestier durable et du récréotourisme, en plus de protéger cette espèce vulnérable emblématique, selon le préfet Bernatchez.
À écouter :
Entrevue avec le préfet de la MRC de la Haute-Gaspésie, Guy Bernatchez (Nouvelle fenêtre)
L’approche d'aménagement intensif de production ligneuse (AIPL) que l’industrie forestière applique depuis des années dans la région a pour conséquence que l’impact du plan du gouvernement sera pratiquement nul par rapport au volume qui est fourni aux usines de la Haute-Gaspésie, selon lui.
Développement récréotouristique
Par ailleurs, la MRC avait des inquiétudes quant aux effets du plan de rétablissement sur le développement récréotouristique des Chic-Chocs.
Le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques, Benoît Charette, avait promis de rencontrer les élus avant le dépôt du plan de développement récréotouristique de la région.
Cette rencontre devait avoir lieu en mars dernier, en Haute-Gaspésie, mais c'est finalement une petite délégation de la région qui s’est rendue il y a quelques jours à Québec pour discuter avec le ministre.
D'après M. Bernatchez, le ministère de l’Environnement se montre très ouvert aux projets de la Haute-Gaspésie. On entend souvent les mots ''gestion dynamique''. Cela signifie apprendre à cohabiter avec le caribou le mieux possible, sans que le territoire devienne une cloche de verre
, affirme Guy Bernatchez.
Il mentionne que pour le ski hors-piste, par exemple, l’approche privilégiée consisterait à fermer ponctuellement des portions de territoire quand une harde de caribous s’y trouve. Ce que j’ai aimé entendre pendant la rencontre, c’est qu’il [Québec] régionalise son plan. On craignait qu’il y ait des mesures mises en place pour toute la province, mais on sait que les particularités de chaque région du Québec avec les caribous sont bien différentes
, souligne-t-il.
Le but de la rencontre était d'aller présenter les inquiétudes ou les préoccupations du milieu en lien avec le prochain plan de rétablissement du caribou forestier, explique Simon Deschênes.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Le maire de Sainte-Anne-des-Monts, Simon Deschênes, faisait partie de la délégation qui a rencontré le ministre. Il rappelle que sa ville a vu la fermeture de la scierie Pékan, au début des années 2000, pour la protection du caribou : 80 emplois ont été perdus.
On a des inquiétudes. On ne veut pas faire les frais de la situation au chapitre d’emplois qui pourraient être mis en jeu.
Sans dire qu’on ne veut pas protéger le caribou, je pense qu’il est essentiel d’avoir une formule hybride permettant de cohabiter tout en continuant à faire du développement durable
, estime Simon Deschênes.
Guy Bernatchez rappelle que le gouvernement fédéral surveille attentivement ce dossier. Le provincial n’a d'autre choix que d’arriver avec un plan qui est solide pour la protection du caribou
, observe le préfet.
Le gouvernement du Québec veut déposer son plan de redressement du caribou forestier d’ici fin juin.
