La Première Nation de Little Grand Rapids réclame le départ de l’Église catholique

Arul Savari était prêtre à l'église catholique St. John the Evangelist à Little Grand Rapids. Cette photo a été publiée sur sa page Facebook en décembre 2018.
Photo : Facebook/Arul Savari
Des membres de la Première Nation Little Grand Rapids veulent que l’Église catholique quitte la communauté, après que des accusations d’agression sexuelle sur une mineure ont été portées contre un prêtre.
Avertissement :
Ce texte contient des informations à propos des allégations d'agression sexuelle qui pourraient choquer les lecteurs.
Selon le chef de la Première Nation de Little Grand Rapids, Oliver Owen, ce souhait a été exprimé lors d'une rencontre du Conseil de bande, mardi.
Cette rencontre s'est tenue après qu'un cas allégué d’agression sexuelle sur une petite fille de 8 ans eut été signalé. Cet acte aurait été commis par le prêtre Arul Savari, qui travaillait dans la communauté depuis six ans.
J'ai évoqué le sujet de ce prêtre à la rencontre du conseil de bande. La communauté a tout de suite dit qu'elle ne veut pas que cette personne revienne ici et qu'elle veut que l'Église s'en aille aussi.
Oliver Owen dit que deux autres églises desservent la communauté et que, si l’Église catholique se retirait comme le désirent les résidents, l’impact serait minimal.
Nous avons nos propres églises locales ici
, fait-il valoir. Des membres de la communauté dirigent ces églises. Ce n'est pas comme si nous allons nous retrouver sans église.
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L’Église devrait s’excuser
C'est difficile à imaginer. Je suis un peu à court de mots
, affirme Oliver Owen. C'est choquant et je pense que l'Église catholique devrait venir à Little Grand Rapids pour s'excuser.
Par voie de communiqué, l’archidiocèse de Saint-Boniface a affirmé mardi qu’Arul Savari avait été suspendu de toute activité ministérielle dans l’archidiocèse
et que tout contact avec d’anciens paroissiens et enfants lui était interdit.
L’archidiocèse n’a toutefois pas précisé s’il maintiendrait une présence dans la communauté.
En point de presse mardi, le responsable des opérations criminelles par intérim de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Scott McMurchy, a affirmé que d’autres victimes potentielles d’Arul Savari avaient été identifiées.
La communauté a pris connaissance de l’enquête en cours, ce qui a fait en sorte que d'autres personnes ont contacté la GRC
, a-t-il expliqué.
Selon les enquêteurs, Arul Savari avait une résidence à Winnipeg et faisait des allers-retours entre Little Grand Rapids et Pauingassi. Il est possible qu'il y ait d’autres victimes dans cette deuxième communauté.

Les Premières Nations de Little Grand Rapids et de Pauingassi sont des communautés éloignées de l'est du Manitoba. Selon la GRC, l’agresseur présumé travaillait comme prêtre dans les deux communautés.
Photo : Radio-Canada
CBC/Radio-Canada a tenté de contacter le chef de Première Nation Pauingassi, mais sans succès.
Membre du conseil de bande de Pauingassi, Benson Pascal affirme qu'Arul Savari n’avait pas passé beaucoup de temps dans cette communauté. Le prêtre s’y rendait, selon lui, pour entretenir une résidence appartenant à l’Église.
Un comportement prédateur pendant des générations
Dans un communiqué envoyé mardi, le grand chef de l'Organisation des chefs du sud du Manitoba, Jerry Daniels, dit offrir son soutien à la fillette concernée.

Selon Jerry Daniels, les dirigeants de l'Église catholique ont beaucoup de travail à faire pour rétablir les relations avec les Premières Nations.
Photo : Radio-Canada / Jeff Stapleton
Les Premières Nations ont malheureusement connu un comportement prédateur pendant des générations en ce qui concerne les églises
, déclare-t-il.
Les dirigeants de l'Église catholique ont beaucoup de travail à faire pour rétablir les relations avec nos nations.
La grande cheffe de l'Assemblée des chefs du Manitoba, Cathy Merrick, déclare par voie de communiqué que les allégations pourraient se répercuter sur l'ensemble de la communauté.
Nous avons encore des survivants des pensionnats qui ont subi des violences similaires, et cela peut [raviver des traumatismes] pour ces survivants
, dit la grande cheffe. Mon cœur est avec les habitants de Little Grand Rapids et de Pauingassi en ce moment de tristesse.
L’enquête est en cours, et la GRC demande l’assistance de toute personne ayant des informations. Les personnes concernées peuvent contacter le détachement de Little Grand Rapids de la GRC, au 204 397-2249, ou se présenter dans leurs bureaux.
Il est possible d'accéder à la ligne d’écoute pour les victimes d’agression sexuelle en contactant le Centre de santé communautaire Klinic, au 1 888 292-7565 (en anglais seulement), les Services aux victimes de Justice Manitoba, au 1 866 484-2846, ou Jeunesse, J’écoute, au 1 800 668-6868, TEXTO : 686868.
Avec les informations de Josh Crabb