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Chemin forestier bloqué : Groupe Lignarex prêt à négocier avec le Collectif Mashk Assi

Un homme tient deux affiches en forêt.

Des membres du Collectif Mashk Assi ont bloqué un chemin forestier dans la réserve faunique des Laurentides mardi.

Photo : Radio-Canada / Roby St-Gelais

Le directeur général de Groupe Lignarex, Éric Rousseau, confirme que son entreprise a arrêté ses opérations forestières dans la réserve faunique des Laurentides pour respecter le blocus mis en place par le Collectif Mashk Assi mardi. Il se dit prêt à négocier avec ce regroupement qui dit avoir des droits ancestraux sur ce territoire situé au sud de Saguenay.

En journée, une dizaine de membres innus ainsi que quelques Atikamekw ont bloqué l’accès à un chemin forestier à la hauteur du km 216. C’est ce qu’ils avaient menacé de faire dimanche, comme le rapportait Radio-Canada, annonçant des procédures judiciaires si les coupes forestières ne cessaient pas à partir du 30 mai au nord de la réserve faunique des Laurentides et dans le bassin versant du lac Kénogami au Saguenay, dans le secteur de la rivière Pikauba. Un campement a été établi pour la nuit.

En fait, on a eu un blocus, comme tout le monde l'a entendu. Notre position à ce moment-là, bien, la première position, c'est de protéger nos travailleurs parce qu'on ne peut pas envoyer nos travailleurs sur le chemin. Puis il y a des risques pour eux, alors c'est la protection de nos travailleurs. Ce qu'on a fait aujourd'hui, c'est qu'on a arrêté les coupes forestières, puis vraiment notre état d'esprit, je pourrais dire, c'est vraiment de parler avec cette communauté-là, a d’abord lancé Éric Rousseau lors d’un entretien accordé en soirée.

Le territoire visé est considéré comme celui de leurs ancêtres par les membres du collectif.

Clairement, on a déjà émis dans notre avis d'expulsion des éléments juridiques qui indiquent clairement qu'on a des droits ancestraux qui n'ont pas été reconnus, qui n'ont pas été respectés. On n'a pas eu de consentement libre et éclairé. Si on regarde notre position, ça va toujours demeurer ferme, jamais on n'a consenti à aucune coupe sur ce territoire, a plaidé en journée Michael Paul, porte-parole du Collectif Mashk Assi.

Des planches préparées par Lignarex.

Groupe Lignarex est basé à Saguenay

Photo : Radio-Canada / Gilles Munger

Cet arrêt des opérations forestières a coïncidé avec une restriction de travaux en forêt annoncée par la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). Il était alors fortement recommandé aux compagnies forestières de cesser leurs travaux en forêt de midi à 20 h, comme c’était le cas depuis dimanche, et de 8 h à 20 h à partir de mercredi.

Éric Rousseau assure que l’avis de la SOPFEU n’a joué aucun rôle.

Oui, absolument, on pourrait reprendre les travaux [de nuit] parce que c'est permis par la SOPFEU de le faire, mais on a décidé de ne pas le faire pour vraiment entamer une négociation, une entente avec la communauté qui a des revendications sur le territoire, a-t-il enchaîné.

Positif

Le directeur général s’attend à ce que la situation s’améliore.

Honnêtement, je vois ça positif, parce que je pense que ce qu'ils ont demandé, c'est d'arrêter les coupes forestières. Puis, à ce titre, bien, on a arrêté les coupes forestières. On est prêts à négocier avec eux, puis voir vraiment c'est quoi leurs demandes, puis aller au fond des choses, a-t-il répété.

L’entreprise, qui possède une scierie à Saguenay, devra assumer un certain impact durant l’arrêt des opérations.

C'est environ 20 000 mètres cubes qu'on devrait récolter dans ce secteur-là. Avec le feuillu, ça fait 30 000 mètres cubes. C'est environ à peu près, je pourrais dire, l'équivalent d'à peu près 10 semaines de travail. C'est sûr que de notre côté, bien, il a fallu faire des choix, c'est-à-dire parler avec nos entrepreneurs qui sont là. On espère vraiment qu'ils vont respecter en tout cas, qu'il n'y aura pas de dommages sur les entreprises qui sont là, sur les opérations forestières, a-t-il conclu à l'intention des manifestants.

Le Traité Petapan dénoncé

Le Collectif Mashk Assi n’a pas de lien avec le Conseil de bande de Mashteuiatsh. Une banderole installée sur place dénonçait d’ailleurs le Traité Petapan qui est à intervenir entre les communautés de Mashteuiatsh, Essipit et Nutashkuan ainsi qu’Ottawa et Québec. Une motion unanime a d’ailleurs été adoptée mardi à l’Assemblée nationale pour enjoindre à Québec d'accélérer les négociations qui auraient dû se conclure le 31 mars.

Une banderole rouge sur une clôture en forêt.

Cette banderole apposée sur une clôture dénonce les traités jugés « coloniaux » par les membres du Collectif Mashk Assi.

Photo : Radio-Canada / Roby St-Gelais

Pour un manifestant sur place, le gouvernement doit être plus efficace dans sa réconciliation avec les peuples autochtones.

Ce que je vois venant du gouvernement du Québec, de Legault, c'est qu'il donne des petits gains, un peu de subventions, pour des organismes mineurs, dans le fond, qui ont leur importance, mais par rapport à l'enjeu territorial des droits des Premières Nations, c'est un petit peu d'argent par-ci par-là, mais pour de réels impacts, ça ne les intéresse pas. C'est un gouvernement qui ne veut pas admettre qu'il y a du racisme systémique, a dénoncé André Pikutelekan.

Un appui de l'APLK

Le collectif a aussi reçu l’appui, via un communiqué, de l’Association pour la protection du lac Kénogami (APLK). Cet organisme milite depuis plusieurs années pour la création d’une aire protégée sur ce territoire. Mardi, il a interpellé la ministre responsable du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Andrée Laforest, et la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, pour demander l’arrêt des coupes forestières projetées dans le secteur.

Les revendications légitimes du Collectif Mashk Assi ne sont qu’une nouvelle démonstration de la nécessité de protéger le territoire contre toute exploitation forestière. Le gouvernement doit entendre les préoccupations des Innus et, plus largement, l’appel de la population, a souligné André Douillard, membre du conseil d’administration et porte-parole de l’APLK.

Avec Roby St-Gelais

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