La rue Canada Place portera aussi le nom du navire Komagata Maru

La rue Canada Place à Vancouver portera également le nom honorifique de Komagata Maru Place, selon un vote du conseil municipal mardi.

Cette décision unanime constitue un geste de réconciliation en mémoire des personnes sikhes arrivées sur un paquebot dans l'anse Burrard en 1914 et qui n'ont pas eu le droit de descendre à terre.

Elle faisait aussi l’objet d’une recommandation d’un rapport de la Ville qui souhaitait réparer son tort dans une page sombre de son histoire.

Le vice-président des Descendants de la Komagata Maru Society, Raj Singh Toor, a déclaré qu'il espérait que le nom secondaire contribuerait à faire prendre conscience d'un chapitre honteux de l'histoire en Colombie-Britannique et à construire un avenir plus tolérant.

Nous sommes très heureux, a-t-il déclaré devant les conseillers municipaux. C'est la rue la plus achalandée de Vancouver. Des centaines, des milliers de personnes s'y rendent tous les jours et c'était donc le meilleur endroit, selon ce petit-fils d’un passager du navire.

L'emplacement près de l'eau a été choisi parce qu'il offre aux résidents et aux touristes l'occasion de réfléchir à l'incident, déclare le rapport du personnel de la Ville. Par ailleurs, il se trouve à proximité du monument commémoratif Komagata Maru situé non loin au parc Harbor Green.

Nous ne pouvons pas défaire le passé, mais nous pouvons aller de l'avant.

Le Komagata Maru est arrivé dans l'anse Burrard le 23 mai 1914 après un voyage de deux mois depuis Hong Kong. À bord se trouvaient 376 passagers, pour la plupart des sikhs.

Nombreux sont les passagers de ce navire japonais qui se sont vu refuser le débarquement même s'ils avaient des documents de voyage valides les identifiant comme sujets britanniques et qui avaient des fonds pour payer une taxe d'entrée obligatoire.

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À l’époque, une politique fédérale de voyage continu exigeait que les immigrants venant au Canada arrivent directement de leur pays d'origine. Ce qui était impossible pour les Sud-Asiatiques, car les voyages de l'Inde vers le Canada s’effectuaient avec escale.

Le navire a, par conséquent, été escorté hors des eaux canadiennes par l'armée en juillet 1914. À son retour à Calcutta, en Inde, une émeute a éclaté à son arrivée et 19 passagers ont été tués par la police tandis que d'autres ont été emprisonnés ou assignés à résidence.

Près d’un siècle plus tard, les différents gouvernements ont présenté des excuses officielles à la communauté indienne : d’abord la Colombie-Britannique en 2008, puis le Canada en 2016 et enfin la Ville de Vancouver en 2021.

Les différentes personnes d’origine sud-asiatique qui ont pris la parole à la tribune du conseil municipal n’ont pas manqué de souligner le rôle important qu’a joué Vancouver dans l'incident et qu’aujourd’hui la ville doit en assumer la responsabilité.

Selon elles, il faut prendre davantage de mesures afin de promouvoir un gouvernement et une société antiracistes et gommer toute forme de discrimination.

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Aucun panneau ne sera remplacé

Un nom de rue secondaire signifie que les résidents et les entreprises n'ont pas à changer d'adresse officielle et que les services d'urgence ne sont pas affectés par cette double dénomination. Aucun panneau de signalisation ne sera donc remplacé.

Mais pour Justin Thind, avocat et membre d’une fondation qui se bat contre le racisme, la municipalité aurait dû repousser ce vote, car un nom honorifique est loin de refléter la gravité des faits qu’il commémore.

Le conseil doit se demander si un nom honorifique secondaire constitue un acte de réparation culturelle approprié pour le rôle de la ville dans l'incident du Komagata Maru.

Plusieurs voix se sont exprimées en ce sens et la communauté sud-asiatique espère qu’un jour une rue de Vancouver sera entièrement rebaptisée Komagata Maru.

En attendant, une cérémonie de dévoilement de Komagata Maru Place est prévue plus tard cette année.

Avec les informations recueillies par Alexandre Lepoutre