Photographier la nature pour guérir et faire du bien

Ancienne percussionniste, Catherine Veilleux se réinvente en photographiant le parc de la Gatineau.
Photo : Radio-Canada / Christelle D'Amours / Avec la gracieuseté de Catherine Veilleux
Avant d’embrasser la photographie, l’artiste Catherine Veilleux était percussionniste. Son état de santé l’ayant privée de cette discipline, elle a troqué son djembé contre un iPhone pour prendre de spectaculaires photos de la nature. Le résultat de cet exercice à la fois artistique et thérapeutique est présenté jusqu’au 7 juin à la galerie Old Chelsea.

Exposée à la galerie Old Chelsea, la photo «Topographie» a remporté un prix au concours «Couleur nature 2022» du magazine québécois «Nature sauvage».
Photo : Catherine Veilleux
Il y a eu une brisure dans mon parcours de djembé
, raconte Catherine Veilleux. En raison d’une condition neurologique complexe, difficile à gérer
et de maux de tête, les séances de percussions vont progressivement céder le pas à des balades apaisantes dans le parc de la Gatineau.
J'allais dans le bois pour me faire du bien, pour m'occuper de moi. Je sais qu’on va souvent dans le parc pour s'entraîner, mais j'y allais doucement. Je m’arrêtais plus, j'observais plus. Puis à un moment donné, j'ai trouvé des choses super intéressantes.
Depuis trois ans, elle observe patiemment la nature, multiple les angles de prises de vue, quitte à se coucher par terre. Souvent dans l'eau, carrément
, confie l’artiste. Ça ne me dérange pas, car je découvre enfin une façon de voir cette petite chose qui est unique et qui m'allume
, justifie-t-elle.
Une fois la photo prise, Catherine Veilleux s’assure à l'aide d’un logiciel de restituer ses découvertes, comme les reflets qui se dessinent à la surface de l’eau et les feuilles emprisonnées sous la glace.
Jeux d’eau et de reflets

L’inversion du reflet des arbres dans l’eau donne à cette photo des allures de tableau impressionniste.
Photo : Catherine Veilleux
Catherine Veilleux accorde par ailleurs une grande importance à l’étape de l’encadrement, en appliquant ses photos sur du bois, en les imprimant sur des panneaux métalliques ou encore en utilisant de la résine époxy, pour protéger ses œuvres mais aussi reproduire l’effet de la brillance de l’eau et de la glace.

Autre photo primée par le magazine québécois «Nature sauvage»: «Orpailleur du temps».
Photo : Catherine Veilleux
[La pratique du] Djembé incluait la réparation des instruments que je faisais moi-même à la main
, souligne Catherine Veilleux. J’aimais faire ça, j'en prenais soin. Puis quand je le remettais à mon élève, j'étais heureuse
, se souvient-elle.
L’artiste rapproche cette démarche du travail qu’elle déploie à présent pour ses photos, de leur composition jusqu'à leur aspect final. Catherine Veilleux explique que l’exercice stimule sa créativité, mais se révèle aussi thérapeutique.
Ça me calme car je sens que je suis en train de faire quelque chose de beau avec mes mains.
Cette dernière se réjouit par ailleurs de rendre belle
une œuvre pour la personne qui souhaitera l’acquérir. Ça va la rendre heureuse, ça va lui faire du bien. Et ça me fait du bien. Ça me guérit aussi
, poursuit-elle.
Un grand terrain de jeu

Silhouette de trois canards ou interstices dans la glace laissant découvrir des feuilles mortes? La photographe invite le public à laisser libre cours à son imagination.
Photo : Catherine Veilleux
L’artiste se souvient des Trois canards, la photo qui a démarré cette nouvelle aventure artistique.
Pour elle, cette photographie est une œuvre charnière
. C'est la première fois que je trouvais quelque chose dans la nature où je ne comprenais pas ce que je regardais
, confie l’artiste amusée.
Dès lors, Catherine Veilleux se met à regarder beaucoup plus la glace, les trous d'eau, les flaques d'eau [...] On peut imaginer toutes sortes de choses
, s'enthousiasme l’artiste, se réjouissant d’avoir trouvé un grand terrain de jeu
dans le parc de la Gatineau.
Avec les informations de Christelle D’Amours