Un projet de relais routier divise le conseil municipal de Val-d’Or

Le terrain du projet de relais routier du Groupe Mirault, à l'entrée est de Val-d'Or.
Photo : Radio-Canada / Marc-André Landry
Un projet de relais pour camionneurs à l’entrée est de Val-d’Or ne fait pas l’unanimité à la table du conseil municipal.
Pour lancer son projet, le promoteur Lucien Mirault demande l'autorisation d'y construire un bâtiment comprenant jusqu’à 60 chambres sur 5 étages.
Le règlement d’urbanisme de Val-d’Or avait déjà été modifié en 2021 à la demande du promoteur afin de permettre 3 étages et 40 chambres pour les relais destinés aux camionneurs.
Sa nouvelle requête n’a pas reçu l’appui du Comité consultatif en urbanisme (CCU), ce qui a incité quatre conseillers à voter contre le projet de règlement, le 15 mai dernier. La résolution a cependant été adoptée quand la mairesse Brindamour a brisé une égalité de 4-4 autour de la table.
Benjamin Turcotte est l’un des quatre conseillers opposés à la modification du règlement, les autres étant Maxime Gagné, Èveline Laverdière et Lisyane Morin. Il partage la vision du CCU, qui estime que la demande du promoteur vient dénaturer le concept d’un relais pour camionneurs.
Je ne suis pas contre le projet et notre position était de l’adopter comme tel, à 3 étages et 40 chambres. Mais à 60 chambres, on parle plus d’un hôtel que d'un point de services pour les camionneurs.
Et si c’est ça, ce n’est pas la même façon d’analyser le dossier, avec les risques inhérents à un relais routier, de par la présence de combustibles. On comprend l’argument du manque de chambres à Val-d’Or, notamment pour les touristes, mais si on veut un hôtel pour pallier ce manque, c’est plus opportun plus près de la ville et non à l’extrémité
, estime M. Turcotte.

Benjamin Turcotte, représentant du district 1 (Lac Blouin/Centre-ville) au conseil municipal de Val-d'Or.
Photo : Radio-Canada / Marc-André Landry
Le conseiller craint aussi que d’offrir des chambres à l’extérieur de la ville n'ouvre la porte à du navettage (fly-in, fly-out). C’est quelque chose qui nous effraie, lance-t-il. On ne veut pas freiner le développement économique. Les projets de ce promoteur sont habituellement très bien réussis. Mais il faut trouver un équilibre pour ne pas continuer cette mécanique de favoriser le navettage.
Agrandissement nécessaire, dit le promoteur
Le projet de Lucien Mirault est d’ouvrir une station-service multi-énergie, combinée à un relais routier. Il estime que l’agrandissement de son projet est nécessaire pour en assurer la rentabilité.
C’est la conclusion à laquelle j’arrive après consultation avec mes conseillers financiers et dans l’industrie, affirme l’homme d’affaires. Pour le volet hôtellerie, ça prend un minimum pour la rentabilité. On a déjà 20 chambres à la Place Mirault et c’est saturé. Il manque souvent de chambres à Val-d’Or. Aussi, on demande cinq étages pour garder le maximum de pieds carrés sur les aires de circulation. C’est aussi plus efficace au niveau énergétique, avec les étages qui se chauffent les uns sur les autres.
La mairesse de Val-d'Or, Céline Brindamour, affirme pour sa part être en faveur du changement proposé.
Un relais pour camionneurs a sa place. Oui, on a plein d’hôtels qui sont pas mal toujours combles. Sans dire qu’il y a un souhait, il y a un besoin pour des gens qui viennent à Val-d’Or pour un jour ou deux.
J’ose espérer que ça ne touchera pas la clientèle d’affaires. Je doute vraiment que des gens qui viennent ici pour faire des affaires vont se retrouver dans un relais pour camionneurs
, ajoute-t-elle.

Une partie du conseil municipal de Val-d'Or, dont la mairesse Céline Brindamour, au centre.
Photo : Radio-Canada / Marc-André Landry
Mme Brindamour se dit aussi à l’aise avec la division affichée sur cette question à la table du conseil.
Même si le conseil travaille bien, on a des points de vue différents sur certaines questions, reconnaît-elle. On ne marche pas toujours avec les mêmes idéaux. Je ne veux pas être la mairesse qui gère seulement quand ça va bien et qui va tout cacher. Je suis très à l’aise avec la position des conseillers. Je devais prendre position et je pense qu’on se respecte tous là-dedans.
Consultation publique
Avant d’être adopté, le projet de règlement reviendra à la séance du conseil municipal du 5 juin pour consultation publique. Lucien Mirault dit vouloir attendre la fin du processus avant d’aller plus loin, sans se fixer d’échéancier pour une construction.
On avait arrêté la conception des plans d’architectes en attendant la décision du conseil. On va pouvoir relancer les plans en suivant les paramètres adoptés. On devra aussi regarder les coûts post pandémie, en tenant compte de la pénurie de main-d’œuvre pour construire et opérer. Faire une bâtisse, c’est facile, mais l’opération subséquente, c’est tout un défi
, souligne-t-il.