Steve Moran veut créer un fonds d’urgence pour l’itinérance avec les surplus budgétaires

Le conseiller du district de Hull-Wright et chef par intérim d'Action Gatineau, Steve Moran (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Hugo Belanger
Le conseiller de Hull-Wright, Steve Moran, propose d’utiliser une partie des surplus budgétaires de 2022 pour créer un fonds d’urgence d’un million de dollars, qui serait destiné à la lutte contre l’itinérance à Gatineau. Sa proposition a toutefois suscité plusieurs débats.
M. Moran, le chef par intérim d'Action Gatineau, a fait cette proposition mardi, en marge du comité plénier qui portait entre autres sur les états financiers de 2022 et les manières d’utiliser les surplus dégagés.
Le conseiller est d'avis que les sommes investies actuellement ne suffisent plus à contenir la problématique de l’itinérance qui prend de l’ampleur à Gatineau.
On vit une situation où il y a des dizaines de personnes qui sont rejetées au Gîte [ami] tous les soirs, la Soupe populaire a dû fermer son comptoir le jour au centre-ville
, fait-il valoir. On ne peut pas ne pas agir.
D’où proviennent les excédents budgétaires?
Surplus net de 2022 | 11,6M$ |
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Surplus net de 2021 (qui n’avait pas été dépensé) | 19,9M$ |
Fonds de prévoyance (qui comprend la réserve pour la COVID-19) | 17,5M$ |
Total | 49M$ |
M. Moran aimerait également que le provincial et le fédéral investissent chacun un million de dollars dans ce fonds. Ces sommes seraient entre autres destinées à la création de ressources d’hébergement d’urgence ainsi qu’à l’embauche de personnel.
Le conseiller salue les initiatives qui ont été mises sur pied jusqu’à maintenant pour enrayer la pauvreté, notamment, les investissements pour des logements abordables, mais il note que plusieurs d’entre elles sont des solutions à long terme.
La solution à l’itinérance, c’est du logement abordable. Mais [le fond] dont je parle, moi, c’est pour la situation d’urgence actuelle, pour des gens qui vont coucher dehors ce soir
, précise-t-il.
Les urgences, c’est relatif
, dit Aubé
De son côté, le conseiller municipal de Masson-Angers, Mario Aubé, dit aussi être préoccupé par la question de l’itinérance, mais il est d'avis que d’autres problèmes sont plus pressants.
Les urgences, c’est relatif un peu partout. Et ce matin dans Masson-Angers, ce n’est pas l’itinérance dont on me parle le plus lorsque mon téléphone sonne. Ce sont les routes avec le palmarès de CAA-Québec qui vient de sortir, où j’ai trois rues dans mon district qui sont parmi les pires au Québec
, a-t-il déclaré.
M. Aubé faisait référence au palmarès des pires routes publié mardi matin par CAA-Québec, dans lequel figurent certaines rue de Gatineau, comme la rue Georges. Le recensement est effectué en consultation avec le public.

La rue Georges à Gatineau figure dans le palmarès des pires routes du Québec.
Photo : Radio-Canada / Claudine Richard
Son commentaire a fait sourciller la conseillère du district de l’Orée-du-Parc, Isabelle N. Miron.
Bien sûr, on en reçoit tous des courriels sur [l’état de nos routes], mais les itinérants n’en ont pas de courriels, alors ils ne nous écrivent pas
, a-t-elle dit.
Au passage, Mme Miron a rappelé que c’est justement le manque de financement pour assurer la sécurité qui a mené à la fermeture de la Soupe populaire de Hull. Elle pense d'ailleurs que des situations similaires pourraient être évitées grâce à un fonds d’urgence, comme le propose M. Moran.

Mario Aubé est conseiller municipal du district de Masson-Angers. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Benoit Roussel
La responsabilité du provincial?
La proposition du conseiller Moran a également fait surgir la question des champs de compétence.
Lors de la séance de mardi, tous les élus s’entendaient pour dire qu’il est du ressort du gouvernement provincial de débloquer des fonds pour enrayer l'itinérance, mais M. Moran croit que le problème ne peut plus attendre.
La réalité, c’est qu’on se relance la balle entre nous, mais à moment donné, il y a des gens qui souffrent, là
, dit-il.
Le conseiller du district du Lac-Beauchamp, Denis Girouard, était également du même avis, mais ce dernier avait toutefois certaines réserves. Il se demande si la Ville de Gatineau n’est pas rendue à la limite
de ce qu’elle peut offrir comme services en matière d’itinérance.
Il ne voudrait pas non plus que les initiatives mises en place au niveau municipal mènent à un désengagement des autres ordres de gouvernement.
À un moment donné, le gouvernement provincial regarde ce qu’on fait et il nous laisse aller. Je crois qu’il y a une réflexion à faire là
, fait-il valoir.

France Bélisle, mairesse de Gatineau (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Quant à la mairesse de Gatineau, France Bélisle, elle a indiqué qu’elle avait des conversations très fréquentes
avec le CISSS de l’Outaouais et l’équipe du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant.
Elle n’exclut pas l’idée de créer un fonds d’urgence pour l’itinérance, mais elle ne pense pas que cela doit nécessairement se faire avec les excédents budgétaires.
Faisons-nous confiance. On l’a fait au cours des dernières semaines. On a été capable de débloquer des enveloppes d’urgence
, a-t-elle dit.
Le conseil municipal décidera de la manière dont il compte affecter les excédents budgétaires lors de la séance du 6 juin prochain.