Des acteurs de l’industrie agricole déplorent les défis du secteur en Ontario

Des fermiers déplorent le prix de plus en plus exorbitant des terres agricoles. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Des défis énormes restent toujours à relever dans le secteur agricole, en Ontario. Pénurie de main-d'œuvre, prix exorbitant des terres agricoles, manque de plan de relève pour les fermiers qui prennent leur retraite sont autant de problèmes auxquels il faut trouver des solutions, selon des fermiers.
L’Union des cultivateurs franco-ontariens trouve que la production agroalimentaire se porte relativement bien en Ontario. En 2022, la province a exporté des produits d'une valeur de 23,8 milliards de dollars.
Néanmoins, certains membres de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario demandent que les jeunes puissent avoir accès à de l'aide financière qui leur permettrait de se lancer dans le secteur de l’agriculture, afin d'assurer la relève.

Le prix des terres agricoles est élevé. L'aménagement de l'espace agricole demande des moyens financiers supplémentaires. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Le gouvernement de Doug Ford a mis en place, en novembre dernier, la stratégie Cultiver l'Ontario dans le but de permettre au secteur agroalimentaire de la province d'innover pour connaître du succès.
Cette stratégie vise à accroître la création et l’adoption de l’agriculture de précision et de technologies innovatrices pour améliorer la compétitivité, faire croître les débouchés commerciaux et renforcer le secteur face à d'éventuelles perturbations, y compris environnementales.
La directrice générale de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, Roxanne Lormand, déclare que le milieu agricole en Ontario est en bonne posture. Elle fait savoir que la province a importé plus de denrées à partir de l’année 2021, mais on a exporté aussi davantage
.
On avait, en termes d'exportation agroalimentaire, 19,7 milliards environ de dollars en 2021; puis, en 2022, on a exporté pour 23,8 milliards. Donc, on exporte plus.
Elle s’inquiète toutefois des barrières qui ne facilitent pas la relève en agriculture. Elle estime que 40 % des producteurs prévoient prendre leur retraite, et pense qu’il faut se pencher sur une stratégie d’accompagnement pour les agriculteurs qui cherchent à vendre leurs terres.

Des fermiers déplorent que les grandes chaînes d'alimentation boudent les récoltes de petits producteurs. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Valeur des terres agricoles très élevée
Les préoccupations de Roxanne Lormand sont partagées par le vice-président de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario, Crispin Colvin. Pour lui, les fermiers qui prennent leur retraite vendent leurs biens parce qu’ils ont besoin d’argent pour vivre leur retraite.
M. Colvin indique qu’il est difficile de trouver quelqu’un qui ne va pas, après quelques années, arrêter de le faire
.
La profession d'agriculture, c'est très difficile à cause du prix de la terre […] de l'équipement qu'il faut acheter […] c'est très difficile.
Pour contextualiser, il dit qu’un acre dans sa région coûte environ 40 000 $. Ainsi, pour acheter une terre de 100 acres, on devrait disposer de 4 millions de dollars.
Donner de l’argent aux jeunes
En référence à la récente décision du gouvernement d'investir jusqu'à 13 milliards de dollars dans une nouvelle usine de batteries pour véhicules électriques de Volkswagen à St. Thomas, en Ontario, M. Colvin se demande pourquoi le gouvernement ne ferait pas de même pour les jeunes qui veulent faire de l'agriculture.
Pourquoi une banque gouvernementale ne pourrait pas prêter de l'argent aux jeunes pour acheter des fermes? La différence entre une ferme et quelque chose comme Volkswagen, par exemple, c'est que pour une ferme, si je ne suis pas capable de faire assez d'argent et que je suis obligé de la vendre, la terre retient sa valeur. Alors le gouvernement ne risque rien
, explique-t-il.
L’accès à l'argent pour acheter des fermes, c'est le plus gros défi pour tout le monde qui veut commencer l’exploitation de la ferme.
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Pour que les jeunes puissent se lancer dans le secteur de l'agriculture, Éric Blondin, copropriétaire de la ferme Three Forks Farms sur l’île Manitoulin, suggère qu’ils se regroupent en coopératives.
Des personnes qui veulent devenir agricultrices peuvent se mettre ensemble pour avoir plus de pouvoir économique.
Il déplore les défis auxquels font face les agriculteurs qui cherchent à écouler leurs marchandises alors que « les grosses épiceries ne veulent pas travailler avec de petits agriculteurs, elles veulent travailler seulement avec des mégacompagnies ».
Notre système alimentaire est bâti pour les grosses coopératives, pas pour les petites fermes.
Différentes initiatives visant à aider les nouveaux agriculteurs ainsi que les agriculteurs aguerris à continuer de croître à l’échelle de la province ont été lancées. En particulier, le ministère a créé un portail web, Démarrer une ferme en Ontario — Trousse d’information à l’intention du nouvel agriculteur, qui comprend des renseignements et du soutien concernant le développement des compétences, la planification de l’entreprise, la commercialisation, le transfert d’une entreprise agricole et d’autres sujets pertinents.
Avec les informations de Nicolas Mongeon