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Feux de cuisson et articles de fumeurs sont la plus grande source d’incendies à Montréal

En 2022, le SIM a effectué plus de 11 500 inspections de bâtiments. C'est 40 % de moins qu'en 2021 et 50 % de moins qu'en 2020. Une responsable promet toutefois « une lecture plus juste des risques ».

Les pompiers du Service de sécurité incendie de Montréal en pleine action.

Le Service de sécurité incendie de Montréal compte environ 2400 pompiers, qui ont combattu 1303 incendies de bâtiments en 2022. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Mathieu Wagner

Radio-Canada

Dans son rapport d'activités pour 2022, le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) note avoir reçu un nombre plus faible d'appels en raison de la pandémie. Cela n'a pas empêché le feu de se déclarer dans moult chaudrons et cendriers, comme l'a expliqué le directeur du SIM, Richard Liebmann.

Le SIM a présenté son rapport mardi, lors d'une assemblée de la Commission de la sécurité publique qui permet au public et aux élus municipaux d'interroger la direction du SIM sur ses activités et sur les défis auxquels elle fait face.

Sans citer le cas du violent incendie qui a mobilisé plus de 150 pompiers et qui a dévasté, la semaine passée, le monastère historique du Bon-Pasteur, rue Sherbrooke, le directeur du SIM, Richard Liebmann, a rappelé que 71 % des bâtiments sur le territoire couvert par le SIM ont été construits avant 1980.

Dans le rapport d'activités de ses troupes, le directeur Liebmann écrit que 2022 n'a pas été une année ordinaire, vu la pandémie de COVID-19 : On a tendance à l’oublier, mais on a passé près de la moitié de l’année en mesures d’urgence.

Devant la Commission de la sécurité publique, il a précisé ceci : Au niveau des interventions, 2020 et 2021 ont été biaisées en raison de la pandémie, c'est-à-dire qu'un nombre moins élevé d'appels ont été acheminés aux premiers répondants que sont les pompiers. Toutefois, M. Liebmann constate cette année un retour vers la normalité.

Depuis le début de 2023, au moins deux incendies majeurs ont fait la manchette : celui survenu dans un immeuble patrimonial du Vieux-Port de Montréal, en mars, qui s'est soldé par la mort de sept personnes, et celui au monastère du Bon-Pasteur.

Des pompiers massés dans une rue.

Dans le cas de l'incendie au monastère du Bon-Pasteur, survenu le 25 mai 2023, il a fallu environ 24 heures aux pompiers pour éteindre toutes les flammes du brasier et plus de temps encore pour le maîtriser.

Photo : Radio-Canada / Benoit Gagnon

En 2022, les quelque 2400 pompiers de Montréal ont dû composer avec 1303 incendies de bâtiments, soit sensiblement le même nombre qu'en 2020 et en 2021.

Dans la catégorie autres incendies, le SIM en a dénombré un peu plus de 2500 en 2022, soit un peu moins que pour chacune des deux années précédentes.

Parmi tous ces incendies survenus l'an dernier, une vingtaine d'entre eux ont fait l'objet de trois, quatre ou cinq alertes. À noter que pour 238 de ces incendies, le code 10-7 a été émis, c'est-à-dire qu'il a fallu engager à plein les ressources du SIM.

Le nombre de décès survenus dans des incendies est demeuré relativement stable, bien qu'évidemment, on vise le zéro décès, a dit M. Liebmann.

Ainsi, en 2022, 11 hommes et une femme ont perdu la vie dans des incendies à Montréal. À titre comparatif, l'année précédente, on avait déploré la mort de huit hommes et de cinq femmes.

Feux de cuisson et articles de fumeurs

Les feux de cuisson et les articles de fumeurs demeurent notre plus grande source d'incendies résidentiels.

Une citation de Richard Liebmann, directeur du SIM

Dans les cas d'incendies déclenchés par des articles de fumeurs et par des objets à flamme nue, 60 % d'entre eux se déclarent à l'intérieur. Dans 20 % des cas, le lieu d'origine est un lieu de repos, peut-on lire dans le rapport du SIM.

Plus de 20 % des incendies causés par de l’équipement de cuisine se produisent dans les arrondissements de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

La moitié des incendies causés par des articles de fumeurs sont concentrés dans cinq arrondissements :

  • Le Plateau-Mont-Royal;
  • Ville-Marie;
  • Rosemont–La Petite-Patrie;
  • Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce;
  • Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

Les aînés plus démunis devant le risque d'incendie

Le territoire du SIM couvre 500 kilomètres carrés et abrite une population de 2 millions de personnes, qui est vieillissante. À l'heure actuelle, 18 % des Montréalais sont âgés de 65 ans et plus, ce qui entraîne un certain nombre de problèmes, a souligné Richard Liebmann.

Selon le Conseil canadien de la sécurité (Nouvelle fenêtre) (CSS), la sécurité incendie est une question cruciale pour les aînés qui choisissent de vivre dans leur propre domicile.

Cet organisme non gouvernemental et à but non lucratif affirme que les aînés font face à des facteurs de risque qui n’affectent pas les personnes plus jeunes. Le CSS souligne que les capacités physiques (et parfois mentales) réduites qui sont le lot de certains aînés font en sorte qu’il leur est plus difficile de détecter un incendie et d’y réagir de manière appropriée, ce qui en augmente les risques.

En 2019, la coroner Géhane Kamel avait conclu que le décès d'Hélène Rowley Hotte Duceppe – mère de l'ex-chef bloquiste Gilles Duceppe – était accidentel mais qu'il aurait pu être évité.

Mme Duceppe s'était retrouvée par un froid mordant dans la cour extérieure de son immeuble à la suite du déclenchement d'une alarme d'incendie dans la résidence pour personnes âgées où elle habitait, dans l'est de Montréal. Comme elle souffrait de surdité, elle n'a pas entendu le message indiquant qu'elle n'avait pas à évacuer les lieux. Lorsqu'elle a voulu retourner dans son appartement, elle s'est heurtée à une porte close.

Mieux cerner les risques

Fin avril, des documents obtenus par Radio-Canada révélaient que le bâtiment patrimonial du Vieux-Port de Montréal où un violent incendie avait éclaté un mois auparavant avait fait l'objet de nombreux avis d’infraction du Service de sécurité incendie de Montréal depuis 2009.

Une enquête publique a été déclenchée à la suite de ce drame, qui a coûté la vie à sept personnes.

Par la suite, en mai, une note interne révélée par le Globe and Mail – et dont Radio-Canada a obtenu copie – a mis en lumière le fait que depuis 2018, le SIM ne fournissait plus d’expertise sur les voies d’évacuation des immeubles. Ce n'est qu'après l'incendie mortel du Vieux-Port de Montréal que ce moratoire a été levé.

Le SIM a par la suite précisé que certains types d'anomalies, et non les inspections en général, avaient bel et bien fait l'objet de ce moratoire. Le dossier du bâtiment du Vieux-Montréal avait quant à lui été transmis à la Régie du bâtiment du Québec, et ce, avant que survienne l'incendie mortel.

Mardi, devant la Commission de la sécurité publique, la question de la baisse du nombre d'inspections menées par le SIM a été soulevée par le porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique à Ensemble Montréal, Abdelhaq Sari.

C'est une excellente question, a répondu le directeur Liebmann, qui a assuré que le SIM voulait mieux atteindre son objectif en matière de prévention et de gestion intégrée des risques.

Moins d'inspections qu'avant

Effectivement, on voit une baisse depuis 2017, a pour sa part reconnu Chantal Bibeau, directrice adjointe à la prévention et à la gestion intégrée des risques au SIM. Cependant, un changement s'est amorcé depuis près d'un an, assure-t-elle, et les rapports annuels à venir du SIM permettront d'avoir une lecture plus juste des risques en matière d'incendies à Montréal.

En 2022, le SIM a effectué plus de 11 500 inspections. C'est 40 % de moins qu'en 2021 et 50 % de moins qu'en 2020.

Chantal Bibeau a de plus insisté sur le fait qu'en matière d'inspections, tous les lieux d'hébergement étaient visés en priorité.

Avant, on était axés sur la quantité d'inspections, mais si on inspecte un bungalow, c'est sûr que ça va plus vite que si on inspecte un bâtiment en hauteur plein de personnes âgées, a décrit le directeur Liebmann en point de presse mardi.

Richard Liebmann a affirmé que le SIM oriente désormais ses interventions de prévention sur des cas plus complexes.

Avec les informations de Mathieu Prost

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