Des amateurs de voitures modifiées cherchent des solutions pour vivre leur passion

L’intervention policière menée dans le secteur de l’aéroport de Gatineau vendredi soir a déplu à plusieurs propriétaires de voitures modifiées. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Rebecca Kwan
L’intervention policière menée dans le secteur de l’aéroport de Gatineau vendredi soir n’a pas manqué de mettre en rogne plusieurs propriétaires de voitures modifiées.
Lors d’une opération planifiée et ciblée vendredi soir, le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) et la Sûreté du Québec (SQ) ont mis fin à un rassemblement de 250 personnes où avaient lieu deux courses de rue.
Moi, je trouve que c’est exagéré
, lance un propriétaire de véhicule modifié, Kevin Vézina, quelques jours après l'intervention au cours de laquelle plus d’une trentaine de constats d’infraction ont été donnés.
Le Gatinois prend part, depuis presque dix ans, à des rassemblements à l’endroit où s’est déroulée l’intervention. Ils auraient dû nous en parler avant
, proteste ce dernier. S’ils avaient pu nous en parler avant, on aurait pu s’arranger avec la police.

Kevin Vézina estime que les mesures du SPVG sont exagérées.
Photo : Radio-Canada / Camille Kasisi-Monet
Un autre propriétaire de voitures modifiées, Lukas Lavigne, renchérit sur ce commentaire. Il explique que différents groupes prennent part à ce type de rassemblement, certains y vont simplement pour exhiber leur véhicule, et d’autres, pour faire des conneries
.
Selon ces deux amateurs de véhicules modifiés, il manque des endroits où peuvent se tenir des rassemblements comme celui de vendredi dernier. Il devrait y avoir une deuxième solution, nous allouer une place justement pour faire ça au lieu de toujours nous kick-out
, plaide Lukas Lavigne.

Lukas Lavigne est propriétaire de deux voitures modifiées.
Photo : Radio-Canada / Camille Kasisi-Monet
À l'aéroport, on ne dérange personne
, ajoute ce dernier. On trouvait que c’était un bon coin parce qu'il n'y a pas eu de blessé ou de mort dans les derniers dix ans.
C’est un quartier industriel, donc il y a déjà du bruit
, poursuit le Gatinois. On ne dérange pas autant de monde que dans les quartiers et dans les rues
.
Les policiers de Gatineau ne partagent pas ce point de vue.
Si ces automobilistes pensent qu’ils ne dérangent personne parce que c’est un quartier industriel, ils se trompent
, réplique le relationniste au SPVG, l’agent Patrick Kenney. Le bruit des moteurs que ce genre d'activité engendre et la révolution rapide des moteurs sont audibles à plusieurs kilomètres dans les secteurs avoisinants.
La nuance, explique le policier, c’est que ce ne sont pas les rassemblements qui sont illégaux, c’est ce qu’on fait pendant l’activité qui peut être nuisible et qui peut venir troubler la paix dans des quartiers.
Solutions à long terme
L'entrepreneur mordu de voitures de performance Olivier Benloulou propose quant à lui de revoir la formule
.
Les courses de rue, ça existe, ce n’est pas d’hier
, rappelle-t-il. Faire des interventions comme ça, oui ça va. Mais comme on sait, ils vont juste se déplacer.
Une personne qui est mordue de son sport et qui tripe, il va se déplacer. Quand on veut quelque chose, on est moindrement créatif et on va se trouver un autre endroit.
C’est pourquoi l’entrepreneur songe à leur offrir autre chose, une solution à long terme. Il faut créer des événements pour eux, contrôlés avec des pompiers, ambulanciers, sur des routes ou des aéroports fermés
, propose-t-il. Si ce n’est pas fait, ça va continuer.
M. Benloulou comprend l'amour de la vitesse et de l'adrénaline. Il insiste toutefois sur l'importance de penser au-delà du plaisir instantané.

Olivier Benloulou est un entrepreneur mordu de voitures de performance.
Photo : Radio-Canada
J’ai des amis personnels qui sont décédés [ou] qui sont aujourd’hui en fauteuil roulant
, confie-t-il Si tu as un accident et tu tues quelqu’un, c’est quelque chose qui est absolument horrible, et je connais des personnes qui ont été dans une situation comme ça.
Ça fait 15 ans que je fais des courses de toutes sortes, les accidents, ça arrive, les personnes handicapées, ça arrive, la mortalité, ça arrive, et ça, on n’y pense pas jusqu’à tant que ça arrive à nos proches.
M. Benloulou est d’avis qu’un dialogue s’impose avec la Ville de Gatineau pour tenter de trouver un terrain où les courses et les rassemblements de véhicules pourraient avoir lieu.
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Le conseiller municipal du quartier où se trouve l’aéroport de Gatineau, le district de la Rivière-Blanche, Jean Lessard, n’a toutefois pas de solution en tête.
Il faut regarder la question du bruit, de la réglementation
, réfléchit-il. Comme c’est là, moi, dans mon secteur, je ne vois pas des endroits qui peuvent avoir ce type d’infrastructure là.
M. Lessard qualifie d’ailleurs les courses de rue de source d’inquiétude pour le voisinage
.
C’est assez inquiétant quand il y a des situations comme ça qui se passent
, laisse-t-il entendre. Ça me satisfait que les policiers prennent ça au sérieux.
Avec les informations de Camille Kasisi-Monet