Kosovo : une trentaine de soldats internationaux blessés lors de heurts dans le nord

Des manifestants serbes réclamaient le départ des maires albanais à Zvecan, dans le nord du Kosovo.
Photo : Getty Images / AFP/STR
Une trentaine de membres de la force internationale emmenée par l'OTAN au Kosovo ont été blessés lundi dans des heurts avec des manifestants serbes qui réclamaient le retrait de maires albanais, les médias serbes faisant état de dizaines de blessés parmi les protestataires.
Depuis quelques jours, la situation est très tendue dans le nord du Kosovo, où de nombreux membres de la communauté serbe majoritaire dans quatre villes de cette région ne reconnaissent pas l'autorité de Pristina et sont fidèles à Belgrade.
Les Serbes ont boycotté les municipales d'avril dans ces localités, ce qui a abouti à l'élection de maires albanais malgré la très faible participation, de moins de 3,5 %.
Ces édiles ont été assermentés la semaine dernière par le gouvernement d'Albin Kurti, le premier ministre de ce territoire en très vaste majorité peuplé d'Albanais, faisant fi des appels à l'apaisement lancés par l'Union européenne et par les États-Unis.
Les protestataires serbes qui s'étaient rassemblés en particulier devant la municipalité de Zvecan réclamaient non seulement le retrait des maires albanais mais aussi celui des forces de police du Kosovo, auxquelles ils se sont heurtés.
Les soldats de la KFOR, munis de boucliers et de bâtons, ont initialement tenté de séparer les deux parties en présence avant de commencer à disperser la foule, a rapporté une journaliste de l'AFP.
Des protestataires ont répliqué en lançant des pierres et des cocktails Molotov en direction des soldats avant d'être repoussés à plusieurs centaines de mètres de la municipalité de Zvecan.
Des soldats italiens et hongrois blessés
En contenant les franges les plus actives de la foule, une trentaine de soldats des contingents italien et hongrois de la KFOR ont été la cible d'attaques non provoquées et ont subi des blessures traumatiques avec des fractures et des brûlures dues à l'explosion d'engins incendiaires, a déclaré la KFOR dans un communiqué.
Selon le ministère hongrois de la Défense, plus de 20 soldats hongrois figurent parmi les blessés, dont sept ont été grièvement atteints.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a fait état dans un tweet de 11 soldats italiens blessés.
Ces attaques ont été qualifiées de totalement inacceptables
par l'Alliance atlantique à Bruxelles. L'OTAN condamne fermement les attaques non provoquées contre les troupes de la KFOR dans le nord du Kosovo [...]. La violence doit cesser immédiatement.
Plus de 50 Serbes ont été blessés dans les affrontements, dont deux grièvement, a annoncé la RTS, la télévision d'État serbe. Une autre personne est dans un état critique, selon la même source.
Indépendance non reconnue
La Serbie n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province et des tensions éclatent régulièrement.
En novembre dernier, les Serbes avaient démissionné en masse des institutions locales dans le nord du Kosovo et Pristina avait décidé d'organiser des scrutins municipaux pour tenter de mettre fin au vide institutionnel.
Des incidents s'étaient déjà produits vendredi dans cette région lorsque des maires kosovars albanais étaient allés prendre leurs fonctions accompagnés par la police.
La KFOR a dit avoir renforcé sa présence
dans le nord et a exhorté la Serbie et le Kosovo à reprendre le dialogue qui avait été entamé sous les auspices de l'Union européenne.
Deux équipes de médias de Pristina ont affirmé que des protestataires avaient crevé les pneus de leurs véhicules et les avaient aspergés de peinture.
Moscou se tient aux côtés des Serbes
Au cours d'une visite au Kenya, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dit estimer que les Serbes combattent pour leurs droits dans le nord du Kosovo
.
Le président serbe Aleksandar Vucic avait donné vendredi l'ordre à l'armée de se placer en état d'alerte maximale et de se mettre en mouvement
en direction de la frontière avec le Kosovo, comme cela a été régulièrement le cas ces dernières années.
Une grande explosion menace [de se produire] au cœur de l'Europe, où l'OTAN s'est livrée en 1999 à une agression contre la Yougoslavie
, a poursuivi M. Lavrov, évoquant l'intervention de l'Alliance atlantique contre Belgrade qui a de facto mis fin à la guerre entre les forces serbes et les combattants indépendantistes albanais.
Les poussées de fièvre sont fréquentes dans le nord du Kosovo.
Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne avaient exhorté dès vendredi les autorités du Kosovo à revenir immédiatement sur leur décision
de déployer leurs forces spéciales dans le nord du territoire, ajoutant être aussi préoccupés par la décision de la Serbie de relever le niveau de préparation
de son armée.
Quelque 120 000 Serbes vivent au Kosovo, qui compte 1,8 million d'habitants au total, très majoritairement albanais.