Lévis à la recherche de terrains pour les fournisseurs de Chantier Davie
Le maire de Lévis a un défi de taille. Il devra trouver des terrains pour accueillir des dizaines d’entreprises à proximité de Chantier Davie. Gilles Lehouillier devra aussi repenser le « milieu de vie » qu’est sa ville pour accueillir des milliers de travailleurs.

Des employés de l’usine EBM Laser à Saint-Augustin-de-Desmaures pourraient bientôt travailler à Lévis pour construire des pièces destinées aux futurs brise-glaces de la Garde côtière.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
Le maire de Lévis l’avoue, le décalage horaire le frappe encore de plein fouet. Ses yeux sont un peu plus petits qu'à l'habitude, mais Gilles Lehouillier a tout de même le sourire facile lorsque vient le moment de parler de son voyage en Europe. Il est fraîchement revenu d’une mission en France organisée par l’Association des fournisseurs du Chantier Davie.
Une trentaine d’entrepreneurs et de maires reviennent tout juste d'une visite à des chantiers maritimes européens. Ils comptent s’en inspirer afin de se préparer pour les contrats à venir du gouvernement fédéral sur la Rive-Sud. Bien que des négociations soient encore en cours, Chantier Davie espère obtenir des contrats pour la construction de sept brise-glaces. Le gouvernement du Québec a annoncé en avril investir 519 millions $ pour aider à la modernisation du chantier, qui doit s’amorcer en 2024. Des mégahangars doivent voir le jour sur le sol lévisien.
Il faudra trouver de nouveaux terrains, puisque les chantiers en France nous disent que, règle générale, il faut que les fournisseurs soient le plus près possible de l’installation
, explique le maire.
Près de 1000 fournisseurs répartis partout au Québec seront appelés à travailler pour le chantier une fois les contrats officiellement signés et octroyés par Ottawa. Cependant, vu l’ampleur des pièces à construire et des délais serrés, plusieurs devront déménager sur la rive sud du Saint-Laurent.
[Ce dont] on s’est rendu compte, c’est que 75 % de l’ensemble des travaux sont assurés par des entreprises entourant le chantier!

Le maire de Lévis Gilles Lehouillier revient d’une mission en France sur la construction navale. Son « défi numéro un » sera de trouver des terrains pour de futurs fournisseurs de Chantier Davie.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
En théorie, Chantier Davie espère livrer à la Garde côtière canadienne son premier brise-glace en 2030.
C’est sûr que ça va nous amener une chaîne de fournisseurs qui vont avoir rapidement besoin de sites. Mais on est capable de s’organiser
, lance le maire.
Gilles Lehouillier compte sur le parc industriel et d’innovation pour y trouver des espaces. Pas question de toucher aux terres agricoles, dit-il.
Non, non! On ne touchera pas au zonage agricole. On a l’espace voulu. Mais il faut qu’on s’organise, il faut qu’on agence tout cette arrivée-là.
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Repenser Lévis comme milieu de vie
Le maire de Lévis le répète aussi depuis maintenant des années, le boom économique sera extrêmement important
pour sa ville. Il devra revoir les déplacements en ville, le transport en commun et l’accès au chantier. La pénurie de logements sera aussi au menu.
On parle minimalement de 2500 nouveaux travailleurs qui vont s’ajouter uniquement sur le site du chantier. Mais imaginez les fournisseurs autour!
On va devenir un pôle attractif à l’immigration.
La Ville de Lévis créera aussi un comité de travail stratégique pour appuyer la construction navale chez elle.

Les fournisseurs devront aussi augmenter leur capacité de production de 20 à 30 % pour répondre aux besoins de Chantier Davie. Le défi de trouver de la main-d’œuvre s’annonce ardu.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
S’installer à Lévis : une nécessité
De l’autre côté du fleuve, à Saint-Augustin-de-Desmaures, Gaétan St-Jean revient aussi de France. Le président d’EBM Laser travaille déjà comme fournisseur de Chantier Davie. Il fabrique et découpe des pièces d’acier et d’aluminium. Mais les contrats du fédéral s’annoncent inédits.
Ça va être une obligation d’augmenter notre capacité de production de plus de 20 à 30 %. Et ça, c’est pour l’ensemble des sous-traitants reliés au chantier
, explique le fondateur de l’entreprise.

Gaétan St-Jean est le président et fondateur d'EBM Laser. Il devra transférer une partie de ses activités à Lévis pour répondre aux besoins de Chantier Davie.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc
Gaétan St-Jean a déjà entamé la formation d’employés concernant la robotisation encore plus poussée de son entreprise pour répondre aux besoins de Chantier Davie, mais il devra aussi s’installer à Lévis.
EBM Laser souhaite construire des monocoques de navire. Des immenses pièces de 70 pieds de long et de 15 pieds de haut impossibles à transporter sur le réseau routier et encore moins sur les ponts.
Tout est en train de se développer, explique Gaétan St-Jean en parlant du futur site de son entreprise sur la Rive-Sud. Ça peut être à Lévis, ça peut être sur le chantier, ça peut être à proximité du chantier. C’est un début de discussion.
Le défi est immense pour son entreprise. Il a 100 employés actuellement répartis dans trois petites usines. D’ici cinq ans, Gaétan St-Jean devra se trouver au moins 75 soudeurs pour fournir les commandes de Chantier Davie.
Des entreprises du secteur maritime s’organisent actuellement pour faire des représentations auprès des gouvernements afin de sensibiliser les centres de formation, les cégeps et les universités à la formation de cette main-d’oeuvre.

L’immense hangar d’assemblage permettra de construire les navires à l’intérieur. C’est un des critères les plus importants pour obtenir des contrats du gouvernement fédéral.
Photo : Chantier Davie