La Ville reconnaît avoir détruit trop rapidement un bâtiment patrimonial

Les débris sont toujours sur place au 45 avenue Sainte-Geneviève, six jours après sa démolition
Photo : Radio-Canada
Sans parler de bavure, le maire de Québec reconnaît que la Ville a détruit trop rapidement l’immeuble du 45 avenue Sainte-Geneviève sans avoir obtenu l’autorisation du ministère de la Culture.
Bruno Marchand entend aller chercher des réponses et comprendre pourquoi la procédure établie n’a pas été suivie par les services d’urgence. On admet qu’il faut demander l’autorisation du ministère de la Culture et que ça n’a pas été fait cette fois-ci. [...] On va faire l’ensemble des investigations nécessaires et les communiquer au ministère et aux citoyens
, dit-il.
Le soir du 19 mai, la Ville de Québec a fait appel à ses ingénieurs afin de décider du sort du bâtiment inhabité, dont la structure instable représentait un risque pour la sécurité des citoyens. Cependant, elle n’a pas fait appel à Québec avant de procéder à sa démolition.

Le 45 de l'avenue Sainte-Geneviève a été démoli sous le regard de résidents du secteur.
Photo : Radio-Canada / Steve Jolicoeur
L'édifice du 45 avenue Sainte-Geneviève était situé dans un secteur qui fait partie du patrimoine mondial de l'UNESCO. Le ministère de la Culture donne les pleins pouvoirs aux villes pour gérer ce type de bâtiments patrimoniaux, mais il se réserve les droits liés à la construction ou à leur démolition.
Attendons avant de dire que c’est une bavure. On va faire les investigations nécessaires et si ça en est une, on va le reconnaître. Les autorités ont jugé que l’immeuble mettait en péril la sécurité des citoyens. Ils ont posé un geste. Il n’y a pas eu de mauvaise foi là-dedans
, insiste le maire.
Improvisation
Le chef de l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville accuse la Ville d’avoir improvisé. C’est une décision qui a été prise sur le fly. [...] Ça s’est fait vite. J’ai l’impression qu’il y a des étapes qui ont été sautées. Dans la façon dont on répond depuis que c’est arrivé, j’ai l’impression que le discours change tous les jours
, dit Claude Villeneuve.

Claude Villeneuve regarde les débris devant le 45 avenue Sainte-Geneviève.
Photo : Radio-Canada / Louise Boisvert
Pour éviter de voir une telle situation se reproduire, il veut connaître le fil des événements qui ont mené à la démolition. Il demande, par la même occasion, un inventaire complet des bâtiments inhabités dans la Capitale. Il en aurait 17 000. Il réclame aussi une taxe spéciale imposée aux propriétaires après deux ans d'inoccupation.
Il faut que ça bouge ! On a un joyau ici qui s’appelle le Vieux-Québec, ville du patrimoine mondial. Ça fait en sorte qu’on a une responsabilité particulière
, explique-t-il.
Le maire Marchand affirme que son équipe travaille déjà sur une liste de bâtiments inoccupés et sur une taxe sur ceux-ci.
C’est sûr que ça fait partie de ce qu’on regarde
, précise-t-il.
Le patrimoine étant une responsabilité des municipalités, Claude Villeneuve invite le maire à faire preuve d’initiative auprès du gouvernement en s’assurant que la Ville a les moyens de protéger le site inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Ça prend du financement parce que ça coûte cher de maintenir ces bâtiments-là. [...] On devrait pouvoir aller jusqu’à l’expropriation si le propriétaire ne s’occupe pas de son bien, mais ça coûte cher, ça prend des fonds. Le gouvernement du Québec doit contribuer au financement
, conclut Claude Villeneuve.