Francisation Québec voit le jour pour élargir l’accès aux cours de français

Les ministres Christine Fréchette et Jean-François Roberge présentent le portail Francisation Québec, qui sera implanté à compter du 1er juin pour faciliter l'accès aux services de francisation pour les nouveaux arrivants, mais aussi pour les résidents et les travailleurs du Québec qui ne parlent pas le français, ou qui veulent parfaire leur connaissance de la langue.
Photo : Radio-Canada
Le gouvernement de François Legault instaure le portail Francisation Québec, un guichet unique destiné à simplifier et à faciliter l'accès aux services d'apprentissage du français non seulement pour les nouveaux arrivants et les immigrants, mais aussi pour d'autres clientèles comme les anglophones et les Autochtones.
Alors qu'ils en faisaient l'annonce lundi, les ministres Christine Fréchette et Jean-François Roberge ont salué l'engouement
que suscite la francisation.
Mme Fréchette, ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration (MIFI), a cité des chiffres : en 2021-2022, la clientèle du MIFI s'était accrue de 16 % et en 2022-2023, cet accroissement a atteint 25 %, pour atteindre un sommet de presque 47 000 personnes ayant bénéficié de mesures de francisation. Cette hausse s'explique par la popularité des cours de français à temps partiel dans un contexte de plein emploi et de pénurie de main-d'œuvre.
C'est impressionnant
, a dit Christine Fréchette, qui voit en Francisation Québec le moyen de simplifier le processus, d'harmoniser les services offerts et d'améliorer le service à la clientèle.
À partir du 1er juin, a-t-elle expliqué, il s'agira de l'unique point d'entrée gouvernemental pour les services d'apprentissage du français, pour les personnes, tout comme pour les entreprises
. Francisation Québec accompagnera les individus et les entreprises à partir de l'identification de leurs besoins jusqu'à la réussite de leur parcours en français, dit le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ).
La ministre rappelle qu'en 2017, la vérificatrice générale (VG) avait qualifié de fiasco l'organisation des services de français
.
À l'époque, la VG avait constaté que le tiers seulement des immigrants à qui s'adressait le processus de francisation s'étaient inscrits aux cours du ministère de l'Immigration, entre 2010 et 2013. De plus, plusieurs de ceux qui s'étaient inscrits abandonnaient avant la fin. Et 90 % de ceux qui se rendaient au bout du processus étaient, en réalité, incapables de fonctionner au quotidien en français.
Nous sommes le gouvernement qui aura nommé le déclin du français au Québec et qui aura posé des gestes pour inverser ce déclin
, a déclaré lundi Jean-François Roberge, ministre de la Langue française. Et c'est un gros défi
, a-t-il ajouté, disant voir dans Francisation Québec un gros morceau de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français
, qui avait été adoptée presque à pareille date, l'an dernier.
Cette loi a fait de l'apprentissage du français un droit et, par conséquent, les services de francisation du gouvernement du Québec sont gratuits, a renchéri Christine Fréchette.
L'implantation de la plateforme Apprendre le français, accessible à partir de Québec.ca, se fera progressivement et elle permettra aux gens de s'inscrire à des cours de français.
Ces services de francisation seront offerts aux :
- nouveaux arrivants;
- futurs immigrants qui souhaitent se franciser en vue de leur arrivée;
- citoyens canadiens de naissance, domiciliés au Québec, et qui ne parlent pas français
- personnel des entreprises
Un soutien financier sera aussi offert aux clientèles qui en auront besoin. Les programmes de Francisation Québec remplaceront les programmes actuels, soit le Programme d'intégration linguistique des immigrants et le Programme d'aide financière pour l'intégration linguistique des immigrants.
Pas de cibles chiffrées
Les ministres ne disposent pas de cibles ou de projections quant au nombre de candidats à la francisation qui recourront à Francisation Québec : le gouvernement s'adaptera
à la demande et Francisation Québec est en recrutement continu
d'enseignants pour y répondre, a indiqué Mme Fréchette.
Comme les services de francisation actuels étaient éclatés en raison du grand nombre de partenaires, c'était plus difficile d'obtenir des données sur le nombre de personnes en francisation, a-t-elle expliqué. Avec Francisation Québec, on va regrouper, "monitorer" et centraliser ces données qui nous donneront un portrait plus précis de la situation.
Pour offrir les services de francisation, son ministère emploie actuellement 550 professeurs, et en recruter davantage représente un défi constant, avec la rareté de la main-d'œuvre
, a-t-elle reconnu.
Le budget alloué aux services de francisation est en augmentation au Québec : des 94 M$ qu'il représentait en 2018-2019, il est passé à près de 218 M$ cette année.
Des outils pour des groupes spécifiques
Les services de francisation en milieu de travail sont cruciaux dans le cadre de ce nouveau mandat, a déclaré la ministre Fréchette et nous allons faire en sorte qu'ils soient offerts pour toutes les entreprises qui seront intéressées à les avoir.
À cet effet, de l'aide financière sera prodiguée aux entreprises, a-t-elle assuré.
Par ailleurs, des cours de français seront offerts dans des domaines d'emploi spécifiques : administration, droit et affaires, cuisine et restauration, génie et sciences appliquées, santé, soins infirmiers, tourisme et commerce.
D'autres outils d'apprentissage en français seront mis à la disposition de personnes travaillant en comptabilité, en technologies de l'information et de la communication et comme préposés aux bénéficiaires.
Enfin, l'un des volets de Francisation Québec sera consacré aux tout-petits et à leurs parents pour favoriser l'éveil à la langue française et l'apprentissage de cette langue par le jeu.
L'opposition prudente
Pour le porte-parole solidaire en matière d'immigration et de francisation, Guillaume Cliche-Rivard, la création de Francisation Québec est une bonne nouvelle
.
Par une déclaration écrite, le nouveau député de Saint-Henri-Sainte-Anne a toutefois prévenu qu'on ne pourra juger du succès de cette initiative que par ses résultats. Il affirme en outre qu'il faut assurer des conditions gagnantes
à la francisation en entreprise, une priorité, selon lui.
De son côté, le porte-parole libéral Monsef Derraji a tenu à saluer l'initiative, mais ne se fait pas d'illusions.
Encore une fois, l'annonce du gouvernement caquiste sent l'improvisation à plein nez. Par exemple, la ministre n'a aucune idée du nombre potentiel d'utilisateurs, ne présente aucune cible, ni aucun critère d'évaluation de l'efficacité du système
, a déploré par communiqué le député de Nelligan, craignant que Francisation Québec ne donne lieu à d'autres « ratés spectaculaires » comme ceux qu'a connus le lancement de SAAQclic.
Sans ces éléments connus et en pleine pénurie de main-d'œuvre, il est impossible de prévoir le nombre de professeurs qui sera nécessaire à la réussite du projet. Avec la CAQ, c'est toujours aussi brouillon
, a-t-il ajouté.
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Avec les informations de La Presse canadienne