Rencontre avec l’artiste de Wendake Joseph Sarenhes, Révélation Radio-Canada 2023-2024

Joseph Sarenhes fait partie des six Révélations Radio-Canada 2023-2024 en musique.
Photo : Radio-Canada / Valérie Cloutier
Joseph Sarenhes raconte être tombé sous le charme du hip-hop d’abord par le biais de la danse. La musique dansante, accrocheuse et métissée de ce jeune auteur-compositeur-interprète est imprégnée de ses origines wendat et guinéenne. Nous l’avons rencontré à Wendake, sur le terrain de l’Hôtel-Musée Premières Nations.
On peut dire que Joseph Sarenhes est tombé dans la potion musicale, étant tout petit.
En fait, j'ai commencé à faire de la musique avant de parler, littéralement. J'allais voler les instruments de mon père pour faire de la musique. Je m'exprimais déjà à ce niveau-là
, raconte-t-il.
Sa mère, d’origine wendat, travaillait comme hôtesse de l’air quand elle a fait la rencontre du père de Joseph, d’origine guinéenne.
De par les origines que j'ai, j'adore incorporer des aspects traditionnels, soit autochtones ou africains, mais je le présente d'une façon plus accessible parce que je le mélange avec du blues, du rock et du hip-hop.
Il décrit sa musique comme une œuvre à saveur biographique.
Vécu personnel
Dans le vidéoclip de sa chanson Stand Up, l’artiste relate un événement vécu où il a senti un non-respect envers les Premières Nations en raison de la manière dont on lui enseignait la découverte de l’Amérique.
Au courant de mon parcours secondaire, j'ai eu une altercation avec un professeur durant un cours d'histoire qui avait nommé les Autochtones en tant que sauvages, et moi, c'est quelque chose qui m'avait vraiment atteint
, dit-il.
Je m’étais levé, j’avais rétorqué, et je m’étais fait sortir de classe. [...] Il y a tellement d’autres Autochtones qui l’ont vécue, cette situation-là. [...] Je ne me considère pas comme quelqu’un qui a vécu vraiment la souffrance autochtone dans l’environnement scolaire. Je l’ai vécue certes avec parcimonie, mais j’ai voulu vulgariser cet événement-là, le rendre accessible au public pour que les gens puissent comprendre un peu dans quelles situations plusieurs des miens se sont retrouvés.
Je m'en suis fait une affaire personnelle de toujours être authentique dans mon message. Authentique à moi-même, à mes convictions, à qui je suis. Je ne veux pas que mon art soit altéré par une quelconque opinion politique ou vision sociale
, explique-t-il.
Dans la chanson Staring at Me, le rappeur évoque notamment l’histoire de son père qui s’est installé au Québec il y a près de 35 ans.
Quand il est arrivé ici, c’était un des premiers Africains qui partageait sa culture d’une façon aussi directe. Lui a beaucoup vécu le regard des gens. Un regard qui n’est pas toujours accusateur – je ne veux pas dire le mot raciste – mais un regard qui est certainement dénigrant, parfois.
Le vidéoclip de sa première chanson intitulée Sing You Something a été filmé près de chez lui.
Ç'a été enregistré dans la forêt, un peu plus haut du village. Je suis allé là-bas avec mon clavier, mon petit piano. J’ai donné une caméra vraiment de base à un de mes amis. Je lui ai dit : "Bon! Essaie de me filmer, je veux mettre cette chanson-là en images". J’avais 17 ans. Et je trouve ça drôle et intéressant de voir que déjà j’avais la volonté de mettre ça en images et de faire ça pour la communauté.
Au cours de l’été, Joseph Sarenhes partira s’établir à Montréal. Mais il veut conserver son studio de Wendake. Il dit avoir un lien d’appartenance très fort avec le territoire.
Au fait, les prochains mois s’annoncent bien remplis pour l’artiste qui se produira notamment dans un festival d’été en Idaho. De plus, le 11 juin prochain, il foulera une scène des Francofolies de Montréal avec les cinq autres Révélations Radio-Canada 2023-2024. Et d’autres prestations seront annoncées prochainement pour la saison estivale.
Par ailleurs, Joseph Sarenhes souhaite prendre son temps avant de lancer un premier album complet. En 2021, il lançait son premier microalbum intitulé Pride & Chains. Au cours de la prochaine année, il aimerait lancer un titre par mois, histoire de nous montrer de quoi il est capable
, comme il le dit si bien, le sourire en coin.