Les infirmières de Drummondville sortent une fois de plus dans la rue

Le reportage de Jacob Côté
Photo : Radio-Canada / Jacob Côté
Quelques dizaines d’infirmières de Drummondville ont réitéré leur mécontentement en manifestant dans les rues lundi en début de journée. Pour dénoncer l'entrée en vigueur de fusions forcées de centres d'activité dans leur secteur, les membres du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec ont organisé un rassemblement.
Vêtues de noir et précédées d'un corbillard, elles sont parties du CLSC Saint-Jean vers 11 h pour se rendre à l'Hôpital Sainte-Croix. La symbolique du cortège funèbre illustrait le deuil de leurs conditions de travail depuis la réorganisation des horaires entreprise par le CIUSSS MCQ.
Rappelons que depuis février, les infirmières de Drummondville doivent notamment travailler une fin de semaine sur trois. Des infirmières seront également appelées à travailler dans différents départements pour pallier la pénurie de personnel. Certaines d'entre elles craignent de devoir offrir des soins pour lesquels elles ne sont pas qualifiées, en plus d'être obligées de réduire les heures de service de leur propre département.
C'est sûr que c'est énormément d'anxiété. On dort difficilement la nuit. On pense à ça tous les jours, quasiment. Toute la journée, on est toujours envahies par ça. C'est beaucoup d'incertitude, car on reçoit les informations au compte-gouttes, lance l'infirmière clinicienne Stéphanie Tessier. Avant tout ça, j'envisageais de terminer ma carrière où je suis, je suis passionnée de ce que je fais. Par contre, maintenant, je m'ouvre à toutes les possibilités, que ce soit l'enseignement ou autre.
Je travaille dans une équipe de santé mentale à domicile. [...] Ils vont se retrouver avec moins de services, car les journées où je suis à l'interne à aller faire des fins de semaine, pendant ce temps-là, il n'y a personne
, renchérit l'infirmière clinicienne Sabrina Langlois.
70 départs, selon le syndicat
La présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Patricia Mailhot, soutient que 70 professionnelles en soins ont quitté le réseau depuis l'annonce des fusions.
C'est très préoccupant ces chiffres-là. [...] La jeune relève, avec le sondage que l'on a fait, songe malheureusement à aller travailler vers d'autres employeurs. Ça peut faire très mal au réseau.
Plusieurs d'entre elles ont démissionné, plusieurs partent à la retraite, car elles ne veulent pas subir ça. Je suis curieuse de voir les chiffres à la fin, combien on va avoir récupéré de quarts
, ajoute-t-elle.
Les fusions ne touchent présentement que Drummondville, mais le syndicat se fait vigilant. Ses membres s’attendent à ce que la réorganisation soit appliquée ailleurs dans le réseau d’ici la fin de l’année. Dans un courriel, le CIUSSS a d'ailleurs confirmé que le déploiement de la mesure se poursuivra ensuite à l’automne pour les autres territoires.
Une décision difficile
Dans son courriel à Radio-Canada, le CIUSSS MCQ a également indiqué avoir l'intention, malgré la réaction des infirmières, de mainte[nir] le cap sur le 18 juin prochain pour la poursuite du déploiement de la mesure à Drummondville.
Nous n’avons pas le personnel disponible pour offrir 100 % des services partout et c’est pour cette raison que nous avons pris une décision difficile comme la mise en place de la mesure sur les horaires du personnel infirmier. Notre objectif est de retrouver un équilibre entre les secteurs pour offrir des conditions de travail similaires et de maintenir une offre de service sécuritaire et de qualité dans les services 24/7
, indique-t-il.
Toujours selon le CIUSSS, au moins 85 % des infirmières de Drummondville continuent de travailler exclusivement dans leurs secteurs, sur leur quart habituel et ne sont pas déplacées.
L'établissement de santé indique que 10 personnes ont indiqué avoir quitté spécifiquement en lien avec la nouvelle mesure
, et assure poursuivre ses efforts de recrutement.
Avec les informations de Jacob Côté