•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

AnalysePLQ : gare aux trouble-fêtes!

Le travail d’introspection auquel se livre le Parti libéral du Québec (PLQ) semble plutôt douloureux pour certains membres.

Marc Tanguay se dirige vers les micros des journalistes.

Le travail d’introspection auquel se livre le PLQ semble plutôt douloureux pour certains membres.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Bien des militants se seraient passés de la présence de l’ancien président de la commission politique cette fin de semaine au conseil général du Parti libéral du Québec (PLQ).

Dans un texte paru vendredi, Jérôme Turcotte déplorait que le PLQ soit devenu un véhicule d’endiguement de la menace référendaire ayant perdu sa capacité à bien incarner sa québécitude.

Être une minorité audible quand vient le temps de parler d’affirmation du Québec m’insupporte, déplorait-il. Même si son texte laissait croire qu’il prendrait ses distances du parti, le principal intéressé s’était tout de même déplacé samedi pour réitérer son message aux membres réunis à Victoriaville.

Prends-la donc, ta pause, a lancé une militante, lorsque celui-ci s’est approché du micro. Y’est tellement lourd, a poussé une autre. Un autre encore y est allé d’un menteur bien senti.

Après la défaite historique du 3 octobre dernier, l’heure est officiellement aux remises en question au sein du PLQ. À en juger par la réaction de certains membres, il ne faudrait toutefois pas que cette introspection soit le moindrement inconfortable ni qu’elle fasse la moindre vague.

Les coprésidents du Comité sur la relance du parti ont eux-mêmes insisté sur le fait qu’il ne fallait pas exagérer les problèmes que traverse le PLQ. Le "mot examen de conscience" est un peu fort, mais il y a certainement une réflexion à faire. Notre comité est là pour faire cette réflexion, a expliqué André Pratte.

Des membres divisés

Jérôme Turcotte répond aux questions des journalistes en mêlée de presse.

Jérôme Turcotte déplore que le PLQ soit devenu un « véhicule d’endiguement de la menace référendaire » ayant « perdu sa capacité à bien incarner sa québécitude ».

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Comme aucune résolution n’a été débattue ni adoptée au cours de la fin de semaine, il est difficile de savoir où penche vraiment la majorité du parti. À en croire ceux qui sont venus s’exprimer au micro, Jérôme Turcotte n’est toutefois pas seul à vouloir que le PLQ défende plus ardemment les intérêts du Québec.

De nombreux militants ont insisté sur leur fierté d’être Québécois et sur la nécessité de mettre cette fierté en avant. Le Parti libéral devrait se battre pour mieux occuper les champs de compétence du Québec, a insisté un élu, tandis qu’un autre plaidait qu’il ne fallait pas défendre l’appartenance au Canada à n’importe quel prix.

Le problème, c’est qu’un nombre tout aussi grand de personnes a pris la parole pour exprimer des points de vue inverses. Plusieurs ont mis l’accent sur leur fierté d’être d’abord Canadiens, plaidant qu’il fallait rappeler tous les jours que le PLQ est fédéraliste. Un membre a dénoncé, comme inacceptable, toute tentative de faire passer les droits collectifs avant les droits individuels. Chaque individu peut choisir son identité, a fait valoir un autre, appuyant sur le fait que l’État québécois n’avait pas à imposer une identité nationale à qui que ce soit.

On a assisté au même genre de débats en ce qui concerne la défense des champs de compétence québécois. Alors que des militants voulaient obtenir plus de pouvoirs de la part du gouvernement fédéral, un membre a plutôt proposé que le Québec cède à Ottawa sa compétence en santé, puisque le gouvernement fédéral dispose de plus de moyens financiers pour s’en occuper.

En matière de langue, des participants ont dit vouloir promouvoir le français comme socle incontestable de la nation québécoise, tandis que d’autres insistaient davantage sur l’importance du bilinguisme. L’un d’entre eux a d’ailleurs suggéré qu’on rende conditionnelle à la réussite d’une épreuve uniforme d’anglais l’obtention de tout diplôme d’études collégiales.

Difficile consensus

Bref, on voit mal comment le prochain chef, peu importe qui sera choisi, réussira à contenter tout le monde. La tâche ne sera pas plus facile pour le Comité sur la relance du parti, qui devra déposer son rapport l’automne prochain.

Que les militants libéraux ne soient pas sur la même longueur d’onde sur la question de la langue ou de l’identité n’a rien de nouveau en soi. Comme l’a rappelé samedi Madwa-Nika Cadet, le PLQ a toujours été une coalition de fédéralistes. Pendant longtemps, on a réussi à ménager la chèvre et le chou, mais cette posture est de plus en plus difficile à tenir face à un gouvernement qui remet précisément à l’avant-plan ces questions délicates.

Le débat qui s’engage sur l’immigration et le dépôt prochain du Plan d'action gouvernemental pour l’avenir de la langue française ne donneront pas beaucoup de répit aux libéraux. C’est sans compter que la peur d’un prochain référendum n’agit plus comme ciment pour les électeurs fédéralistes, nombre d’entre eux étant déjà partis voir ailleurs.

Le risque demeure que le PLQ cherche à cacher la poussière sous le tapis, avec des mesures de protection de la langue française et de l’identité québécoise en demi-teinte, qui ne satisfont jamais vraiment personne. Après sa tentative avortée de se montrer plus nationaliste, c’est justement ce sur quoi avait dû se rabattre Dominique Anglade lors des dernières élections, avec les résultats que l’on connaît.

Dans tous les cas, la plupart des militants libéraux semblent peu pressés d’élire leur prochain chef. C’est qu’aucun des candidats dont le nom circule ne se distingue nettement des autres. Plusieurs rêvent encore d’attirer une candidature vedette ou, du moins, une grosse pointure économique.

D’ici là, les militants poursuivent le travail d’introspection à leur façon, tout en souhaitant que les trouble-fêtes soient les moins nombreux possibles.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

En cours de chargement...

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.