Le podium ajustable de David Eby soulève une question de taille en Colombie-Britannique

Le nouveau podium ajustable est notamment utilisé pour les conférences de presse et les annonces du premier ministre David Eby.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Un podium conçu pour s'adapter à la grande taille du premier ministre de la Colombie-Britannique tout en permettant aux autres intervenants de ne pas disparaître lorsqu’ils prennent la parole lors d’un événement fait réagir l’opposition officielle et certains experts en communication.
Le débat est apparu avec l’arrivée au pouvoir d’un premier ministre mesurant un peu plus de 2,10 mètres. La tradition du podium utilisé lors d’annonces ou de conférences de presse a rapidement mis en évidence une disparité de taille au sein du gouvernement néo-démocrate.
Dans un monde où les perceptions font souvent loi, le premier ministre a cru bon de doter le gouvernement d’un moyen d’équilibrer les choses. La réponse s’est présentée sous la forme d’un podium dont la hauteur peut être ajustée mécaniquement en fonction de la taille de l’orateur grâce à une simple pression sur un bouton.

La différence de taille entre le premier ministre David Eby (2,10 mètres) et la ministre de l'Éducation postsecondaire Selina Robinson (1,49 m) est l'un des éléments qui ont incité le gouvernement à se doter de l'« explodium ».
Photo : La Presse canadienne / Chad Hipolito
Ma collègue Selina Robinson est beaucoup plus petite que moi [1,49 m] et il y a tout un éventail de personnes entre nous. Donc, ce podium monte et descend pour s’adapter à tout le monde
, a expliqué le premier ministre lors d’une conférence de presse, la semaine dernière.
Selon lui, l’engin baptisé explodium
est un succès ergonomique et prouve que la province a une longueur d’avance en matière d’innovation. Je pense que tout le monde l’apprécie. C’est sympathique et ça marche.
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Une dépense à la nécessité variable, croit l’opposition
À BC United, l’ancien Parti libéral de la province, on craint toutefois que l’équilibre de l’image gouvernementale n'ait pris le dessus sur celui des finances publiques.
Le porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances, Peter Milobar, soutient avoir demandé au gouvernement combien le podium mécanique avait coûté, mais sans obtenir de réponse satisfaisante.
Nous comprenons tous que le premier ministre est grand, mais l’achat d’un podium télescopique semble cher pour les contribuables
, explique-t-il. Plutôt qu’un moyen de s’ajuster à une disparité de tailles, il y voit un instrument d’agrandissement de l’image de David Eby.
Quand le podium raconte l’univers politique
Si l’existence même de l’explodium
promet d’avoir un effet minimal sur l’histoire politique de la province, il symbolise malgré tout l’uniformité de la culture visuelle de l’univers politique, note l’expert en communications politiques David Black, de l’Université Royal Roads, à Victoria.
Je pense que l’existence d’un podium qui s’ajuste à la grande taille de quelqu’un comme David Eby ou à la plus petite taille d’une personne comme Selina Robinson revient à la nécessité de maintenir une certaine conformité visuelle qui fait que personne ne prend le pas sur le message
, explique-t-il.
Il y voit ainsi l’exemple d’une culture politique qui résiste au changement. Lorsqu’on outrepasse les codes visuels ou le style politique, on passe avant le message [et] c’est perçu, à juste titre ou non, comme une erreur qui peut aller jusqu’à mettre fin à une carrière
, précise-t-il.

L'ancien président américain Barack Obama avait soulevé un débat en portant un habit beige plutôt que les traditionnelles couleurs foncées portées par la plupart des présidents américains. (Photo d'archives)
Photo : Associated Press / Charles Dharapak
Il cite l'exemple des vives critiques que se sont attirées plusieurs politiciens par le passé, comme ce fut le cas de l’ancien chef de l’Alliance canadienne Stockwell Day arrivant en motomarine à une conférence de presse ou de l’ancien président américain Barack Obama portant un complet beige.
David Black constate néanmoins la tendance de certains leaders politiques à briser sciemment ces codes pour se démarquer. Les vidéos du chef conservateur fédéral, Pierre Poilievre, filmées dans une cour arrière ou l’apparence de Monsieur Tout-le-Monde
de l’ancien maire Rob Ford, à Toronto, en sont des exemples, selon lui.
Il faut se demander si le langage [et] le style visuel de la politique sont dépassés, et s’il est temps de les repenser.
Avec les informations de La Presse canadienne