Maisons des aînés : des caméras dans des chambres font réagir dans Chaudière-Appalaches
Les trois nouvelles Maisons des aînés et alternative dans Chaudière-Appalaches seront équipées de caméras dans les chambres des patients.

Vieillir au « bon endroit » est l'un des thèmes abordés au Colloque « Vieillir dans des territoires en transformation »,
Photo : iStock
La région de Chaudière-Appalaches accueille trois Maisons des aînés. Si leur arrivée est saluée par plusieurs, la présence de caméras prévue dans les chambres des résidents en préoccupe certains.
Les maisons situées à Saint-Étienne-de-Lauzon et Black Lake sont déjà ouvertes tandis que celle de Saint-Martin-de-Beauce sera inaugurée à l'automne. En tout, ce sont 240 places qui seront offertes dans la région.
À Saint-Isidore, là où plusieurs résidents déménageront très bientôt dans l’une de ces nouvelles habitations mises sur pied par le gouvernement Legault, on commence à s’inquiéter de la présence annoncée de caméras de surveillance dans les chambre.
Dans les chambres? Ordinaire. C'est des soins qui se passent là, c'est un peu leur chez eux à eux
, mentionne Chantal Gagné, préposée aux bénéficiaires au CHSLD de Saint-Isidore.

Chambre de la Maison des aînés et alternative de Saint-Étienne-de-Lauzon
Photo : Radio-Canada / Bruno Giguère
En effet, le gouvernement du Québec a publié récemment un appel d’offres afin de doter chaque chambre des nouvelles maisons de caméras.
Le Conseil de la protection des malades émet certaines réserves à l’égard de cette mesure.
On n'est pas dans une shop, dans une usine où on surveille tout le monde pour que personne ne vole rien, là on est dans un milieu de vie.
Le président de l’organisme se demande également si les caméras seront réellement utilisées par le personnel en place.
Qu'est-ce que ça va donner d'avoir des caméras s'il n'y a personne qui les regarde et encore moins si, nous dit-on, pour suivre la condition clinique du résident, ce ne sont pas des gens qui ont des compétences cliniques pour suivre ledit résident?
, s’interroge-t-il.

Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades, s'interroge sur la possible violation de la vie privée qu'entrainerait la présence des caméras (Archives).
Photo : Radio-Canada
Nicole Pelchat, conjointe d’un futur résident de la Maison des aînés de Saint-Étienne-de-Lauzon, accueille toutefois favorablement la nouvelle.
Pour mon conjoint, je préférerais qu'il en aille une. Ils pourraient repérer sa chute, le voir tout de suite tandis que pour d'autres, ce serait une intrusion dans leur vie privée
, mentionne la dame.
Vie privée à risque?
L’avocat en droit de la santé, Patrick-Martin Ménard, rappelle que le patient doit consentir à l’activation de la caméra.
L'enjeu fondamental derrière ça est un enjeu de vie privée principalement pour le patient
, affirme l’avocat.

Patrick-Martin Ménard se fait rassurant sur la présence de caméras de surveillance, elles qui pourraient servir en cas d'abus (Archives).
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
La caméra pourrait aussi servir d’outil si un résident ou sa famille venait à se plaindre des services offerts.
Pour nous, l'objectif premier de ces caméras est d'abord et avant tout un mécanisme de contrôle de la qualité des soins et la sécurité des soins pour les patients, et non pas une mesure qui viendrait remplacer le rôle fondamental qui est joué par les préposés qui font des tournées aux chambres
, ajoute Patrick-Martin Ménard.
Pour améliorer la qualité des services, dit le CISSS
La directrice de l'hébergement au CISSS de Chaudière-Appalaches, Chantal Caron, dit comprendre les inquiétudes soulevées, mais assure que l'utilisation des caméras sera encadrée et que les droits des patients seront respectés.
Les caméras seront installées dans les chambres et les espaces communs des Maisons des aînés.
« Il y aura une rencontre interdisciplinaire avec le patient ou ses représentants. S'ils refusent, la caméra sera toujours fermée. S'ils acceptent, on va discuter des moments quand la caméra sera ouverte, selon les besoins. Si le patient change d'idées, il pourra revenir en arrière », explique-t-elle.
La directrice admet toutefois que le refus d'utiliser la caméra pourrait avoir des désavantages.
« L'infirmière, si la caméra est ouverte, peut rapidement voir la chute, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour le résident chez qui on aurait refusé la caméra, mais dans la mesure où on explique bien au résident et aux familles ces éléments là, une fois qu'ils prennent une décision éclairée, ça fait partie de la réalité qui va être à vivre dans les Maisons des aînés », dit-elle.
Mme Caron ajoute que les caméras ne seront accessibles qu'au personnel soignant.
Avec les informations de Louis-Simon Lapointe