Un nouveau curé aux paroisses francophones de Kapuskasing
Le père Sébastien Groleau entrera en fonction le 1er juillet.

Sébastien Groleau a servi comme prêtre à Chapleau. Il assurera la gouverne des deux paroisses francophones de Kapuskasing. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Sophie Houle-Drapeau
Le diocèse de Hearst-Moosonee a nommé cette semaine un nouveau curé aux deux paroisses francophones de Kapuskasing. L’abbé Sébastien Groleau remplacera le père Rémi Lessard, suspendu en mars dernier après qu’une enquête de Radio-Canada eut révélé qu’il faisait l’objet d’allégations d’agression sexuelle.
Depuis la publication de l’enquête, les paroisses Notre-Dame-des-Victoires et Immaculée-Conception étaient gérées de manière provisoire par des administrateurs paroissiaux.
La situation a mené l’évêque du diocèse de Hearst-Moosonee, Pierre-Olivier Tremblay, à prendre des décisions par rapport au ministère pastoral
, indique-t-il, d’où la nomination d’un nouveau curé à ces deux paroisses.

L'église Immaculée-Conception à Kapuskasing, dans le diocèse de Hearst-Moosonee.
Photo : Radio-Canada / Sophie Vallée
J'ai rencontré le père Rémi Lessard et nous avons convenu, de part et d'autre, qu'il était préférable à ce moment-ci qu'il prenne sa retraite
, explique l'évêque.
Le père Sébastien Groleau entrera en poste le 1er juillet tout en gardant les fonctions administratives qu’il occupe à l’évêché.
Ça nous redonne confiance
C’est parfait
, s’exclame Marie Fournier, une fidèle catholique de Kapuskasing, en réaction à cette nomination. Elle rappelle que le père Groleau a déjà œuvré dans la région par le passé.
Le monde ici est très très très heureux qu’il [Sébastien Groleau] revienne à Kapuskasing. Il vient de Hearst, en Ontario. Franchement, c’est rien qu’à [une centaine de kilomètres] d’ici là. On le connaît bien.
Même son de cloche chez Lise Éthier, une autre résidente de Kapuskasing, qui fréquente la paroisse Notre-Dame-des-Victoires.
Un curé, c’est important dans la paroisse. On en a besoin tout le temps, que ce soit pour aller à des funérailles, des noces ou whatever
, note-t-elle.
Ça nous encourage aussi d’aller à la messe, avec toutes les choses qui arrivent avec les autres curés, ce dont on entend parler, les abus et tout ça. Ça nous redonne confiance d’avoir un autre curé.
Marie Fournier espère aussi que la nomination d’un nouveau curé permettra aux fidèles de progressivement tourner la page sur la crise qui a secoué le diocèse au cours des derniers mois.
Ça m’a fait beaucoup de peine, beaucoup beaucoup de peine, parce que je les connaissais tous [les prêtres nommés dans l’enquête de Radio-Canada]. C’est très très triste. Je sais qu’ils sont humains et il faut comprendre que des fois, il faut pardonner. [...] Et on ne va pas à l’église seulement pour les prêtres. On va à l’église pour notre croyance en Dieu
, fait-elle savoir.
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Certains fidèles insatisfaits
Toutefois, l’annonce du diocèse ne réjouit pas tous les paroissiens.
Yvan Tremblay s’insurge contre le ton de la communication écrite dans laquelle le diocèse a annoncé l’arrivée prochaine du nouveau curé.
Pas toujours facile de laisser partir un prêtre que l’on aime et qui s’est dévoué pour la paroisse pendant un certain nombre d’années. Néanmoins, il faut tout mettre en œuvre pour bien accueillir le nouveau pasteur tout rendant grâces [sic] et remerciant celui qui quitte
, peut-on lire dans le bulletin interparoissial de cette semaine (Nouvelle fenêtre).
Je ne veux pas planter Rémi [Lessard], je le connais très bien, [...] mais là, on parle d’abus sexuels, c’est pas pareil. Puis Mgr Tremblay, c’est le chef. Qu’il arrête de nous faire patiner sur une glace qui est mince parce qu’on va tous couler avec
, affirme M. Tremblay.
C’est trop. Est-ce qu’ils vont lui faire une fête aussi? S’ils lui font une fête, qu’ils lui fassent une fête privée. [Il ne faut] pas essayer d’impliquer tous les laïcs là-dedans. Ils n’ont pas demandé aux victimes ce qu’elles pensent de ça.
L’évêque Pierre-Olivier Tremblay, qui souligne qu’il n’est pas le rédacteur direct du bulletin interparoissial, indique toutefois que le message déploré par Yvan Tremblay est un message général sur les départs [de curés]
, car le père Sébastien Groleau devra quitter les paroisses de la région de Longlac dont il était responsable.
Il y sera remplacé par le père Benedictus Mulenga, qui s’occupe déjà d’autres paroisses dans l’ouest du diocèse de Hearst-Moosonee.
La question se pose souvent sur comment on va traiter tout le ministère, l’engagement d’un prêtre. Et en rien il ne s’agit d’une approbation, d’une caution de quelque forme d’abus, au contraire.

Mgr Pierre-Olivier Tremblay est l'évêque du diocèse de Hearst-Moosonee.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
L’évêque rappelle qu’il vient d’achever une tournée des paroisses pour discuter avec les fidèles ébranlés par les révélations de Radio-Canada. Il a aussi rencontré des victimes d'abus sexuels.
L’expérience d’écoute des victimes est la chose la plus importante pour moi et pour elles aussi. [...] C’est une période difficile pour tout le monde. L’essentiel, c’est qu’on avance sur le chemin de la vérité, de la justice et de la réparation, et croyez-moi, je suis tout à fait engagé à cela
, déclare Mgr Tremblay.
Il ajoute par ailleurs qu’une offre de réparation devrait être présentée aux victimes d’ici deux à trois semaines.