Des crevettiers pêcheront à perte cette année

« Ça va être encore une année difficile », selon le directeur de l'Office des pêcheurs de crevette du Québec, Patrice Element. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Alix-Anne Turcotti
La Régie des marchés agricoles a tranché : le prix de la crevette offert aux pêcheurs sera le même que celui de l’an dernier. Il s’agit d’une déception pour les crevettiers qui vivent difficilement avec la hausse du coût de la vie et la diminution de la ressource dans les eaux du Saint-Laurent.
Le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec, Patrice Element, affirme que les pêcheurs rapportent deux fois moins de crevettes qu’avant dans leurs filets. Il pense que certains pêcheurs de crevettes vont pêcher à perte cette année.
Ça va être encore une année difficile. Autant nous que les transformateurs, on s’accorde sur ce point. Avec les taux de capture qu’on a présentement, les pertes financières pour la plupart des pêcheurs vont être difficiles à supporter.
Les pêcheurs profitent du prix du diesel qui a diminué légèrement, mais ce n’est pas assez pour compenser les pertes de revenus, selon lui.

Le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec, Patrice Element (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Bruno Lelièvre
Les pêcheurs de crevettes et les transformateurs ne s’entendaient pas sur le prix payé au débarquement pour la crevette pour la période qui se termine le 30 juin. C’est donc la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec qui a tranché.
Le prix se détaille en trois catégories : la grosse crevette sera à 1,60 $ la livre, la moyenne à 1,38 $ la livre et la petite à 1,22 $ la livre. Il s'agit du même prix payé par les industriels l’an dernier.
Pour eux, ce prix est raisonnable pour maintenir la clientèle compte tenu de l'explosion des coûts pour transformer le petit crustacé.
Le directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche, Jean-Paul Gagné, affirme que si le prix augmente trop, les grandes chaînes ne voudront plus faire affaire avec les transformateurs québécois. Il faut que le consommateur achète
, affirme-t-il.

Jean-Paul Gagné, directeur de l'Association québécoise des industriels de pêches (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
M. Gagné croit qu’il n’y aura pas d’impact cette année sur le prix au consommateur dans les poissonneries. Cependant, les profits seront faibles pour tous les acteurs du milieu.
L'année devrait être encore plus difficile pour les industriels qui exportent leurs crevettes.
C'est surtout le marché européen qui cause des problèmes parce que l'inflation est plus difficile en Europe qu’ici. Ici, c’est déjà difficile, même sur le marché québécois
, affirme Jean-Paul Gagné.
Il explique que les pêcheurs demandaient un prix plus élevé au débarquement.
Pour eux, il y a de moins en moins de crevettes dans leurs filets. Jusqu’à près de la moitié moins comparativement à l’an passé pour chacun des voyages
, explique M. Gagné.
Les quotas de pêche diminuent année après année, notamment à cause du retour d’un poisson prédateur, le sébaste.
La rareté a pour conséquence d’augmenter les coûts pour tout le monde. Les acteurs concernés doivent trouver le moyen de travailler ensemble dans ce contexte de plus en plus difficile.
Avec les informations de Jean-François Deschênes