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À Terre-Neuve, le secteur du pétrole rebondit, mais pour combien de temps?

La base de la nouvelle plateforme pétrolière West White Rose.

La base de la nouvelle plateforme pétrolière West White Rose, en construction à Argentia, dans le sud-est de Terre-Neuve. Le projet avait été suspendu en 2020, mais les travaux ont repris le printemps dernier.

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

De toute évidence, l’industrie pétrolière de Terre-Neuve se remet de la pandémie. Mais combien de temps durera ce redressement du secteur du pétrole, dont la demande mondiale pourrait chuter d’ici 2030?

Selon Paul Barnes, directeur régional de l’Association canadienne des producteurs pétroliers, l’ambiance est pour le moment très positive dans l’industrie. L’exploration et la construction reprennent – et s’accélèrent.

Plus de 1000 ouvriers travaillent jour et nuit sur la nouvelle plateforme West White Rose. La réparation du navire de production Terra Nova se poursuit. Ces deux projets avaient été menacés d’abandon il y a deux ans, quand la COVID-19 a secoué l’économie mondiale et que le prix du baril de brut s’était effondré.

Deux nouveaux puits exploratoires seront forés dans les prochains mois, souligne M. Barnes. Les premiers contrats pour la conception du projet Bay du Nord viennent d’être octroyés. Au total, 6000 personnes à Terre-Neuve sont employées directement par les entreprises pétrolières.

On espère que ça va perdurer, affirme Paul Barnes, qui participera mardi au congrès d’Energy NL, un rassemblement annuel de plusieurs centaines de travailleurs et de cadres du pétrole.

Le déclin sera rapide

Angela Carter, professeure adjointe à l’Université de Waterloo qui étudie depuis des années la transition énergétique, soutient toutefois que si le secteur semble avoir le vent dans les voiles, il s’agit d’un rebondissement momentané qui signale, en fin de compte, le début de la fin.

Si le projet Bay du Nord a eu le feu vert du gouvernement fédéral l’an dernier, plusieurs organismes internationaux et même des entreprises d’énergies fossiles prévoient une diminution de la demande mondiale de pétrole au début de la prochaine décennie. Le déclin sera rapide et il n’y aura pas de rebondissement, affirme Angela Carter.

Angela Carter.

Angela Carter est professeure adjointe à l'Université Waterloo. Elle étudie la transition énergétique et a souvent critiqué les politiques du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, sa province natale.

Photo : Gracieuseté - Angela Carter

Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador soutient néanmoins que le pétrole terre-neuvien est relativement plus propre et serait une énergie de transition parce que moins d’émissions de gaz à effet de serre (GES) sont produites pendant son extraction. Cette rhétorique ne tient pas compte du fait que la majorité des GES sont créés lors de la combustion.

La production en haute mer coûte aussi relativement plus cher, un facteur qui pourrait pousser les pétrolières à fermer leurs installations extracôtières avant de mettre fin à leurs activités sur terre ferme.

Il faut reconnaître que cette industrie doit cesser d’exister pour des raisons environnementales, et qu’elle est déjà en déclin parce que la transition énergétique est déjà bien entamée.

Une citation de Angela Carter, professeure adjointe, Université de Waterloo

Tom Green, de la Fondation David Suzuki, accuse le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, qui continue de subventionner l’exploration pétrolière, de mettre la tête dans le sable.

Il n’y a pas de logique là-dedans. [...] On n’a pas besoin de nouveaux champs, de nouveaux puits, de nouveaux projets, souligne-t-il, notant que depuis 2021 l’Agence internationale de l’énergie demande de renoncer à tout nouveau projet pétrolier et gazier.

Bay du Nord : un tournant?

Paul Barnes reconnaît que les puits exploratoires qui seront creusés cet été pourraient bien confirmer l’existence de réserves représentant des milliards de barils de pétrole récupérable. Mais des années d’analyse et de construction seraient nécessaires avant d’entamer la production.

Selon lui, l’avenir de l’industrie pétrolière terre-neuvienne repose surtout sur Bay du Nord, qui deviendrait le cinquième projet en production au large de l’île. Le projet a eu l’approbation environnementale d’Ottawa en avril 2022, mais la pétrolière norvégienne Equinor n’a pas encore donné le feu vert. Une décision finale sur le projet de 16 milliards de dollars est attendue à l’automne 2024.

Paul Barnes.

Paul Barnes est directeur régional de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, basé à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador.

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

La production à Bay du Nord s'étalera sur au moins deux décennies, selon Paul Barnes. Environ 1 milliard de barils de brut pourraient être produits.

Malgré la reprise de la construction à West White Rose et à Terra Nova, les investissements globaux dans le pétrole, qui vont atteindre 1,5 milliard de dollars en 2023, sont doivent stagner à Terre-Neuve si Bay du Nord n’est pas approuvé, selon Paul Barnes.

À Argentia, où la construction de la base de la plateforme West White Rose se poursuivra pendant la prochaine année, le syndicaliste Michael Williams se dit très optimiste, malgré les montagnes russes des dernières années. Il se réjouit qu’environ 340 de ses membres aient accès à des emplois stables et bien rémunérés.

C’est un projet important pour nos membres, pour nos communautés et pour toute la province, affirme le président du Atlantic Canada Regional Council of Carpenters, Millwrights and Allied Workers.

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