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AnalyseÀ l’ère de l’hyperpartisanerie, les controverses n’ont plus l’impact d’autrefois

Danielle Smith parle à un micro devant des drapeaux.

Danielle Smith est abonnée aux controverses depuis son retour en politique albertaine, en 2022.

Photo : La Presse canadienne / Todd Korol

La croyance populaire veut qu’en 2012, Danielle Smith ait perdu l’élection albertaine en raison du fameux épisode du « lac de feu ». Si, à cette époque, des commentaires controversés d’un candidat pouvaient torpiller une campagne gagnante, il semble que, de nos jours, les squelettes dans le placard laissent les électeurs de glace.

« S'autopeluredebananiser », ou l'art de perdre une victoire dite acquise

En 2012, les sondages prédisaient que le Parti Wildrose, alors mené par Danielle Smith, voguait vers une victoire sur les progressistes-conservateurs d’Alison Redford.

À une semaine du scrutin, les commentaires du candidat Wildrose Allan Hunsperger sur un blogue publié l’année précédente ont refait surface. Il y affirmait que les homosexuels souffriront pour le reste de l’éternité dans un lac de feu, en enfer.

Danielle Smith avait alors refusé de le condamner immédiatement, invoquant le droit à la liberté d’expression de son candidat, même si elle ne partageait pas son opinion.

L'autobus de campagne de la candidate Danielle Smith, en 2012.

Danielle Smith a été cheffe du Parti Wildrose de 2009 à 2014.

Photo : Radio-Canada

Élections Alberta 2023

Consulter le dossier complet

Entête du dossier des élections en Alberta en 2023, avec l'Assemblée législative en arrière-plan sous un fond de couleur magenta.

L’opinion populaire, elle, ne le lui a pas pardonné. Le Parti Wildrose a vu la victoire lui échapper alors qu’il la touchait du bout des doigts.

Cela s’ajoutait évidemment à des commentaires racistes d’un autre candidat, ainsi qu’aux doutes de Danielle Smith elle-même sur la science des changements climatiques.

Les temps ont changé.

Quand la controverse ne dérange plus

Danielle Smith a fait les manchettes à de nombreuses reprises, cet automne, lorsqu’elle a accédé au poste de première ministre après avoir été élue cheffe du Parti conservateur uni.

Sa comparaison des personnes vaccinées aux nazis, ses propos relayant de la propagande russe et sa promesse de tenter de faire abandonner les accusations d’Artur Pawlowski n’en sont que quelques exemples. Pourtant, ses partisans ont continué de l’appuyer sans détour.

Quand même un blâme provenant de la commissaire à l’éthique envers Danielle Smith pour avoir tenté de s’ingérer dans le système de la justice, tentative qualifiée de « menace à la démocratie » , n’a pas d’impact significatif durant cette campagne, cela en dit long sur les changements de mentalité. Il y a 10 ans, cela aurait détourné les électeurs de n’importe quel chef, voire mis fin à sa carrière.

Cette nouvelle est survenue le 18 mai, jour du débat des cheffes. Depuis, on a pourtant vu le Parti conservateur uni prendre une légère avance dans les sondages.

Rachel Notley et Danielle Smith se serrent la main avant un débat à Edmonton le jeudi 18 mai 2023.

Cette élection oppose principalement le Nouveau Parti démocratique de Rachel Notley (à gauche) au Parti conservateur uni de Danielle Smith (à droite).

Photo : La Presse canadienne / Jason Franson

En cette ère où tout le monde a potentiellement des squelettes dans le placard (ou plutôt sur son profil Facebook), il semble que certains électeurs y soient devenus immunisés. Le bruit ambiant est tel que toutes les controverses se valent à leurs yeux.

La même dynamique s’est installée avec les candidats : la conservatrice Jennifer Johnson a été exclue du caucus conservateur uni pour avoir comparé les jeunes transgenres à des matières fécales dans de la nourriture; mais, dès le lendemain, Danielle Smith rouvrait la porte à son retour éventuel.

Certains électeurs sont prêts à pardonner beaucoup à des politiciens s’ils portent les bonnes couleurs. On peut y voir les impacts de la polarisation et de l’hyperpartisanerie américaine sur la politique albertaine.

Entre partisanerie et politique terne

Dans ce contexte, un plaidoyer pour un gouvernement compétent, stable et se basant sur la science, comme celui du Nouveau Parti démocratique (NPD), n’a qu’un écho limité.

Rachel Notley salue une foule de partisans tenant des affiches de son parti.

Rachel Notley a déjà dirigé l'Alberta de 2015 à 2019.

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Le NPD a passé la campagne à remettre en question la capacité de Danielle Smith à gouverner. Il a mis de l’avant d’anciens députés progressistes-conservateurs carrément inquiets pour la démocratie albertaine si Danielle Smith l’emporte le 29 mai.

Si le NPD ne réussit pas à gagner l’élection lorsqu’il fait monter les enchères à un tel point, il est difficile de voir comment il réussira à le faire à l’avenir tant que le mouvement conservateur albertain demeurera uni. Malheureusement pour lui, son futur succès pourrait dépendre surtout des fractures entre ses adversaires, un élément sur lequel il n'a aucun pouvoir.

Si le PCU l’emporte, cela confirmerait qu’à l’ère de l’hyperpartisanerie, la couleur des habits politiques compte plus, pour certains électeurs, que tout ce qu’un candidat a pu faire ou dire par le passé. On peut se demander si un retour en arrière est même possible.

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