Le projet de loi 97 sème l’inquiétude chez des agriculteurs de l’est ontarien

Près de 70 % des territoires des comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) sont des terres agricoles. Sur la photo, une route rurale dans la municipalité d'Alfred-Plantagenet.
Photo : Radio-Canada / Chantal Dubuc
En Ontario, un projet de loi visant à créer plus de logements pourrait changer le paysage agricole dans l'est ontarien.
Le projet de loi 97 sème l'inquiétude chez des agriculteurs de la région qui craignent de voir disparaître des terres agricoles au profit de projets résidentiels.
Le 6 avril dernier, la province a publié une proposition d’une nouvelle déclaration de principes provinciale qui propose des modifications à la loi, notamment la possibilité de créer des lots résidentiels dans les zones agricoles.
Le projet de loi 97 permettrait jusqu'à trois séparations de lots par parcelle agricole afin de construire des résidences non agricoles.
Selon Louis Prévost, le directeur de l'urbanisme du gouvernement régional des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR), les changements proposés à la loi vont à l'encontre de tout le travail qui a été fait au cours des dernières décennies pour protéger les terres agricoles à fort rendement.
La province avait élaboré des politiques pour justement freiner la création de terrains résidentiels dans le milieu agricole, parce qu'un usage résidentiel en milieu agricole, c'est incompatible. Pensez à tout ce qui a trait à des pratiques agricoles normales : ça fait du bruit, il y a de la senteur, il y a de la poussière, et ce, à toute heure du jour, puis n'importe quand dans l'année
, fait-il valoir.
Près de 70 % des territoires des comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) sont des terres agricoles.
Hawkesbury Est y voit une occasion
Le maire du canton Hawkesbury Est, Robert Kirby, considère que le nouveau projet de loi pourrait avoir ses avantages et voit une occasion de croissance et de revenus pour son canton. Il se bute à des refus du département d'urbanisme depuis plusieurs années pour séparer des lots agricoles qu’il considère non viables pour l'agriculture.
Je ne veux pas voir des maisons partout dans des champs de drainage, mais il y a des terres dans notre canton qui ne seront jamais agricoles. Elles sont assises là à ne rien faire, alors qu'elles pourraient me rapporter des revenus
, dit-il.
Le maire y voit aussi une occasion de réévaluer ce qui peut être désigné comme des zones rurales afin de pouvoir développer. Il dit que près de 80 % de sa municipalité est agricole et qu'une partie pourrait être utilisée pour des terrains résidentiels.
Je pourrais tout de même vendre des lots, parce qu'il y a beaucoup de gens qui viennent de la ville et il y a un [engouement] pour venir rester à la campagne
, ajoute l'élu.
Plusieurs associations d'agriculteurs ont exprimé leurs préoccupations et s'opposent au changement. Selon eux, la loi aurait un impact sur tous les agriculteurs ontariens d'aujourd'hui et de demain.
Les résidents peuvent soumettre des commentaires au gouvernement jusqu'au 5 juin par l'intermédiaire du Registre environnemental de l'Ontario.