Le nouveau ratio d’éducatrices qualifiées requis inquiète des CPE

L'attractivité et la rétention du personnel sont des enjeux importants au sein des CPE de la région. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Dès le 2 mars 2024, le nombre d’éducatrices qualifiées dans les CPE sera rehaussé à deux sur trois, une mesure qui inquiète particulièrement les centres de la Côte-Nord, déjà essoufflés par la pénurie de main-d'œuvre.
Normalement, deux éducatrices sur trois doivent être qualifiées dans une installation, mais en raison de la pandémie de COVID-19, le ministère de la Famille avait baissé ce ratio à une sur trois.
Depuis le 1er mars 2023, il est même passé à une sur deux
Le ministère compte toutefois rehausser le ratio à deux éducatrices qualifiées sur trois dès 2024.
Pour la directrice générale du CPE
Picassou, Nadia Ziat, atteindre ce ratio n'est pas possible pour cet établissement d'Havre-Saint-Pierre. Sur ses quatre éducatrices, deux ne sont pas qualifiées, mais l'une d'entre elles fait toutefois les démarches afin de faire reconnaître ses compétences, un processus qui dure environ trois ans.Nadia Ziat affirme qu’elle n'a pas eu de candidatures d'éducatrices qualifiées depuis les 10 dernières années. Elle craint les pertes de subvention qui pourrait survenir en guise de sanctions pour les CPE
qui ne pourront pas respecter le ratio.On est pénalisé pour une chose dont on n'a pas le contrôle. Je trouve que c'est plate parce que si on va chercher de l'argent dans d'autres enveloppes, ça se peut qu'on coupe dans des services qui sont aussi importants que les salaires des éducatrices
, explique Mme Ziat.
Même son de cloche pour la directrice générale du CPE
Magimuse à Baie-Comeau, Lucie Vaillancourt, qui indique qu'aucune des éducatrices sur sa liste de rappel n'est qualifiée.Elle estime que dans l'éventualité où son financement serait affecté par l'impossibilité de respecter le ratio, ses démarches de recrutement seront encore plus difficiles.
Ça fait 20 ans que j'espère une stabilité de financement et ça fait 23 ans que je suis dans le réseau. Une stabilité de financement, ça permet d'attacher des éducatrices sur des postes, mais aussi de les attirer et de leur assurer un travail à long terme qui ne sera pas coupé en raison du budget
, affirme Mme Vaillancourt.
D’après le ministère de la Famille, les règles budgétaires 2022-2023 prévoient un ajustement de la subvention au CPE
si le taux de qualification déclaré dans le rapport financier est inférieur à 33,34 %, soit une éducatrice qualifiée sur trois.Le ministère est conscient des défis des services de garde et les prochaines règles en prendront compte
, soutient par courriel un porte-parole du ministère de la Famille.
Pour la directrice générale du Regroupement des CPE
de la Côte-Nord, Odette Lavigne, la création d’un statut de région éloignée pourrait donner un moyen aux CPE nord-côtiers de s’en sortir.On y réfléchit beaucoup, ça fait partie des demandes que nous sommes en train d’envisager. Une stabilité de financement qui n’est pas garant du taux de qualification, qu’est-ce que ça pourrait apporter à la Côte-Nord? La réponse, c’est que ça pourrait nous aider à stabiliser des emplois
, souligne-t-elle.
Elle ajoute que la valorisation de la profession est aussi un bon moyen d’attirer des éducatrices qualifiées.
Une situation qui diffère selon le CPE
Du côté du CPE
Nid d’Hirondelle, à Sept-Îles, la directrice générale par intérim, Line Chiasson, affirme que le ratio d'éducatrices qualifiées n’est pas une source d’inquiétude comparativement à plusieurs autres CPE de la région. Sur les 13 employés du CPE , seulement deux d’entre eux ne sont pas qualifiés.C’est certain qu’avec la pénurie de main-d'œuvre, c’est plus difficile, mais le ratio deux sur trois, ce n’est rien de nouveau, ça a toujours été la norme du ministère de la Famille
, rappelle Line Chiasson.
Cette dernière indique qu’elle doit son succès à ses employés. C’est une petite équipe et c’est la façon d’être des employés qui fait la différence
, soutient-elle.
Line Chiasson ajoute que le ratio est important pour assurer la qualité du service dans les CPE
.Avec les informations de Lambert Gagné-Coulombe